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Juba II : fin de l’énigme de l’archéologie espagnole

Juba II

Un article de l’historien Vicente G. Olaya publié le 19 avril 2025 dans le quotidien El Pais nous rappelle combien l’Europe méditerranéenne et  les pays du Maghreb sont liés par l’Histoire. Il traite de ce qui fut pendant longtemps l’énigme de l’archéologie espagnole  :  la Tour de Cadix

La ville de Cadix se situe sur la côte atlantique près de la Méditerranée, au carrefour entre l’Europe et l’Afrique (Maroc) dans une large baie bien abritée facilitant l’occupation humaine depuis plus de 3000 ans. Faisant face à l’Océan, près de la pointe sud de l’Espagne, elle fait partie de la province du même nom qui vient de Gádir en berbère  et en phénicien, terme qui signifie littéralement « château » ou « forteresse”  et dont on retrouve, par exemple, la racine dans Agadir, une ville du Maroc.

Un gigantesque monument trônait  au milieu de cette péninsule. Il était constitué  d’une tour à gradins de plus de soixante mètres de hauteur, couronnée par une grande statue dorée représentant un être à figure humaine, orienté vers  l’océan, portant un objet à la main et levant une jambe en avant comme pour commencer une longue marche..

En 1145, le général almoravide Ali Ibn Issa Ibn Maymun qui croyait pouvoir y trouver un trésor à l’intérieur détruisit ce monument, n’en laissant  que des ruines. 

Seules une trentaine de descriptions datant du premier siècle de notre ère ont été retrouvées. De nombreuses  sources chrétiennes et musulmanes de l’époque médiévale renseignèrent sur son existence. Les Arabes appelaient le monument tour ou phare et la statue idole ou oracle. Plusieurs tentatives commandées par d’éminents spécialistes ont eu lieu pour le reconstruire mais elles ont toutes échoué car on ne connaissait ni sa fonction ni sa destination ce qui aurait pu aider les archéologues dans leur recherche.

Aujourd’hui, dans son article intitulé “Juba II et l’idole de Cadix : un possible monument funéraire numide aux confins occidentaux de l’Empire Romain”, le professeur Manuel Alvarez Marti-Aguilar de l’Université de Malaga nous donne enfin une explication réaliste de la construction de la tour de Cadix, de sa fonction et de son intention.

Il s’agirait d’une chambre funéraire numide érigée pour le roi Juba I de Numidie par son fils Juba II roi de Mauritanie, explorateur des Canaries et des Îles Purpuraires (Maroc), promoteur de grandes œuvres publiques dans la baie de Cadix. L’Espagne semble en avoir enfin fini avec cette énigme qui torturait l’esprit de ses archéologues déroutés devant l’histoire

Quant au roi Juba II, qui a grandi dans la maison de Jules César et épousa Cléopâtre Séléné II, fille de la reine d’Egypte, il fut enterré, selon certains historiens, dans le Mausolée royal de Maurétanie, à Sidi Rached, dans la wilaya de Tipasa. D’autres prétendent que ce mausolée aurait été construit deux siècles avant la mort de Juba II.

Une autre énigme pour les archéologues.

Emile Martinez

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