Le Conseil du renouveau économique algérien (Crea) que dirige le richissime Kamel Moula a rencontré le Medef (syndicat des patronats français) présidé par Patrick Marti, le 5 février 2024, au siège du Medef (Paris). Les deux organisations patronales ont échangé autour des questions économiques et des échanges commerciaux entre les deux pays.
L’information est presque passée inaperçue en Algérie où il se susurre que Kamel Moula est en disgrâce. Le patron des patrons algériens a connu une montée fulgurante. Alors que les Algériens manifestaient par millions dans les rues pour réclamer un changement de système de gouvernance, Kamel Moula grenouillait et faisait le pied de grue devant les bureaux des nouveaux maîtres de l’Algérie. Africaintelligence souligne que le milliardaire algérien paye ses mauvaises relations avec le vice-président du Créa, Hassen Khelifati. Comme punition, Kamel Moula n’est plus invité pour les grandes messes nationales en présence du chef de l’Etat. Comme à Tindouf pour l’inauguration du poste frontière qui devait, selon les informations officielles, donner un coup de fouet aux échanges avec la Mauritanie.
Même punition pour le milliardaire lors de l’ouverture de la foire de production algérienne mi-décembre à Alger.
Kamel Moula a été tenu à bonne distance du chef de l’Etat. Et ses nombreuses demandes d’audience à la présidence sont restées lettre morte. Le directeur de cabinet, le puissant Boualem Boualem a fini par le renvoyer vers le premier ministre, selon Africa Intelligence. Même Mohamed Ennadir Larbaoui n’a pas daigné le recevoir, préférant lui envoyer ses conseillers.
Décidément les temps sont dures pour l’ambitieux milliardaire de 46 ans. Ce qu’il oublie c’est qu’il y en a qui ont essayé avant lui de frayer avec le pouvoir. Ils sont en prison. Ils ont connu la même montée fulgurante, mais leur chute fut aussi rapide. Nous pensons notamment à Moumen Khalifa et Ali Haddad qui comptent leurs années à l’ombre humide des prisons. Il est ainsi le système algérien. Insondable.
Pourtant, au cours des Journées de l’entrepreneuriat organisées par ce syndicat patronal au Centre international des conférences, Kamel Moula avait tressé des lauriers à Tebboune et déclarait : « Avec vous, Monsieur le président, nous avons entamé un parcours pour réaliser notre ambition commune de voir l’Algérie forte économiquement et unie socialement. Ce parcours est traversé d’embûches dont la bureaucratie et surtout la résistance au changement ». Peine perdue. Kamel Moula fait toujours le pied de grue dans les couloirs des hautes sphères pour revenir en grâce…
Sofiane Ayache