Il y a une constante : depuis l’arrivée au pouvoir du duo Tebboune et Chanegriha, le pouvoir s’est inscrit dans un agenda de tension permanente. D’abord sur le plan intérieur, en accusant à tout-va les oppositions de collusion avec l’étranger. Puis avec le voisinage proche accusé en permanence de manipulations de tout acabit.
Propagande
Dès le printemps 2020, le régime s’est employé à faire taire l’opposition, la presse et même la vérité. Il est allé même plus loin en imposant le mensonge et la propagande la plus invraisemblable comme seule vérité possible. Il en est ainsi de la situation des libertés.
Le régime et ses télégraphistes s’échinent avec zèle à nier l’existence de centaines de détenus d’opinion et l’instrumentalisation de la justice. Mais aussi des performances économiques imaginaires. Contre toute raison, un matraquage quotidien s’emploie à faire accroire aux Algériens que tout va très bien, que la production nationale est florissante, qu’il n’y a aucune pénurie, que tous les médicaments sont disponibles, qu’il n’y a aucune rupture de stocks. Pourtant, tout cela n’est qu’un voile hideux de mensonges.
Maintien de la tension
Dans le récit médiatique et politique, l’entretien de l’ignorance est érigé en mode de gouvernance. Tout est bon pour fourvoyer l’opinion. Pour justifier les menées répressives, le pouvoir entretient un péril d’encerclement. Tout en arguant qu’il allait répondre aux revendications du « hirak béni », Tebboune a accusé ce mouvement de dissidence populaire d’avoir été infiltré et manipulé par l’étranger. Cherchez l’erreur.
Les incendies qui ont ravagé la Kabylie en août 2021 avec plus de 130 victimes, des villages réduits en cendres, des dizaines de milliers d’ha incendiés, a été une grosse séquence de manipulation en l’espèce. Pendant que le feu consumait des vies et la nature, la propagande officielle se répandait pour détourner l’attention.
Souvenons-nous, alors que des villages partaient en flammes, de nombreuses figures de la région ont été arrêtées arbitrairement. La répression se durcissait. Le mouvement indépendantiste kabyle (MAK) est accusé d’avoir incendié cette région pour laquelle il revendique un projet politique. Cherchez l’erreur. Il y a comme du Néron dans cette manœuvre.
Dans la foulée, le Maroc est gravement mis en cause. Depuis, les relations entre les deux pays sont les plus exécrables. Il n’y a plus un semestre qui passe, depuis, sans des montées de tensions. Des coups de mentons.
Le régime ne s’arrête pas là. Car il lui faut des ennemis en permanence, tisonner le feu pour détourner l’attention. Il y a eu la séquence de l’Espagne qui soutient le plan marocain pour le Sahara occidental. Outre le rappel de l’ambassadeur à Madrid, la rupture des relations économiques, les Algériens ont eu, pendant plusieurs mois, droit à un torrent de boue médiatique contre ce pays avant que le régime ne change de fusil d’épaule et oublie tout. Il installe un nouvel ambassadeur et Tebboune s’extasie de ses relations avec Madrid. Laquelle n’a pas changé d’un iota ses choix diplomatiques. Qu’avons-nous gagné ?
La France sert depuis 2020 de carburant pour enfumer l’opinion. La belle affaire !
Avant d’arriver à la détestable situation actuelle, l’Algérie n’a-t-elle pas rappelé son ambassadeur parce que deux chaînes de télévision françaises avaient diffusé deux reportages qui n’avaient pas plu à Alger ? Comme quoi la question du Sahara occidental n’est pas le seul motif des coups de menton de Tebboune and co. Depuis, bien entendu, on passe sans état d’âme d’élans fraternels à des piques vipérines.
Outre la France, le Mali avec lequel nous partageons près de 1000 km de frontières vient s’ajouter à la longue liste des ennemis désignés. Loin d’être un parangon de vertus, la junte militaire au pouvoir à Bamako a trouvé dans l’Algérie le mal absolu pour détourner, elle aussi l’opinion publique. Sinon, comment le prétexte d’un drone abattu provoque une rupture aussi gravissime ? Cette crise, vite montée en épingle, en dit long sur la réalité des rapports entre les deux régimes.
Après le Maroc, la France, le Mali, le Niger (épisodiquement), à qui le tour ?
Tout porte à croire que l’autoritarisme, porté aux affaires en décembre 2019 pour empêcher la dissidence populaire de donner une nouvelle perspective démocratique au pays, n’est pas près de changer de logiciel de gouvernance punitive du pays. Pire.
Avec l’infiltration du courant de pensée islamiste dans tous les rouages des hautes sphères de l’Etat, il y a comme une volonté de désarmement de l’esprit de la Soummam de la part des gouvernants.
Ignorant tout des bouleversements mondiaux en cours, Abdelmadjid Tebboune et son précarré font courir de sérieux risques au devenir du pays tel qu’on le connaît.
Hamid Arab