« J’entreprends d’écrire la guerre que le peuple romain mena contre le roi des Numides, Jugurtha, d’abord parce qu’elle fut grande et terrible »(…)« Jugurtha se distingua surtout par la vigueur de son intelligence …, il ne se laissa corrompre ni par le luxe ni par l’oisiveté. » Salluste in « La guerre de Jugurtha ».
Des voix se sont élevées ces dernières années pour remettre en cause l’existence historique de l’Algérie en tant qu’Etat avant la colonisation française. Même Emmanuel Macron y est allé de sa diatribe en affirmant que la nation algérienne n’existait pas avant l’invasion française de 1830, sous-entendant que l’Etat algérien est une création française. Il sera suivi par d’autres ennemis traditionnels qui répètent comme des perroquets tout ce qui émane de leurs « puissants influenceurs ». Mais l’histoire est têtue.
Ce à quoi avait réagi, entre autres, Razika Adnani , philosophe, dans une Tribune publiée par la revue « Marianne » le 14/10/2021 intitulée « Non, l’Algérie n’a pas été créée par la France en 1830 », où elle avait notamment écrit : « Ce ne sont pas les frontières géographiques qui font un pays ou une nation, c’est plutôt et avant tout son peuple, sa culture, sa langue et son histoire. »
« Le Président Tebboune a visité, ensuite, la prison Mamertine de Rome où le roi numide Jugurtha a été emprisonné » écrit l’APS, vendredi 27 mai 2022.
Les observateurs avaient alors conclu que c’était une manière officielle de répondre en rappelant à travers ce lieu historique l’existence millénaire de la nation algérienne.
Car, il faut avouer que ce qui donne du grain à moudre à ces dénigrements et ce genre de délires ce sont surtout les dénis de soi officiels et officieux avec l’adoption d’autres « identités » venues surtout d’un Orient qui pour eux, sic, « ne leur veut que du bien » ; et ce au détriment de l’algérianité, la matrice originelle de l’identité nationale.
Malheureusement, les faits en sont restés là et les célébrations officielles les plus en vue s’arrêtent à la période de l’émir Abdelkader, alors qu’elles doivent aller de la période glorieuse de Jugurtha jusqu’aux hauts faits d’armes du peuple algérien pendant la guerre de libération nationale, 1954 – 1962-, sous le commandement, entre autres, de Krim Belkacem, Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi, en passant par les périodes glorieuses de Lalla Fadhma n Soumeur, Cheikh Seddik Ou Arab, l’émir Abdelkader, El-Mokrani, et bien d’autres.
Ceci pour rappeler que l’Algérie a pourtant de qui tenir, et dont toute la nation peut être fière.
Jugurtha est un leader héroïque au sens le plus large, le plus noble et le plus populaire du terme.
Il a unifié les rangs de son peuple et de sa nation, et « devint maître de la Numidie entière », écrit Salluste.
L’Algérie a tout à gagner à assumer toute son histoire depuis la Numidie ancienne jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est qu’ainsi que le peuple se réconciliera avec son histoire et retrouvera son identité aux racines millénaires et verra l’union de sa nation se renforcer et se consolider afin de faire face à toutes les adversités.
Youcef Oubellil, écrivain