Mardi 10 mars 2020
Kamel Beldjoud et la fameuse « main de l’étranger »
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a affirmé mardi dans la daïra d’Ourlal (28 km à l’Ouest de la wilaya de Biskra) que des parties extérieurs soutiennent des éléments connus qui œuvrent à la destruction du pays.
« Ces parties étrangères soutiennent des éléments connus aux intentions claires et œuvrent par leur biais à détruire le pays, le faire retourner aux années précédentes et le plonger dans des problèmes », a indiqué le ministre. Nous revoilà encore une fois replongés dans les fameux arguments chers au parti unique, le FLN. Ceux-là même qu’ont utilisé successivement Ahmed Ben Bella, Boumediene, Chadli et leur héritier Abdelaziz Bouteflika avant que Gaïd Salah n’en fasse son leitmotiv.
Kamel Beldjoud a également ajouté qu’ « (…) il existe encore des éléments qui veulent détruire ce à quoi est parvenu le Hirak populaire et sortent les mardi et vendredi avec les manifestants œuvrant pour l’escalade ». Qui sont ces éléments qui cherchent l’escalade ? Pourtant, les manifestants sont restés exemplaires malgré la répression, l’humiliation et les arrestations.
Mais le très informé ministre de l’Intérieur ne dira pas plus, ne donnera aucun détail, ni argument pour asseoir ses déclarations comminatoires. Il parlera d’un pays arabe (mais lequel ? Ah ces grands amis de l’Algérie !), d’Israël ( l’ennemi juré et tout indiqué) et d’un pays européen. Courageusement, le puissant ministre de l’intérieur a omis de citer ce pays européen qui serait derrière les millions d’Algériens qui manifestent depuis un an.
Pas plus de détails. Le ministre préférera convoquer ses poncifs patriotards pour justifier l’impensable.
L’ancien vice-président ministre de la Défense Gaid Salah avait beaucoup accusé aussi cette « main de l’étranger » qui manipule le Hirak et ses millions de manifestants. En vain, il est parti sans jamais fournir la moindre preuve de leur manipulation aux Algériens.
Les rôles sont partagés au gouvernement. Pendant que le premier ministre annonce aux Algériens qu’ils devront désormais ne plus manifester et renoncer à leurs revendications, le ministre de l’Intérieur assène ses « révélations » déjà utilisées jusqu’à l’usure par les pouvoirs successifs.