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Il n’est pas président celui qui…

TRIBUNE

Il n’est pas président celui qui…

Il voyait ce jour-là arriver, mais pas aussi brusquement que le vent qui l’a propulsé président et qui, comme un ballon de baudruche au contact d’une aiguille, éclate et finit son ascension aussi abruptement que quand il a été démesurément gonflé. 

Tebboune ne sait plus de quel phénomène, il faudrait se protéger :  du peuple  qui ne lui reconnaît aucune  légitimité, ou du retour  de Saïd qui lui donne des nausées. Dans les deux cas, Tebboune a le tournis! 

Il n’a jamais eu aussi peur que cette fois-ci , surtout quand, de son procès au  tribunal  de Sidi M’hamed, Saïd Bouteflika assurait la fin de l’épisode Gaid Salah, et rassurait l’autre moitié de ses acolytes encore au pouvoir, de ne rien dire que  ce que le peuple sait déjà. Solidarité, chantage et raison d’État obligent!

Tebboune a peur parce qu’il sait qu’il n’est pas le président. Il n’est pas président celui qui se croit dans une assemblée de bain maure où les neurones, sous l’effet de la chaleur suffocante, se dilatent  au point où il ne peut aligner deux phrases sans que le vulgaire ne déteigne sur ses mots, sans que la menace ne couvre la peur qui gruge ses propos. 

Il n’est pas président celui qui entretient des liens asymétriques avec le peuple et qui devient  aphasique lorsqu’il faut faire preuve de dignité, ne serait-ce que pour faire croire à l’ennemi imaginaire, que président il y a et que l’État est bien là.

Il n’est pas président celui qui, pour ne pas mettre en péril le juteux marché de la rente pétrolière  , indispensable pour le pays qui l’exploite et vital pour l’oligarchie qui le détourne, bricole des phrases inintelligibles et ravale sa rente mémorielle.

Il n’est pas président celui qui pousse la jeunesse à se frayer, en plein milieu d’une mer démontée, une hypothétique chance d’arriver de l’autre côté de la rive, là où la vie, même dans la rue, vaut mieux que celle qu’elle déguerpit,  définitivement morne et désespérément invivable. Si Maurice Papon a fait de la Seine  le tombeau de centaines d’Algériens sortis dans Paris défier l’autorité coloniale le 17 octobre 1961, ses supplétifs, qui fabriquent nos présidents d’aujourd’hui, ont fait de la mer méditerranéenne la fosse commune où sont noyés des milliers d’Algériens.

Il n’est pas président celui qui s’improvise historien, quand sa propre histoire d’homme du régime suffit à dire de lui qu’il n’est que le sous-fifre qui lit dans le discours de sa hiérarchie ce que le peuple refuse d’écouter. Il n’est pas président celui qui cherche grossièrement à enseigner au peuple ce que lui a besoin de comprendre. 

Il n’est pas président celui qui ne peut s’empêcher d’enchainer les balivernes, de répondre aux problèmes du peuple par des solutions chimériques et mensongères, de rafistoler la vérité pour ne pas assumer ses responsabilités, tout en se gardant une gêne pour ne pas aller aussi loin que Sellal dans son impertinence et tomber aussi bas que Zoukh dans son incontinence. 

Il n’est pas président, chef suprême des armées et ministre de la Défense nationale, celui qui regarde, sans sourciller, le retour triomphal de Khaled Nezzar à bord d’un avion présidentiel, alors qu’il a été condamné par contumace à 20 années de réclusion criminelle par le tribunal militaire de Blida. Il n’est pas président celui qui sait que le bruit des bottes, arrimé au silence des pantoufles, assure la quiétude pour, encore, de longues années.

Il n’est pas président celui qui s’improvise scénariste de séries à suspense, dont le récit se déroule à une époque que l’on pensait révolue, avec des protagonistes que l’on croyait disparus à jamais. Il n’est pas président celui qui fomente les complots, invente au peuple un ennemi imaginaire et met en scène toute une tragi-comédie, quand au fond il n’y a qu’une raison à  cette fumisterie,  la peur du clan de Toufik  qui hante ses nuits. 

Tebboune, devenu président orphelin, cherche désespérément un clan qui pourrait le parrainer.

Auteur
Mohand Ouabdelkader 

 




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