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Irlande, la religion met un genou à terre

Grand angle

Irlande, la religion met un genou à terre

L’Irlande organisera prochainement un référendum sur le droit à l’avortement.

Pour la première fois depuis 35 ans, les citoyens Irlandais seront appelés prochainement aux urnes pour exprimer, par référendum, leur souhait à propos de la légalisation sur l’avortement. Cela, après une colère populaire sérieuse. La religion vient de mettre un genou à terre, encore une fois.

Le 8e amendement de la Constitution prohibe, depuis 1983, l’interruption volontaire de grossesse. De ce fait, seul un référendum, expression de la souveraineté populaire la plus forte en de pareils questionnements, pouvait modifier la disposition constitutionnelle.

C’est que l’Irlande est une terre profondément catholique dans laquelle la foi religieuse, souvent dans son caractère le plus orthodoxe, a maintenu sa marque sur la vie sociale et politique. Il faut dire que toutes les conditions historiques avaient contribué à maintenir un poids considérable de la religion dans cette contrée européenne.

Le caractère insulaire y est pour beaucoup mais l’extrême misère d’une population au dix-neuvième siècle, ajoutée au besoin d’un renforcement du sentiment nationaliste face à la suprématie anglaise ont forgé cette particularité religieuse Irlandaise tellement ancrée dans les mœurs sociales et politiques.

Certes, le Premier ministre, Leo Varadkar, parfois surnommé le « Macron Irlandais », veut bousculer les choses et ancrer l’Irlande dans un modernisme qu’elle a pourtant épousé à un haut niveau en ce qui concerne le développement économique et scientifique. Mais il restait encore cette emprise religieuse qui laissait le pays à la traîne des grandes avancées sociétales de l’Europe.

Il faut cependant noter que ce sont les énormes manifestations de septembre qui ont fait réagir le gouvernement Irlandais. Cette fois-ci les contestataires, au nombre desquels se trouvaient une écrasante majorité de femmes, ont bien montré leur intention d’aller jusqu’au bout pour la suppression d’une disposition qui ne correspond, ni aux temps actuels ni aux dispositions législatives des autres pays européens.

Encore et toujours, c’est la résistance de la religion qui est en cause. On la comprend, car avec cette disposition ce serait presque sa mort définitive en Irlande, en tout cas sa relégation à la portion congrue. C’est toujours le même schéma depuis que les peuples européens se sont éveillés à l’humanisme, dès le 16è siècle.

En Europe, la religion résiste mais n’arrive jamais à reprendre sa place prédominante. Pourquoi ? Car elle a été l’instrument d’un abrutissement et d’une domination sur les peuples. Elle n’a jamais vraiment analysé ses fautes, ses dérives et même, ses crimes. Son destin est de reculer face aux lumières, maintenant installées depuis cinq siècles et résolument décidées à y rester définitivement pour éclairer les esprits et les libérer.

Nous sommes épuisés de rappeler dans nos écrits que nous n’avons rien contre les religions en elles-mêmes. Paradoxalement, elles furent, au départ de leur installation, un progrès de l’humanité qui voulait tout simplement comprendre le monde et ses phénomènes naturels ainsi que d’établir des relations pacifiées entre les êtres humains et, autant que possible, éloigner la barbarie qui était la seule règle des civilisations passées.

Elles ont souvent contribué à faire naître des grandes civilisations qui ont été des avancées majeures pour l’humanité. Mais, hélas, dans le même temps, des Hommes ont toujours voulu s’en servir pour abrutir et dominer d’autres Hommes. Les barbaries anciennes ont été remplacées par une autre barbarie car c’est au nom de la religion que des crimes massifs ont été perpétrés. Sans oublier le mur qu’elle a érigé afin de contrer les progrès de la science, de l’intelligence humaine et de la liberté.

S’éloignant de leurs grands principes, comme la fraternité, le pardon et le le partage, ce qu’un humaniste peut signer sans aucun état d’âme, pour en arriver à un despotisme féroce à travers des rites et croyances aussi débiles que ceux des charlatans les plus caricaturaux. Nous sommes loin des écrits établissant les règles de la religion.

L’Irlande veut coller définitivement à son époque et ce sont surtout les femmes, psychanalytiquement effrayantes pour des obsédés qui se camouflent toujours derrière des dogmes, qui se sont levées. C’est ainsi que recule la religion, comme toujours, depuis des siècles d’avancées de la lumière. Les quelques poches de résistance seront définitivement éclairées car la Pologne, l’exemple le plus caractéristique, dans un moment actuel de retour vers les ténèbres, est en train de terminer de digérer son passé de dictature.

Et que ceux qui brandissent l’éternel argument du crime envers un être humain se rendent compte combien ils sont peu crédibles. L’assassinat, la maltraitance des femmes, la corruption et,  pour certains, l’avortement à l’étranger financé par des fortunes offshore, ce n’est pas exactement écrit dans les dogmes religieux.

Mais je suis francophone, je n’ai peut-être pas compris les écrits dans une langue qui ne m’est pas accessible dans ses subtilités.

Auteur
Sid Lakhdar Boumédiene, enseignant

 




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