L’ouverture de la quatrième édition du Salon du commerce intra-africain (IATF 2025), organisée du 4 au 10 septembre à Alger, a mis en lumière une réalité diplomatique contrastée pour l’Algérie.
Si le pays hôte a réussi à attirer un nombre important de délégations ministérielles et d’anciens dirigeants africains, la participation de chefs d’État demeure limitée, révélant les limites de son rayonnement continental. Tout ça pour ça ! Sommes-nous tentés d’écrire.
Des alliés traditionnels présents
Autour du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, seuls quelques chefs d’État ont fait le déplacement : Mahamat Idriss Déby (Tchad), Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani (Mauritanie), Mohamed Younis El Menfi (Libye), Kaïs Saïed (Tunisie) et Brahim Ghali (République arabe sahraouie démocratique).
Une représentation qui reflète davantage les liens historiques et politiques privilégiés de l’Algérie avec ces pays qu’une mobilisation africaine large et diversifiée.
Les grandes puissances africaines absentes
L’absence de dirigeants majeurs tels que ceux d’Afrique du Sud, du Nigeria, de l’Égypte, du Cameroun, du Sénégal ou encore de l’Éthiopie a été remarquée. Ces pays jouent pourtant un rôle clé dans les dynamiques régionales – CEDEAO, SADC ou Union africaine – et leur absence réduit de facto la portée diplomatique de l’événement. Elle traduit aussi la concurrence d’influence qui s’exerce sur le continent, où d’autres capitales, comme Pretoria, Abuja, Le Caire ou Addis-Abeba, occupent une position de premier plan.
Le facteur Sahel : une relation dégradée
Autre fait notable : aucun représentant de premier plan des pays du Sahel regroupés au sein de la CEDEAO ou de l’Alliance des États du Sahel (AES : Mali, Burkina Faso, Niger) n’a participé. Cette absence illustre la détérioration des relations entre Alger et ces régimes militaires, qui privilégient aujourd’hui d’autres alliances, notamment avec le Maroc, mais aussi avec la Russie, de plus en plus présente dans la région à travers ses dispositifs sécuritaires.
Une ambition contrariée
L’Algérie affiche régulièrement sa volonté de se poser en puissance émergente sur le continent, en s’appuyant sur un discours panafricaniste et un capital historique forgé à l’époque des luttes de libération. Mais la portée symbolique de ce positionnement ne se traduit pas encore en leadership politique ou économique.
La diplomatie algérienne semble buter sur un plafond : elle mobilise son cercle traditionnel d’alliés mais peine à élargir son influence à l’échelle continentale. Or, en matière de relations internationales, la capacité d’un pays à rassembler autour de lui lors de grandes rencontres demeure un indicateur central de son poids réel.
En définitive, l’IATF 2025 met en évidence une contradiction : si Alger conserve un capital de respect et une légitimité historique, elle n’est pas encore parvenue à transformer cet héritage en leadership continental durable.
Samia Naït Iqbal