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Idir : voie de l’universel et lumières identitaires

REGARD

Idir : voie de l’universel et lumières identitaires

Une conscience universelle, un accomplissement majuscule, un astre des postérités. Le départ d’Idir vient d’administrer une magistrale leçon, féconde, pérenne : l’impact historique et planétaire d’une œuvre accomplie, magnifiée dans la discrétion.

Un héritage qui illumine le destin amazigh et le fortifie à se transmettre. Il est admis que les avancées décisives dans la réhabilitation de la culture et de l’identité berbères, ont été le fait de combats solitaires bravant les feux de la rampe, l’arbitraire, les mystifications. 

Et, plus graves, les mutilations mémorielles et le chauvinisme béat. Conjugué à la détermination et au travail d’orfèvre exigeant, le sens de l’élévation citoyenne, la quête des racines et de l’universel, la soif effrénée de liberté, la compréhension éclairée de l’Histoire, un engagement qui confine à servir à tout crin les nobles souverainetés humaines sont, en somme, les enseignements légués par la vie de l’enfant d’Ath Yenni. 

Sa mort nous incombe une impérieuse obligation : regarder l’avenir avec lucidité, sérénité et responsabilité. L’inconsolable peine est on ne peut plus révélatrice d’une reconnaissance, unanime et massive, à un génie fédérateur.  Sans Idir, il y a comme une privation du rayonnement dans le monde de l’idée de liberté, les mélodies transnationales, les chants de la révolte. Incontestablement, le sous-contient nord-africain perd un emblème.

Le monde un symbole de la fraternité des peuples. Que la magie de la musique fait vibrer aux rythmes de Vava Inouva. Idir, digne ambassadeur du patrimoine et de l’identité kabyles, un homme d’exception, un artiste accompli et engagé, son répertoire, lien entre culture et démocratie, est le reflet de questionnements profonds, de malentendus irrésolus.

Un éclairage de l’actualité : une condamnation des errements et manœuvres “des chasseurs de lumières”, une réplique à la négation du destin démocratique. Détourné dans le sillage du reniement du Congrès de la Soummam et l’assassinat de l’artisan de l’idéal républicain, Abane Ramdane, qui devait couronner le martyr révolutionnaire. Faisant de la citoyenneté le socle de toute perspective de changement libérateur.  

Il a vécu en souverain, à l’abri des chapelles politiques et tutelles administratives. Idir était ce barde de la sagesse, ne cherchant pas les lumières. Qui ne parle que quand c’est nécessaire. Le chanteur suscite l’admiration, par sa légendaire modestie et le sens de son message.  Sa musique universelle, sa sobriété, sa pudeur interpellent, interrogent : suffisent à faire entendre ses blessures, ses complaintes, sa quête identitaire.

Identité de dépassement

“Nous ne sommes rien sur Terre si ne sommes d’abord l’esclave d’une cause, celle des peuples et celle de la Justice et de la Liberté.” (Frantz Fanon, extrait d’une lettre envoyée peu de temps avant sa mort à Roger Taïeb (1961). L’œuvre d’Idir est traversée par le combat identitaire. Le déni culturel y est affirmé avec une élévation subliminale. C’est dans l’apartheid linguistique que son œuvre prend racine. Dans Izumal, Idir rend un saisissant hommage à tous les hommes épris de liberté.

La requête, comme toujours, est empreinte de l’universel : les droits de l’homme est une marque de fabrique du répertoire du fils du Djurdjura. La liberté et les délivrances linguistiques sont dressées comme un rempart contre l’injustice et l’oppression. Porté par la longue Histoire interdite, Idir se fait l’écho de “l’éternel Jugurtha”, proclamant la réhabilitation de la région nord-africaine. Avec, en toile de fond, un substrat amazigh.  

Symbole de la tolérance, de l’émerveillement cultuel, du respect des différences, le géologue de formation est resté l’intime, l’étendard de sa Kabylie natale. Fidèle à la longue conquête républicaine, Idir a saisi aussi bien la portée que les causes de la crise anti-berbère, la Charte de la Soummam, le Printemps berbère, qui ont soulevé les maux de l’État-nation : ses problématiques doctrinales, politiques et institutionnelles sous-jacentes.

Toujours pendantes. Son Algérie est ce pays dont il exige la refondation substantielle.  Au sujet de son gala à Alger, 38 ans après, il était apaisé de retrouver, enfin, les siens : “Retrouver cette excitation des sens et de l’esprit” qu’il a éprouvée “depuis sa première visite, juste après l’indépendance”. L’Algérie des “couleurs” : Algérie plurielle, moderne et solidaire, Algérie de la citoyenneté émancipée ; Algérie rêvée, chantée, revendiquée.

Conquête interminable partagée par ses illustres prédécesseurs : Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Tahar Djaout, Lounès Matoub… Cette Algérie-là est présentement portée par des millions de marcheurs, une militance citoyenne qui nourrit le rêve du redressement authentique et le réveil mémoriel, depuis le soulèvement de Kherrata, initié le 16 février 2019. Un État qui accomplira une réparation définitive, à travers l’effectivité opérationnelle qui doit promouvoir la langue amazighe. Et ses attributs démocratiques que cristallise l’État de droit.

Culture : racines et passerelles  

“En donnant ces chants berbères au public, j’ai le sentiment de livrer un trésor privé, de me dessaisir d’un bien de famille. Mais, il n’est pas de meilleure manière de préserver de la destruction une richesse. Aussi loin que j’essaie de remonter le cours de ma vie, le moindre événement qui affleure à ma mémoire est accompagné du bercement des chants de mon pays” (Jean El-Mouhoub Amrouche, Chants berbères de Kabylie).

Des champs éclectiques d’Idir se dégage une trame, sous forme de fil conducteur : l’avènement d’une liberté est substitué, au départ, à l’entretien permanent de la flamme de l’utopie. La chape de plomb qui a sclérosé l’expression culturelle et asphyxié la société, matrice d’un asservissement fatal, a eu pour effet des régressions mortifères. En ce sens que “tout ce qui dégrade la culture, raccourcit les chemins qui mènent à la servitude” (Albert Camus).

L’ambassadeur de la chanson amazighe était profondément attaché à un autre géant de la culture berbère, Mouloud Mammeri, originaire d’Ath Yenni, comme lui. Pour qui il portait une estime infinie. L’écrivain, l’anthropologue, le linguiste a dédié sa vie à la réhabilitation et à la sauvegarde de la culture amazighe, que traduit à la fois sa loyauté, sa modestie et une œuvre monumentale.

En guise d’hommage, Idir lui dédia Amedyaz – Le poète. Un hymne à l’intelligence et au dévouement désintéressé de l’intellectuel, méprisé par les ténèbres du parti unique. Idir, très enraciné dans le territoire algérien, à l’instar de Jean Pelegri, pour qui cette contrée est “le pays où l’on se réfugie chaque jour et qui vous habite”. Tout comme Mouloud Mammeri, pour qui la montagne représente “un défi à la médiocrité” : “Il y a un parti pris d’héroïsme, de folie ou de poésie doucement vaine à choisir cette vie”. (Mouloud Mammeri, entretien avec Tahar Djaout).

Pour reprendre les termes d’Aimé Césaire parlant de Jean Amrouche, on peut dire qu’Idir a été fidèle à “l’aval et à l’amont” : aux voix ancestrales, au lointain Massinissa, et au combat présent qu’implique la modernité. Fier, à l’image des “Kabyles [qui] sont une race fière. Voilà pourquoi de tout temps ils ont fui la plaine pour s’élever sur les pitons. Pourquoi ils ont dédaigné les terres lourdes pour déboiser des forêts épaisses et découvrir des sables et des schistes légers. Ils sont fiers et indépendants, la misère ne compte pas” (Mouloud Feraoun, Les chemins qui montent).

Citoyenneté des “couleurs”

“On sent partout la conscience, l’application et le métier de l’écrivain qui n’écrit que lorsque la nécessité et la perfection sont toutes les deux au rendez-vous. S’il écrit parfois par devoir, il ne conçoit pas celui-ci coupé du plaisir, de la beauté et – pourrait-on dire — d’un regard vers la postérité” (Tahar Djaout, à propos de Mammeri, in entretien avec T. Djaout).

Pour le chantre de l’amazighité, à propos de la Révolution du sourire, “la berbérité est-elle devenue en Algérie, et ailleurs, négligée, occultée ? … Il nous reste notre identité et un grand attachement à ce qui est égalitaire.

Il nous reste la valeur que l’on donne à la parole et cette laïcité naturelle que nous pratiquons ainsi qu’une religion qui permet à chacun de pouvoir chercher la lumière. L’émotionnel prime l’idéologie, et celle-ci n’est pas très courante dans nos horizons. D’où notre réflexe commun de nous débarrasser de toute idéologie pour retrouver notre liberté d’être et d’entreprendre.

C’est pourquoi j’ai été si ému de voir flotter dans les rues des grandes villes d’Algérie ces dernières semaines, aux côtés des drapeaux de l’Algérie, des étendards et des banderoles en langue amazighe. Cela prouve que cette mobilisation populaire a tout compris du défi d’une Algérie qui ­accepte enfin sa diversité. Comme si notre jour de gloire était enfin arrivé”.

Idir, en fin connaisseur des complexités algériennes, a partagé l’espoir porté par la rue réfractaire, depuis l’éclosion de la révolution populaire : “J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique, l’aisance de ses revendications comme sa capacité à comprendre la complexité des choses.

J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle. Si mes soins et mes dates de concert ne me maintenaient pas en France, je partirais rejoindre immédiatement ces manifestants que j’admire” (entretien d’Idir donné au JDD, le 6 avril 2019). Désormais sans la voix éternelle du barde, les voix de la Révolution résonneront sans discontinuer. 

On entendra toujours les slogans, requiem aux idéaux rêvés d’Idir. La quête de citoyenneté, des libertés, de l’identité est cet élan salvateur que rien ne semble arrêter. C’est aussi cela le message de vigilance identitaire d’Idir.  Cette identité qu’il a défendue avec sincérité, engagement et une intelligence génératrice de sympathies planétaires.

Adulé pour son syncrétisme heureux, airs souverains de la flûte, verbe ciselé, mot mesuré, Idir ne parle que quand il a quelque chose à dire. En témoigne son répertoire de quelques disques, étalé sur une période de quarante ans.  Dans l’échange avec son peuple, il promeut la citoyenneté transcendante. Qui libère les énergies et arbitre la cité, par la compétence, le mérite, l’innovation.

Hymne à la femme, égale de l’homme

“Il m’est souvent arrivé de dire que je me considérais comme un témoin des générations passées, et bien cette fois-ci, j’ai pleinement conscience de chanter non seulement pour les générations passées et les générations actuelles et pour les générations futures” (Taos Amrouche, lors de sa dernière représentation, le 14 juin 1975 au Théâtre de la Ville à Paris).

L’ostracisme culturel, doublé de la négation identitaire, a contraint la création artistique à s’exprimer, puis à s’affirmer en exil. À l’occasion de son retour sur la scène algéroise, Idir dira : “… Là, devant 20 000 personnes, j’ai essayé de dire qu’il ne pouvait pas y avoir d’Algérie démocratique sans reconnaissance de sa diversité, sans que les femmes y aient les mêmes droits que les hommes” (interview précitée donnée au JDD).

À travers sa chanson Lettre à ma fille, le compositeur de Entre scènes et terres a exprimé, haut et clair, son amour et l’acception, vertueuse et tranchante, qu’il fait de la femme. La mère. La fille : gardienne de la transmission mémorielle. Idir a continuellement dit sa reconnaissance à sa mère, berceuse du creuset de l’imaginaire millénaire, à l’origine de sa passion pour la chanson.

L’État selon Idir

“Quel bonheur de voir chaque jour depuis sept semaines ces centaines de milliers d’Algériens expliquer en si peu de mots ce qui est devenu une évidence : trop c’est trop, il est grand temps de changer !” (extrait de l’interview d’Idir sus-indiquée). Le verrou anéantissant la partie est, d’abord, l’idéologie et le dogme. “L’idéologie nous empêchait d’être nous-mêmes.”

La refondation institutionnelle étendue au logiciel politique passe par la clarification conceptuelle : “Comment y parvenir ? Comment mieux ‘respirer’ dans notre beau pays ?  Commençons par la Constitution.” Idir plaide la neutralité de l’État, des institutions. À commencer par “l’article 1” de la Constitution. “L’article 2 nous dit que l’islam est la religion de l’État. Ah bon ? On m’a toujours dit que l’État était permanent et éternel, le garant de la bonne marche des institutions. Mais on ne m’a jamais dit que l’État avait une religion” (extrait de l’interview du JDD susmentionnée).

La laïcité n’est pourtant pas une trouvaille, ou une pâle mimique importée : “Dans mon village, la religion est une question de conviction personnelle… Je suis sûr qu’on se donnera les moyens d’aborder les notions de laïcité sans pour autant se défaire de nos religions, sachant qu’elles renferment en elles les germes de leur évolution” (Idem. JDD, 6 avril 2019).

Testament

“Un jour, les gens se sentirent fatigués de penser, une lassitude s’abattit sur l’intelligence, et la raison vacilla. Ceux qui attendaient, araignées tisseuses d’obscurité, araignées patientes et résolues, que la pensée trébuche et abdique, sortirent alors et se répandirent. Comme la tombée irrévocable de la nuit” (Tahar Djaout, Le dernier été de la raison). Idir vit en chaque homme épris de liberté et de modernité. Il a tant donné sans rien demander. Ni recevoir.

L’héritage de l’astre est adopté par des contrées qui ignorent tout de la Kabylie et du sous-continent Algérie. Trait d’union intergénérationnel, Idir est un hymne universel du pluralisme culturel et de la tolérance.  Par son dernier opus, Ici et ailleurs, présenté comme un “pèlerinage musical” sur le site officiel de l’artiste, ce désir des racines, “ce moment important où l’on sent confusément qu’il faut faire le chemin à l’envers pour se sentir totalement rassemblé, unifié, pacifié”.

Les duos avec les légendes Aznavour, Francis Cabrel, Le Forester,… font honneur à sa culture natale : “Le plus dur n’est pas d’être invité à chanter avec autrui, mais de se sentir admis comme un frère. Et non plus comme un étranger que l’on accueille avec bienveillance”, est-il mentionné dans la même présentation. Patrimoine d’une universalité éternelle, Vava inouva est de ces dunes intemporelles de l’humanité.

Qui, astre souverain, s’est éclipsé sur la pointe des pieds. Au-delà de la légende, Idir laisse un vide abyssal pour l’amazighité. Il en a été le symbole nord-africain par excellence. Le “maquisard de la chanson” tel que le désignait  Kateb Yacine, durant les années 70, en compagnie des militants de la clandestinité, l’Académie berbère, a dynamisé les luttes pour les droits humains, l’émancipation identitaire, les libertés linguistiques d’un peuple nié jusqu’à l’existence.  

Les combats d’Idir ont été ceux portés par l’éloquence du message et la magnificence de la création. Il y a comme une lumière savante que dégage chaque chanson, chaque gala, chaque parole publique d’Idir. Qui a su, avec talent et génie, introduire dans la modernité musicale des exigences qui furent l’apanage du terroir. Et de l’ancestral. Une préoccupation esthétique, clamant bien haut l’exigence, qui anime une pensée en perpétuel questionnement, agitatrice, interrogeant dogmes et tabous.

Présente en filigrane, l’humanité chez Idir s’exprime à travers les passerelles culturelles, que seul l’art peut tisser entre les peuples. En cela, l’identité “heureuse” est celle qui fait le pari de l’ouverture et du dialogue interculturel. “S’inscrire dans l’actualité, actualiser notre culture c’est l’ouvrir, c’est aussi s’ouvrir à l’autre”, s’exprimait-il dans la revue Tiddukla n°3.

Bien que l’idée du retour le hantât, le porte-drapeau de la berbérité a trouvé en France le terrain fertile, propice au perfectionnement : l’éclosion artistique, le métissage culturel. Où la tradition militante en faveur de l’amazighité et de la démocratie remonte au début du siècle dernier, avec l’émergence de l’idée libératrice sous la houlette d’Imache Amar et de ses condisciples.

Ce faisant, “l’autre rive” de la Méditerranée, par le truchement des croisements des sons et des mélodies, a germé la sublimation culturelle. Par-dessus tout, l’homme Idir dégage un charisme apaisant, humble, lucide. Une force tranquille. Un rassembleur. Le vitalisateur des traditions, sur fond d’une musique accueillie, avec grâce et émerveillement par l’oreille universelle. 

Aussi le timbre de la musicalité a-t-il introduit un envol qui a fait des émules. Culture écoutée. Identité éclairée. Universaliste de pensée, l’homme des deux rives a su faire admettre la diversité nord-africaine, fraterniser avec les peuples du monde, en reconnaissant à la terre d’accueil, la France, le bonheur qu’elle lui procure. Porté par la transformation stylistique du patrimoine, le fils d’Ath Lahcène a réussi brillamment une œuvre, inachevée, de rapprochement et de dépassement.

Une incarnation fascinante à rester enraciné dans la territorialité. Tout en travaillant le tissage interculturel, universel ; appartenir à l’humanité en lui offrant le meilleur par l’intelligence gracieuse. La musique pénétrante, enveloppante. L’élégance incarnée. En somme, l’âme des concordances universelles. Par-delà l’hommage à sa mémoire, la fidélité au testament d’Idir implique le questionnement de son génie consensuel ; la méditation de l’apport de sa trajectoire et les maux et fragilités algériennes. Qui n’a de cesse de marteler.

Requiem

Perpétuer les lumières léguées par Idir équivaudrait à poursuivre son combat pour les libertés. La justice. La démocratie des apaisements. Refaire l’Algérie, réconciliée avec son histoire, en harmonie avec son identité millénaire, fière de sa diversité. Une Algérie authentiquement nouvelle.

Mieux que quiconque, l’autre éternel Mouloud Mammeri, qui a la certitude chevillée à sa culture, laquelle a agrégé en elle l’histoire du bassin méditerranéen dans une adresse testamentaire, invoque les sentences de l’Histoire et les convulsions de son peuple : “Quand je regarde en arrière, je n’ai nul regret, je n’aurais pas voulu vivre autrement… De toutes façons, un fantasme n’est jamais que cela. Je ne me dis pas : j’aurais voulu être un citoyen d’Athènes au temps de Périclès, ni un citoyen de Grenade sous les Abencérages, ni un bourgeois de la Vienne des valses.

Je suis né dans un canton écarté de haute montagne, d’une vieille race qui, depuis des millénaires, n’a pas cessé d’être là, avec les uns, avec les autres… qui, sous le soleil ou la neige, à travers les sables garamantes ou les vieilles cités du Tell, a déroulé sa saga, ses épreuves et ses fastes, qui a contribué dans l’histoire, de diverses façons, à rendre plus humaine la vie des hommes” (Mouloud Mammeri, entretien avec Tahar Djaout).

Prolongement naturel à l’édifice bâti dans les tourments et la longue “Traversée”, l’officialisation de tamazight en Libye aurait comblé Dda Lmulud, autant elle atténuerait la déchirure culturelle de “l’Azwaw” Hamid Cheriet. On n’a pas fini de lire les origines des blessures d’Idir et les apports de son œuvre lumineuse, pédagogie du pluralisme et de la tolérance. 

Un manifeste universel imprimé par les valeurs et principes soummamiens : démocratie, laïcité, égalité, fraternité, souveraineté citoyenne, consécration de la place de la femme, identité et mémoire réhabilitées. Sa vie, un symbole d’engagement patient, résolu et continu.  Source de ressourcement aux référents cardinaux : l’identité d’émancipation, la citoyenneté plurielle, promues aux cimes de l’universel. Condition démocratique de la pérennité de toute nation. Une immunité contre les ressacs de l’histoire.

Mohammed Aresky Kebir

Avocat à la Cour, chargé d’enseignements. Paris

Auteur
Mohammed Aresky Kebir

 




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