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Kamel Bencheikh : merci au Parlement belge d’avoir tendu la main à Boualem Sansal

Kamel Bencheikh et Boualem Sansal

Kamel Bencheikh et Boualem Sansal

Écrire, c’est résister. Enfermer un écrivain comme Boualem Sansal, c’est enfermer une époque.

Il y a des jours où une démocratie retrouve son honneur. Où une nation regarde plus loin que ses frontières et tend la main à un homme que l’on veut faire taire pour avoir dit la vérité.

Ce vendredi 18 juillet 2025, le Parlement fédéral belge a voté à l’unanimité une résolution exigeant la libération immédiate de Boualem Sansal, immense écrivain algérien, détenu arbitrairement pour ses idées, pour sa parole libre, pour son engagement contre l’islamisme et pour l’universalité des Lumières.

C’est un acte politique, mais c’est aussi un geste d’humanité. Dans un monde qui abdique trop souvent devant les régimes autoritaires, la Belgique vient de dire qu’on ne peut pas emprisonner un écrivain sans que cela n’implique toutes les consciences libres.

Je connais Boualem. C’est mon ami. Je l’aime. Je l’estime profondément. Son œuvre m’accompagne comme elle accompagne tant d’âmes lucides à travers le monde. Il écrit sans haine, mais sans compromis. Il dénonce sans vociférer. Il pense contre lui-même, à la manière des grands esprits. C’est cela, précisément, qu’on veut punir.

En tant qu’écrivain, président du Comité belge de soutien à Boualem Sansal, et membre du bureau exécutif du Comité de soutien international à Boualem Sansal, je salue solennellement les parlementaires belges qui ont déposé cette résolution : Michel De Maegd, Kathleen Depoorter, Benoît Lutgen, Annick Lambrecht, Els Van Hoof et Daniel Bacquelaine. Ils ont agi avec courage, constance, et clarté.

Et je tiens à remercier de manière toute particulière François De Smet, dont l’engagement inlassable a permis que cette résolution voie le jour. Même si son nom ne figure plus dans la version finale du texte, ce combat lui doit énormément.

Au-delà du vote, au-delà du symbole, c’est une question fondamentale qui se pose à chacun d’entre nous : que vaut encore notre liberté si nous laissons tomber ceux qui la paient de leur corps et de leur silence forcé ?

Car oui, l’arrestation de Boualem Sansal est une tragédie, mais c’est aussi une épreuve pour lui d’abord et pour nous tous. Pour nos principes. Pour notre capacité à rester fidèles à ce que nous prétendons être. C’est une ligne de partage entre les démocraties qui se taisent et celles qui se lèvent.

Boualem Sansal incarne une fidélité rare : celle à la vérité, à la complexité, à l’exigence de penser librement. Son œuvre n’appartient pas qu’à l’Algérie. Pas plus qu’à la France. Elle appartient à l’humanité. Et c’est au nom de cette humanité que nous exigeons sa libération.

Il n’est pas seul. Il ne le sera jamais. Sa voix est relayée dans les parlements, dans les journaux, dans les librairies, dans les consciences éveillées. C’est une lumière qu’on ne peut pas enfermer.

Et nous, tant que nous serons libres, nous parlerons pour lui.

Kamel Bencheikh

Kamel Bencheikh, écrivain, président du Comité belge de soutien à Boualem Sansal, membre du bureau exécutif du Comité de soutien international

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