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Justice enlevée… Les avocats sont la dernière ligne de front

Avocats

Dans un pays qui avance au rythme du silence observateur, de la justice guidée et du citoyen observateur, les robes noires portées par les avocats ne semblent plus être une tenue professionnelle, mais une bannière de résistance.

La résistance est parfois silencieuse, parfois audacieuse, mais toujours coûteuse. Être avocat aujourd’hui en Algérie, c’est se tenir debout, non seulement devant le juge, mais devant une autorité qui cherche à vider la loi de son âme, et à transformer le pouvoir judiciaire d’une autorité indépendante à un bras exécutif doux de répression.

Nous ne sommes pas devant un juge qui applique la loi telle qu’elle est, mais devant une autorité qui utilise la loi comme front, et un masque masqué par la tyrannie et lui donne une légalité artificielle. N’annulez pas les lois, elles sont réécrites dans le mystère, et utilisées sélectivement. Les textes le font lorsqu’ils impliquent un activiste, un journaliste ou un syndicaliste, et gèlent lorsque l’accusé est tenu dans les cercles d’influence.

Les procès politiques se sont transformés en un temps formidable, où les mêmes mots se répètent : « incitation à une menace pour la sécurité nationale », « diffuser de fake news », « s'engager dans un groupe qui menace la stabilité »... Charges de cuisine dans les cuisines fermées, et procédures chaudes aux tables des juges dont l'autorité a vidée son sens.

Dans ce scénario, le droit n’est plus une profession, mais une attitude. Un avocat qui insiste sur la présence, sur la levée et sur la révélation des contradictions défend non seulement son client, mais le principe de justice lui-même. Et c’est pourquoi quiconque défend les détenus d’opinion est soumis à l’étroite d’esprit, à la diffamation, voire à des poursuites, comme si la défense était un crime.

Les autorités algériennes ne luttent pas seulement contre la liberté d’expression, mais confisquent également les outils pour la défendre. Elle veut une exécution silencieuse, un média apprivoisé et un avocat graphique qui n’aille pas au-delà du rôle des « facilités de procédure ». Et c’est pourquoi soutenir les avocats qui font face à la répression au nom de la loi, c’est soutenir ce qui reste de l’idée de l’État.

La loi en Algérie n’est pas une retraite à elle seule, mais une composante essentielle de la lutte pour la dignité, l’État de droit et la construction d’institutions qui ne sont pas soumises aux instructions. Et c’est pourquoi je dis, avec tout le respect et le respect que je vous dois, à tous les avocats qui ont servi et qui sont encore, pour la défense des détenus d’opinion, du mouvement, et de la voix de la communauté… Vous n’êtes pas seulement des hommes de loi, vous êtes la dernière ligne de défense possible pour la patrie.

Mohcine Belabbas, ancien président du RCD

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