La défense du journaliste Ihsane El-Kadi dénonce les conditions de son arrestation et de sa mise en détention. Samedi 7 janvier, cela fera deux semaines que le directeur de l’agence Interface Médias (Radio M et le site Maghreb Émergent) a été interpellé en pleine nuit le 24 décembre à son domicile.
Jeudi 29 décembre, après cinq jours de garde à vue, il a été formellement inculpé. Il est incarcéré à Alger. Il fait l’objet d’une enquête pour « collecte illégale » d’argent destinée à porter atteinte à la sûreté de l’État. Ces poursuites viennent s’ajouter à sa récente condamnation à de la prison ferme pour un article de presse.
Reporters Sans Frontières dénonce une « persécution pour faire taire un des derniers médias algériens encore ouvert au débat et à la critique ». Maître Zoubida Assoul, membre du collectif d’avocats d’Ihsane El-Kadi, souligne plusieurs vices de procédures : « On ne peut pas arrêter un personnage comme ça alors qu’il n’y a pas de délit flagrant ou un crime. Ihsane El-Kadi a été gardé à vue au-delà du délai défini par le code de procédure pénale, c’est-à-dire 48 heures. Quant à la détention provisoire, normalement, c’est une mesure exceptionnelle. Pourquoi utilise-t-on la détention provisoire contre Ihsane El-Kadi alors qu’il peut parfaitement se présenter devant la justice, à chaque fois que la justice le veut ? »
« Un règlement de compte politique »
« Ihsane El-Kadi subit un harcèlement judiciaire et sécuritaire depuis quand même plus de deux ans, insiste Me Zoubida Assoul. Pour ses positions politiques par rapport au Hirak, à la demande de libération de tous les détenus d’opinion, en tant que média, parce que c’est un média qui est ouvert à toutes les opinions, de tout bord, et que c’était le seul espace où on pouvait se permettre un débat contradictoire. Donc pour nous, cette poursuite-là, cette arrestation, cette incarcération, à l’air d’être beaucoup plus un règlement de compte politique que judiciaire. »
L’autre préoccupation de Me Zoubida Assoul est la mise sous scellés et fermeture des locaux de Radio M et Maghreb Émergent, alors que ces lieux n’ont pas été les théâtres de délits flagrants ou de crimes. Une fermeture qui prive de ressources et de locaux les équipes des deux médias.
Toute la presse algérienne est soumise à une pression insoutenable. Il n’y a plus un seul média libre d’écrire ou de rapporter les réalités algériennes actuellement. L’autocensure et la censure règne en maîtresse dans tous les médias installés en Algérie. La société est muselée. Les partis politiques réduits à faire de la figuration. L’action politique est criminalisée par le régime. Il n’y a plus un seul espace de liberté et de débat en Algérie. L’assemblée populaire est une chambre d’enregistrement occupée par les soutiens du régime.
C’est dire que la parenthèse de la démocratie est fermée.
Yacine K./RFI