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IAP : la décision du président Tebboune est salutaire 

TRIBUNE

IAP : la décision du président Tebboune est salutaire 

Rappelons pour mémoire que les pouvoirs publics ont fixé une mission en 1999 à Sonatrach de hisser en pôle d’excellence pour capitaliser consolider et fertiliser le savoir et le savoir faire pétrolier et gazier  l’Institut algérien du pétrole du gaz, de la chimie, de la pétrochimie, des matières plastiques et des moteurs par abréviation (IAP) qui s’est avéré après le départ de Chakib Khelil un échec cuisant.

En fait Sonatrach qui dit avoir investi des sommes considérables  n’a fait  que miroiter son image externe mais en aucun cas réussit à le booster de l’intérieur pour en faire un pôle d’excellence comme le souhaitaient les pouvoirs publics bien avant l’arrivée de ce controversé ministre en 1999.  Le diagnostic amer est fait, les dégâts sont visibles. Toute la question est comment situer la responsabilité pour en tirer des leçons et faire mieux à l’avenir. Ceci nous renvoie vers la problématique en Algérie qui à chaque fois qu’une équipe reprend le flambeau, elle met ce qui n’a pas bien marché sur le dos de l’ancienne et ainsi de suite sans que l’une ou l’autre avance d’un iota. Nous l’avons vu lors de la réorientation de l’économie nationale en 1982, le processus de privatisation, la libéralisation des salaires et des prix et plus récemment l’ouverture du secteur des hydrocarbures. Cette querelle d’école fait que le pays reste un vaste et éternel chantier. Cette fois- ci selon toute vraisssemblance, c’est le constat fait par le président de la république Abdelmadjid Tebboune mais, il n’y a ni bilan ni diagnostic, il a  instruit son ministre de l’énergie de le mettre l’IAP directement sous l’autorité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. 

1-Pourquoi salutaire 

Cette décision, si elle se réalise, est salutaire parce qu’il ne s’agit pas de sauvegarder une structure matérielle dans laquelle il ne reste que très  peu mais celle immatérielle qui préparera l’Algérie à l’après pétrole pour vendre ce savoir de six décennies d’expérience en matière d’exploitation des hydrocarbures de l’amont à l’aval le plus large. Pour rappel, l’Algérie a construit la première unité au monde de lequification du gaz naturel (GNL) et maitrise les 4 procédés de lequification que les circonstances d’un lobbysme ont fait que les pays du Moyen Orient principalement la Qatar ont en profitent de la sueur des Algériens par la formation de ces cadres tout Azimuts dans les années 70.                     

2-Pourquoi opportune

Il est vrai, reconnaissons le que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique souffre d’une demande de plus en plus croissante à cause d’un taux de croissance démographie qui est le plus grand en Afrique du Nord 3,1% en 1980 à 2,0 en 2018 pour redescendre à prés  de 500 000 naissances entre 2019/ 2020. En effet, selon l’Office National des statistiques, la population algérienne est passée de 43,4 millions d’habitants en 2019 à 43,9 au premier janvier 2020.   Sur les vingt dernières années, le nombre d’étudiants a été multiplié par plus de quatre, passant de 425 000 en 1999 à plus de 1,7 million aujourd’hui. Selon le professeur Chitour(01), l’Algérie perd chaque année 20 à 25 000 étudiants au profit des pays étrangers. Cette formation de masse l’a toujours dévalorisée dans les calculs politiques en lui collant cette étiquette de médiocrité. Pourtant, dans les moments très difficiles qu’a traversé l’Algérie, elle a fait mieux que Sonatrach en matière de capitalisation, consolidation et fertilisation du savoir et du savoir pétrolier et gazier. Des poches ici et là ont été encouragés un peu partout à travers les universités  et les centres universitaires par la création de laboratoires de recherches et des mémoires de doctorants sur l’industrie des hydrocarbures de l’amont à l’aval le plus large.

On peut citer entre autre l’université de Tlemcen, Skikda, Ouargla, Laghouat, M’sila, Sétif et surtout l’université M’hamed Bouguerra de Boumerdes à travers sa Facultés des Hydrocarbures et de la Chimie (FHC) ex Institut National des hydrocarbures (INH). Cette dernière  contrairement à ce qui est dit ici et là, elle dispose à ce jour de 7 laboratoires de recherche dédiés à la chaine complete de l’industrie des hydrocarbures, 110  enseignant de rang magistral, 130 jeunes doctorant dans ce domaine précis et plus d’un réseau de 250 spécialistes associés ou vacataire. Elle est située à proximité immédiat de l’IAP pour son  jumelage scientifique mais cette fois ci autour d’une grande école du pétrole. C’est la seule voie de sortie pour sauver ce qui reste. 

3-Pourquoi impérative 

Parce qu’il n’est pas normal  que 58 ans après l’indépendance et de la création de Sonatrach, l’Algérie n’a pas réussi à former des équipes d’engineering et qu’elle est obligée   d’importer tous les équipements. Est- il raisonnable de continuer à compter constamment sur les autres alors que sa balance de paiement explose à cause des services divers. Les autres nations en moins de temps ont réussi beaucoup mieux que l’Algérie : le Vietnam par exemple en matière de forage des puits de pétrole. Ou cet exemple du Brésil cité par un ancien ministre actuellement emprisonné pour corruption. Selon lui ce pays  a acquis l’autonomie en matière d’exploration et d’exploitation du pétrole dans de grandes profondeurs grâce à un rigoureux programme de formation. Il faut reconnaitre que l’année 2020, la crise sanitaire a freiné un peu la demande en service des entreprises notamment Sonatrach pour laquelle le budget a été divisé par deux mais si les pouvoirs publics ne persévèrent pas sur cette voie, le retour au servicing reviendra pour plusieurs raisons dont un travail de proximité des lobbies. Mais si on prend l’exemple de l’année dernière, la balance commerciale de l’Algérie a connu un déficit de 5,22 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de 2019, selon  la direction générale des Douanes (DGD).  Ce qui a terminé l’année 2019 avec plus de 7 milliards de dollars. A ce montant il faudra jouer les services  qui ont fluctué  ente 9/11 milliards de dollars entre 2010/2018, ne pouvant pas  les réduire fortement,  car n’ayant pas investi justement dans le savoir. Quel savoir ? Pétrolier et gazier qui pèse désormais de tout son poids dans ces services.

Rabah Reghis

Renvoi 

(01)-https://www.algerie-eco.com/2020/05/19/chitour-perdons-annee-20-000-a-25-000-etudiants/

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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