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Kamira Naït Sid : le courage d’une grande militante

Kamira Naït Sid

Une petite silhouette à peine perceptible, un visage marqué par les vicissitudes d’une vie de tumulte, une tenue simple, loin de l’esthétisme vestimentaire pour une grande femme telle que Na Nouara. Une mère au cœur lourd, brisée par l’injustice qui frappe sa fille Kamira Naït Sid.

On ne peut parler de Kamira sans évoquer celle qui lui a donné vie et sa trajectoire. Na Nouara est une femme kabyle qui dégage une charge émotionnelle puissante, alimentée par un passé marqué par les affres de la guerre, et toutes sortes de privation. Un quotidien où le confort social n’est qu’un mélange d’espoir et de désillusion frôlant ainsi la chimère, sans que cela altère sa dignité de maman.

Cette vénérable dame sillonne les tribunaux algériens avec difficulté, en raison de son âge, mais d’un pied ferme, pour dire d’une voix raisonnante, l’injustice faite à sa fille, Kamira nait Sid.

Militante inépuisable, Kamira Naït Sid est une femme au courage impérissable. Co-présidente du Congre mondial amazigh (CMA), elle est détenue depuis plus de deux ans pour délit d’opinion. Pire encore, elle risque une peine allant jusqu’à 20 ans de réclusion.

Les opinions politiques et militantes de Kamira relèvent à la fois du droit naturel et du droit international puisqu’elle milite, comme tous les Amazighs, pour l’existence sans condition et sans discrimination de l’identité kabyle en particulier et amazighe en général. Son combat est pacifique contrairement à ce qu’argue le régime. Son statut de co-présidente d’une organisation non gouvernementale, reconnue au niveau internationale sont une  preuve irréfutable. Si vraiment elle était une « terroriste », comme le soutient la justice, elle n’aurait jamais été reçue à l’Unesco, l’ONU et autres organisations internationales.

Il est de notoriété qu’au sein des sociétés humaines qui se respectent, derrière un grand homme se cache une femme. En Algérie, derrière la souffrance d’une mère se cache des hommes à l’esprit étriqué. Derrière la détresse d’une femme, se cache des homme vides de sentiment et avide au pouvoir et au désir maléfique, et derrière l’emprisonnement injuste d’une militante, se cachent des hommes pour qui la liberté est un concept étrange et étranger à leur vison de la bonne gouvernance.

Kamira, femme issue d’une grande famille révolutionnaire, ses aïeux se sont donné corps et âme pour la liberté et l’indépendance du pays. Aujourd’hui, ceux qui gouvernent lui font payer ses engagements. Et transforment cette liberté si chèrement payée en une injustice destructrice, instaurant ainsi une situation contrenature. Emprisonner des femmes et des hommes qui sont à juste titre dans le sillage de leurs aïeux, est contre-nature. On baigne dans une dictature qui ne dit pas son nom !

Tant que les tenants du pouvoir en Algérie ne seront pas en mesure de distinguer clairement entre l’Etat et le pays et tant que le pouvoir émanera d’un sentiment qui voudrait que l’Etat soit au service d’un groupuscule et que le pays soit l’otage de cet état de fait, il n’y aura pas de pays florissant, ni d’Etat fort et juste.

Kamira Naït Sid ainsi que toutes ces femmes et ces hommes privés de leur liberté pour leurs opinions politiques, en réalité, sont une valeur sûre pour l’édification d’un Etat de droit. Par conséquent, la première pierre de cette édification est la libération du champ politique et l’abolition de toutes les lois liberticides mises en place par les autorités actuelles.

Y. Cheraiou 

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