Dans l’esprit d’une partie des Kabyles, la raison ne passe plus. L’ignorance et la naïveté politique d’un pourcentage de la population mais surtout la traîtrise de la partie opportuniste, de ces gens-là qui marchent sur le ventre et qui n’ont d’yeux que pour la satisfaction de leurs pulsions personnelles ont payé.
Une commune, symbole du pays kabyle, Aguni Gwuɣran, la terre qui a vu naître et grandir Slimane Azem vient d’être offerte en héritage au parti du Hamas désigné du doigt à travers le monde. La guerre des égos, les rivalités entre partis kabyles, celles-là même qui ont commencé avec les deux partis, le FFS et le RCD, se poursuivent à l’échelle du microcosme villageois.
Le Hamas arrivé en deuxième position derrière la liste transfuge du RCD, Assirem, en ayant récolté 841 voix sur un total des votants de 2652 avec les deniers et l’appui de la régence d’Alger l’emporte contre toute attente sur l‘ensemble des autres voix des partis qui se disent démocrates et laïcs avec la complicité de la liste arrivée en tête qui a choisi l’alliance avec le candidat du Hamas et ainsi barrer la route aux autres candidats. (Il aurait été intéressant de rentrer dans la pensée villageoise quant à la gestion de leur commune pour analyser la perception du vote ou même la participation; je l’ai omis dans ce petit billet).
Les résultats affichés : – Asirem : 859 voix, 4 sièges – Hamas : 841 voix, 4 sièges – Liste Kouriet (?) : 793 voix, 4 sièges – FFS, le détonateur de la participation : 159 voix, 1 siège, donc le grand perdant qui sera tout de même récompensé par le régime en lui offrant la présidence des assemblées départementales de Tizi-Ouzou et de Vgayet.
Un total de 2652 votants sur une population d’environ 10.000 habitants (soit environ 26%) avec tout ce que l’on peut supposer d’artifices pour remplir les urnes,
Qu’importe si la tête de liste reste secondaire dans la hiérarchie, elle recevra certainement en récompense des privilèges financiers du parti de la corruption, du travail social psychologique invisible qui a su défigurer la beauté des villages, qui a su introduire le virus de la division et de la dégradation des valeurs ancestrales en bouleversant le socle tagraw, l’agora, qui a su implanter des mosquées qui sont sorties de terre telles des geysers sans que les citoyens villageois ne sachent qui les a bâties. Un parti auquel la régence d’Alger confie sous son œil vigilant la question sociale, un parti devenu la courroie de transmission de la volonté des décideurs.
On peut se poser la question de savoir ce que sont devenus les Kabyles, ce que sont devenus ces élites qui se complaisent dans leur silence lâche car elles n’ignorent pas la capacité de nuisance d’un parti islamiste aux mille ramifications qui reçoit des subventions de la mouvance islamiste internationale et l’appui de la gouvernance de la régence d’Alger dont le seul objectif est de conquérir la Kabylie, éradiquer la Kabylité et gommer à jamais tout caractère autochtones en territoire Nord-Africain.
Elle sait que si la Kabylie est soumise, Tamazɣa sera archivée et jetée dans un monde fossilisé. Ces élites n’ignorent pas que le militant islamiste ne peut être appréhendé qu’en terme psychanalytique car mu par des pulsions personnelles, par le désir de faire valoir sa vérité comme l’unique vérité universelle, imposer sa propre pensée comme seule raisonnable, qu’il est animé par l’esprit de conquête à tout prix, qu’il tue au nom de son dieu qu’il substitue à sa volonté, et que sa croyance n’est autre que la réponse à ses grosses frustrations. Il va jusqu’à déposséder la religion musulmane de toute spiritualité.
Il a fait de sa religion une doctrine politique, une idéologie de combat. Il a annexé l’Islam à l’islamisme. Que reste-il de l’épopée et de l’époque où les critiques musulmans séduisaient, à l’extérieur du cadre musulman ? Rien d’autre qu’une fermeture hermétique de la raison critique.
Il est notoire que les candidats dans la quasi majorité ne présentent pas un niveau intellectuel alléchant, beaucoup nagent dans une ignorance de la chose politique. Seulement, ils ont écouté la voix de leurs dirigeants.
Les élites politiques kabyles qui se cachent derrière une prétendue neutralité, et l’on sait que la neutralité et une forme hypocrite de la lâcheté au nom d’un « démocratisme » ennemi mortel de la démocratie, par intérêts mesquins ou par une excroissance de leur égo, se doivent d’apporter une réponse à l’intrusion officielle d’un parti et de son idéologie combattue à travers le monde.
A moins que leur silence complice ou leur lâcheté ne soit bien au-delà de l’ignominie.
Aujourd’hui, le débat à l’intérieur du peuple de Kabylie est urgent et brûlant et doit se situer non seulement au niveau sociopolitique mais aussi psychologique pour ne pas dire psychanalytique afin de saisir un certain esprit d’autodestruction.
Raveh Urahmun