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Incendies de Kabylie : les grands blessés rescapés de l’enfer 

Incendie de Kabylie
Les incendies ont ravagé la Kabylie et endeuillé des centaines de familles en août 2021.

Rien ne vaut la vie…, dit-on. Un adage illustré à sa façon par Amar Bensalem qui a survécu aux terrifiants incendies qui ont ravagé la Kabylie en août 2021.

Face au mauvais sort et à la terrible épreuve qu’il a subie, ce père de famille éploré est un exemple de résilience devant les incendies ravageurs d’août 2021 en Kabylie.

Stoïque devant la terrible épreuve, il fait  fait valoir sa foi en Dieu pour conjurer le poids du malheur.  Ni contrition, ni dévotion religieuse poussée à son extrême, la posture de l’homme relève plutôt d’une valeur morale inspirée du légendaire bon sens du paysan qui anime les gens des montagnes lorsqu’ils se retrouvent devant pareille situation périlleuse. « Tout est écrit, tout ce qui m’arrive est la volonté de Dieu. Je suis convaincu que l’épreuve que je subie n’est pas une punition  divine. Ça devait arriver et c’est arrivé », confesse le septuagénaire qui s’excuse de ne pas pouvoir nous autoriser à  nous entretenir avec son fils blessé. « Mon fils ne peut pas supporter de revenir sur ce qui s’est passé, il n’a pas encore fait le deuil de sa mère et de ses deux sœurs. Il ne peut pas supporter un surcroît d’émotion », nous avoue-t-il.

Le lendemain, les journalistes qui ont fait  partie de la visite du wali au domicile de la famille Bensalem découvrent un adolescent au corps mutilé par les flammes. Seule une chirurgie plastique de haute précision et des soins  soutenus pourraient attenuer un tant soit peu les échardes  laissées sur le visage et les autres parties du corps par le feu.

Moins chanceux que l’adolescent Bensalem, de nombreux blessés, une dizaine sur un total d’une d’une soixantaine  gravement  atteints comme lui ont succombé à leurs blessures dont huit durant leur hospitalisation à l’hôpital spécialisé de Douéra. Certains blessés dont les brûlures sont jugées moins sévères ont été hospitalisés au CHU de Tizi Ouzou. Les limites de la prise en charge domestique, notamment le manque de moyens a poussé les familles des victimes à solliciter une prise en charge à l’étranger.

La décision prise par les autorités de transférer les blessés en Turquie a redonné de l’espoir aux familles. Ils étaient huit à être pris en charge en Turquie. Ils sont tous rentrés au pays après un séjour de presque une année. Beaucoup sont en situation de handicap et nécessitent un suivi médical au long cours. Un traitement en médecine physique et de réadaptation s’impose de toute urgence pour récupérer leur capacité fonctionnelle au niveau des membres supérieurs.

En quasi-situation de handicap

Toutes ces victimes, des jeunes en majorité, et qui sont en quasi-situation de handicap ont besoin d’un accompagnement médical et psychologique pour une meilleure qualité de vie. Pour certains, il y a un besoin d’assistance matérielle manifeste car réduits au chômage par leur état d’indigence physique. Un besoin urgent pour soulager leur détresse. Pour le moment, les autorités n’ont pas manifesté une grande solidarité.

La détresse est aussi dans le pré

Une année après, les ravages causés au couvert végétal par le feu qui a parcouru d’immenses territoires sont encore visibles. Plus de 100 000 ha réduit en cendres. Un spectacle de désolation qui s’est offert à nos yeux en parcourant le tronçon de la RN15 situé entre Ain El Hammam et Larbaa Nath Irathene. Les désastres causés pour le milieu forestier et la biodiversité sont incommensurables. Loin de tout catastrophisme, des spécialistes estiment que la  nature mettra du temps à reprendre  ses droits.

Samia Naït Iqbal

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