Le cinéaste et militant Hocine Redjala a été empêché ce dimanche matin de quitter l’aéroport Houari-Boumediene (Alger).
Hocine Redjala est bloqué par les autorités en Algérie depuis 9 mois sans qu’aucune décision de justice le concernant ne lui soit donné. C’est un homme à bout et en colère que nous avons pu joindre pour comprendre sa situation. « Ils m’ont refoulé comme si j’étais un délinquant » dénonce-t-il. En effet, arrivé au niveau de la police des frontières, Hocine Redjala a été prié de quitter l’aéroport et de rentrer. Le propos des hommes de la Paf est ferme. Et sans justification quelconque. « Je leur ai demandé un document justifiant mon interdiction de quitter le territoire national, mais rien ils n’ont pas voulu me notifier cette décision… J’ai la rage impuissante », ajoute-t-il.
Hocine Redjala était impatient de rejoindre ses enfants et reprendre son travail. Cela fait neuf mois qu’il ne les a pas vus. Sa tentative de regagner son foyer est restée vaine. « Il fallait faire cette tentative car je suis fatigué d’attendre dans le vide… », souffle ce militant qui en a déjà vu d’autres. Hocine Redjala ne comprend pas pourquoi il lui est ainsi interdit de quitter l’Algérie.
Le silence auquel il fait face lui est particulièrement insupportable. Aucun juge n’a ete capable de lui expliquer le comment et le pourquoi de cette décision. Il est ballotté de tribunal en tribunal, de commissariat en commissariat… Comme lui, de nombreux Algériens sont placés sous ISTN. D’autres, craignant le même sort refusent de rentrer au pays.
« Mais ou’on ne s’inquiète pas je suis fait du bon bois, ils ne m’auront pas », souligne Hocine Redjala. En mars 2020, le cinéaste a été également interpelé par la police des frontières avant d’être relâché.
Les hommes politiques, comme les activistes subissent d’intenables pressions. Abdelouahab Fersaoui, ancien président de RAJ, dissous par le régime et ancien détenu d’opinion, a été convoqué par la police il y a quelques jours pour ses déclarations sur les réseaux sociaux.
Djamila Bentouis, 60 ans, mère de trois enfants, autrice d’une vidéo qui dénonce le régime en place, a été placée en détention après son retour au pays pour assister à la mort de sa mère.
L’Algérie est devenue sous l’ère Tebboune une prison à ciel ouvert. Outre les interdictions de quitter le territoire national qui frappent arbitrairement les activistes et militants, 228 prisonniers d’opinion, selon le chiffre du CNLD, croupissent dans les prisons. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont dénoncé les violations des libertés, les condamnations arbitraires qui ciblent les activistes et militants politiques.
La criminalisation de la politique et des libertés fondamentales, la peur et la censure sont devenus les piliers du régime de Tebboune qui se pique dans les médias d’être le héraut des libertés retrouvées sous son règne.
Hamid Arab