Le puissant leader chiite irakien Moqtada al-Sadr a annoncé, lundi 29 août, son «retrait définitif de la politique et la fermeture des institutions liées à son mouvement ».
C’est dans un Irak plongé dans une grave crise politique et économique que Moqtada Al Sadr annonce la fin de son activité politique. Une déclaration qui intervient alors que le pays connaît une grave crise politique et qui a déclenché la colère de ses partisans. Deux d’entre eux ont été tués dans des manifestations au sein de la « zone verte » de Bagdad.
« J’avais décidé de ne pas m’immiscer dans les affaires politiques. J’annonce donc maintenant mon retrait définitif » de la politique, a écrit Moqtada al-Sadr sur Twitter. Une annonce qu’il faut prendre avec précaution, car Moqtada al-Sadr est rompu aux coups d’éclats, il nous a habitués aux retournements de situation. Il a, dans le passé, annoncé qu’il ne se présentait pas aux élections, pour changer d’avis peu de temps après. Il faudra donc voir si cette annonce se concrétise.
Dans son message sur Twitter, Moqtada Sadr explique qu’il est davantage un leader religieux qu’un leader politique. Il s’est immiscé dans la vie politique, dit-il, pour tenter de remettre le pays sur les rails, pour aider son peuple. L’Irak connaît une grave crise économique, sociale et politique. Il n’y a pas de gouvernement depuis les dernières élections législatives d’octobre 2021 que les sadristes avaient remportées. La situation s’est tendue ces dernières semaines lorsque le Cadre de la coalition, un mouvement chiite rival, a proposé un Premier ministre qui déplaisait à Moqda al-Sadr.
Deux manifestants tués, couvre-feu dans tout le pays
Ce dernier a réclamé la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections. Il a aussi envoyé ses partisans dans la rue. Des dizaines d’entre eux ont pénétré à Bagdad dans le palais de la République, un bâtiment d’apparat situé dans l’ultra-sécurisée « zone verte », pour y manifester leur colère après l’annonce de leur leader.
Des partisans de Moqtada al-Sadr pénètrent dans le palais de la République, un bâtiment où le président reçoit habituellement ses hôtes de marque, à Bagdad, le 29 août 2022. AP – Hadi Mizban
Les autorités ont d’abord décrété un couvre-feu immédiat à partir de 12h30 TU. Le « couvre-feu complet dans la capitale Bagdad concerne tous les véhicules et tous les citoyens à partir de 15h30 lundi », a indiqué le commandement des Opérations conjointes dans un communiqué. Peu après, le Commandement militaire irakien a décrété un couvre-feu dans l’ensemble du pays à partir de 16h00, après que des centaines de partisans de Moqtada al-Sadr ont envahi le siège du Conseil des ministres à Bagdad. Deux manifestants ont été tués dans la « zone verte » et 22 autres ont été blessés.
Avec RFI