Les dernières déclarations de François Bayrou sur l’immigration méritent réflexion. Au-delà du fait que comparativement à d’autres pays, limitrophes ou éloignés de ses frontières, la France ne figure pas dans le peloton de tête des statistiques -loin s’en faut- il semble bien que de nombreux pays ont mieux su intégrer les exilés de toutes sortes dans le giron de la république.
Le but de cette chronique n’est pas de jouer aux vierges effarouchées de façon stérile en remettant en cause la formule de notre premier ministre, mais de témoigner de l’apport positif que constitue l’écrasante majorité des immigrés et sans laquelle la machine économique française serait grippée, pour ne pas dire à l’arrêt.
Décidément, nos politiques ont la mémoire courte et ne semblent pas se mêler du quotidien de leurs citoyens pour jauger de l’apport positif des réfugiés sur ses Terres.
De nombreux secteurs ne fonctionnent que grâce au concours des immigrés : il n’y a pas un hôpital en France, pas une agence d’aides à domicile pour personnes âgées ou atteintes de handicap, pas un marché bon marché etc. où ne contribuent pas des immigrés, en grande majorité africains.
Les exemples touchent quasiment tous les secteurs de main-d’œuvre bon marché. Et les politiciens ignorent allègrement cet apport quasi vital pour la France. Pas un politicien, de droite comme de gauche, ne met suffisamment en avant cette contribution positive, préférant se focaliser sur les minorités avec une surenchère verbale déconcertante qui font dire à Zemmour que « Roubaix, c’est l’Afghanistan à deux heures de Paris ».
L’écrasante majorité des immigrés épouse les valeurs républicaines de la France et n’aspire qu’à construire une vie décente et un avenir meilleur pour ses enfants.
Bien évidemment l’extrémisme islamiste pose problème, non seulement aux Français dits de souche mais aussi à cette majorité silencieuse d’immigrés qui, le plus souvent, ont fui cet extrémisme qui sévit dans son pays d’origine. D’un autre côté, les positions tranchées des partis comme le LFI contribuent plus à l’exaspération qu’à apporter des solutions dignes.
Ce n’est pas à coup d’interdits que l’on peut espérer régler tous les problèmes, mais avec une éducation de qualité. Or, force est de constater que le système éducatif français tend à devenir aussi sinistré que celui de certains pays sous-développés comme l’Algérie. Il est utile de rappeler, encore une fois, que le tort de l’Algérie est d’avoir laissé les circuits de l’éducation entre les mains des arabo-baathistes qui ont pollué la matière grise de l’écrasante majorité de nos écoliers.
Évidemment, laisser pousser des écoles coraniques sous contrôle de groupes affiliés aux pétromonarchies, dans des endroits populaires ne présage rien de bon. Mais ce n’est pas en mettant tous les immigrés dans le même sac que l’on peut espérer régler le problème. Or, à écouter certains discours, on a l’impression que tous les immigrés ne sont en France que pour renforcer « l’Afghanisation de Roubaix » et de certaines cités. Ce n’est pas sérieux !
On reproche souvent aux intellectuels lucides issus de l’immigration de ne pas se positionner pour défendre la république et ses valeurs, mais pense-t-on leur donner la parole ? Invite-t-on ces intellectuels sur les plateaux télé ? Que nenni ! tout simplement parce que la course à l’audience et au populisme le plus vil font qu’un Éric Zemmour est plus à même d’attirer le téléspectateur qu’un Boualem Sansal, ce lanceur d’alerte cantonné à une presse écrite intellectuelle qui joue un rôle minime dans le circuit de l’information large public. Un Boualem Sansal qui subit le sort que l’on connaît.
Personne ne souhaite que la France se talibanise ! Mais ce n’est pas avec d’autres extrêmes que l’on viendra à bout de l’extrémisme islamiste ! Ce n’est pas avec des Zemmour ou des Mélenchon que la France s’en sortira. Bien évidemment.
Pour revenir à ce pilier social que représente l’immigré, ce n’est pas, non plus, en perpétuant sa mise à l’index que les politiques apporteront des solutions dignes à leur concitoyens.
Séparer le bon grain de l’ivraie, oui, mais jeter le bébé venu d’ailleurs avec l’eau du bain, non !
Il faut croire que dès lors que nos politiques sont en panne d’idées et qu’ils n’ont rien de sérieux à proposer à leurs compatriotes, ils brandissent le spectre d’une immigration néfaste et envahissante.
Que penseront les générations futures de tous ces remparts qui ne cessent de se multiplier entre les anciens et les nouveaux débarqués sur les mêmes lopins de terre nourricière ? Nul doute qu’ils nous prendront pour des tarés de la pire espèce. Ils auront bien raison.
Kacem Madani