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Incident d’El Merk (Sonatrach) : compenser la perte de production pour qui ? 

DECRYPTAGE

Incident d’El Merk (Sonatrach) : compenser la perte de production pour qui ? 

Il est quand même étrange que tous les responsables concernés par cet incident se rabattent d’emblée sur le seul fait de tranquilliser l’opinion publique sur la substitution de la perte conséquente « qui sera compensée par d’autres champs d’exploitation.» (01) et (02).

Cela voudra dire qu’on apprend maintenant que l’Algérie dispose d’autres gisements qui n’ont pas produit ces derniers mois, certainement à cause du quota imposé par l’OPEP. L’engagement est de 23% de la production d’octobre 2018 soit 1,0560 millions de barils par jour (b/j) soit 242 000 b/j.

A partir du mois mai 2020, date de l’application de cet accord, l’Algérie est restée à quelques barils prés très disciplinée avec 812 000 b/j en mai et 861 b/j fin septembre 2020. Il se trouve désormais que l’opinion publique n’a pas été choquée par l’incident technique en lui-même mais par la cascade de mésaventures techniques voilà plus d’une année : d’abord l’incident du complexe de liquéfaction de gaz le 1er juillet 2019 (03), l’arrêt de l’unité de Skikda, puis la fuite du brut des pipes à El Oued et Touggourt.

Tous ces événements montrent incontestablement que la structure Hygiène Sécurité Environnement (HSE) ainsi que les instances sécuritaires préventives à savoir : la Direction de la Sûreté Interne de l’entreprise (DSIE) et la coordination au niveau ministériel BMSIE) sont à revoir après avoir été tripotées par l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour. Ce dernier a écarté les compétences du domaine technique pour mettre à la tête du HSE du groupe un médecin de travail par, laisse-t-on entendre, copinage.

Aujourd’hui même les médias publics se contredisent. Ainsi dans les flashs à la radio nationale, on annonce chaque heure que « la situation est maîtrisée et la production reprend progressivement ».

En revanche, l’APS rapporte, selon son correspondant sur place, qui a accompagné sur site la délégation ministérielle que « M. Attar a instruit les dirigeants de la compagnie nationale des hydrocarbures à évaluer l’état du four et de ne pas procéder à son redémarrage jusqu’à sa réparation totale ou son remplacement s’il y a nécessité », a-t-il mentionné. 

«J’attache une grande importance à la question de la sécurité des installations. Il ne faut non plus se précipiter pour sa reprise en vue de reprendre la production», a précisé le ministre de l’Energie.

Il faut d’abord compenser les associés 

Le four et tout ce qui l’entoure du deuxième train ont été incendiés et rendus inutilisable. Jusqu’à présent on n’a pas encore identifié la cause. Les travaux de diagnostic vont débuter aujourd’hui dimanche 25 octobre. Pour les spécialistes de la société Petrofac qui avait la charge depuis 2009 pour construire en EPC les installations de surface de ce champ il faut un minimum de deux mois pour déterminer la faille interne ou externe, un autre mois pour proposer une solution. Ils estiment à six mois l’exécution des travaux.

Normalement, El Merk sert de centre de production pour la région, traitant par jour une estimation:98000 barils, 29000 barils de condensat, 31000 barils de gaz de pétrole liquéfié (GPL). Il faut ajouter à cela un train de gaz liquide naturel (LGN) d’une capacité nominale de 600 millions de pieds cubes standard par jour (environ 17,143 millions de m3.

Central Processing Facility (CPF) a également la capacité de traiter 500 millions de pieds cubes standard de résidus (14,268 millions de m3), la réinjection de gaz comprimé et environ 80 000 barils par jour d’installations de traitement et de réinjection de l’eau produite. Même si le premier train reprendra la production, les pertes, pourrait atteindre près de 70 000 barils  par jour soit un manque à gagner de 3 millions de dollars par jour au prix actuel du baril. Il se trouve justement que Sonatrach n’est pas la seule sur ce champ. 

Il  est exploité par Groupement Berkine, une joint-venture entre Sonatrach et l’Association Anadarko (comprenant Anadarko, Maersk Oil et Eni) pour leur propre compte et pour les autres partenaires d’El Merk ConocoPhillips et Talisman (Algérie).

Il est probable sauf accord de dernière minute, Sonatrach en tant que majoritaire et opérateur, elle est responsable technique et sécuritaire du site et sera obligée contractuellement de compenser l’ensemble des partenaires. Ceci est venu au mauvais moment car selon spécialiste des contrats pétroliers, une clause protège la production des associés. En effet, il est bien spécifié qu’en cas d’accident, de perturbation ou défaillance de production, Sonatrach reste responsable de la part du partenaire (In case of contingency, disruption or production failure, Sonatrach is responsible of the infill production). 

Rabah Reghis

Renvois

(01)https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2Famp%2Fs%2Fwww.ennaharonline.com%2F%2525D8%2525AD%2525D9%252583%2525D8%2525A7%2525D8%2525B1-%2525D8%2525A7%2525D9%252584%2525D8%2525B3%2525D9%25258A%2525D8%2525B7%2525D8%2525B1%2525D8%2525A9-%2525D8%2525B9%2525D9%252584%2525D9%252589-%2525D8%2525AD%2525D8%2525B1%2525D9%25258A%2525D9%252582-%2525D8%2525AD%2525D9%252582%2525D9%252584-%2525D8%2525A7%2525D9%252584%2525D9%252585%2525D8%2525B1%2525D9%252582-%2525D8%2525A8%2525D8%2525AD%2525D8%2525A7%2525D8%2525B3%2525D9%25258A-%2525D9%252585%2Famp%2F%3Ffbclid%3DIwAR26UnVW39mivuIGZg4GNzYD9jW5UpYc5bHC3dqKmMPPmmWuG3X9ArS5lgE&h=AT2j6B9rfZ2um2_JSGx8e_hP3Asr7CyFwRJgDIYVyUktH4P7kSr4V-O_Jny9wkdTagXbn6cG_3gUdJneJx-QxIvy4LBIzZYfG3gZbOyc29SLBzQVZZN93-ZtlDgCxGalgGPt

(02) http://www.aps.dz/regions/111656-incident-au-four-d-el-merk-attar-s-enquiert-de-l-etat-du-champ

(03)http://www.aps.dz/economie/91329-complexe-de-liquefaction-de-gaz-a-arzew-un-incident-fait-deux-blesses

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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