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Hommage à Karim Tahar, doyen de la chanson kabyle et ancien boxeur

J’ai appris, tôt ce vendredi matin, par l’intermédiaire de notre grand poète Ben Mohamed, la triste nouvelle du départ de Karim Tahar. Après les hommages de Ben, j’ai voulu, à mon tour, m’incliner devant la mémoire de cet homme aux multiples facettes, toutes empreintes de talent, de dignité et de fidélité à sa culture.

Karim Tahar était, jusqu’à ce jour, le doyen des artistes kabyles. Né le 17 octobre 1931 à El-Flay, dans la daïra de Sidi-Aïch, wilaya de Bgayet, il s’est éteint ce vendredi matin à Alger, à l’âge de 94 ans.

Sa vie artistique débute dès 1947, dans l’atmosphère encore lourde des événements tragiques du 8 mai 1945 — cette insurrection réprimée dans le sang en Kabylie orientale, que certains historiens nomment le Nord-Constantinois et dans une partie des Aurès. Ce génocide l’a profondément marqué, forgeant, sans doute, chez lui une conscience patriotique qui ne cessera jamais de l’accompagner.

Alors qu’il brillait comme boxeur professionnel puis juge et arbitre dans cette discipline dans les années quarante-cinquante, il a choisi de mettre sa notoriété au service d’un combat plus grand : celui de la libération du pays du joug colonial. Il rejoignit ainsi les rangs du FLN, s’inscrivant dans la grande épopée de la guerre d’indépendance. Une « indépendance confisquée » par Boumediène-Boukharouba tout de suite après qu’elle fût proclamée en juillet 1962.

Artiste complet et passionné, Karim Tahar s’impose également dans le domaine musical et cinématographique. Dans une société marquée par le conservatisme de l’époque, il osa chanter en kabyle, en darija et en français, portant haut les couleurs d’une Algérie plurielle.

Son talent d’acteur le conduit aussi sur les plateaux du cinéma algérien et égyptien, tandis que sa voix, chaude et audacieuse, propulsait la chanson kabyle, notamment par l’introduction d’une orchestration moderne.

J’adresse mes condoléances les plus sincères et les plus attristées à sa famille, à ses proches et à l’ensemble de ses admirateurs.

Puissent-ils, toutes et tous, trouver, dans ces modestes lignes, le témoignage de l’immense respect que nous portons à ce grand artiste, Karim Tahar. Son nom restera gravé, à jamais, dans le vaste champ mémoriel du monde amazigh. Merci dda Tahar !

Hacène Hirèche

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