Lundi 7 décembre 2020
Karim Tabbou condamné par le tribunal de Kolea
Le tribunal de Koléa a rendu son verdict aujourd’hui, 7 décembre 2020, dans le procès de Karim Tabbou. Ce dernier est condamné à 1 an de prison avec sursis et 100 000 Da d’amende.
Karim Tabbou est donc condamné à un an de prison avec sursis avec amende en sus. Cet homme politique est toutefois relaxé concernant les poursuites de l’article 74 du code pénal, et condamnation à un an de prison avec sursis et amende des poursuites de l’article 79 du code pénal qui est l’atteinte à l’unité nationale.
« Karim Tabbou a été condamné à un an de prison avec sursis et une amende de 100.000 dinars (environ 640 euros) par le tribunal de Koléa, près d’Alger, a déclaré à l’AFP Me Nassima Rezazgui, l’un de ses avocats.
« Je suis blessé d’entendre ces accusations: atteinte au moral des troupes et atteinte à l’unité nationale, moi qui ai appris la politique auprès d’hommes comme Hocine Aït Ahmed », l’un des dirigeants historiques de l’indépendance puis opposant socialiste au régime, s’était défendu M. Tabbou à son procès, selon des médias algériens.
Le procureur avait requis l’application de la loi sur les demandes de la défense (Les vices de forme) et avait requis 3 ans de prison ferme assorti d’une amende de 100 000 Da et saisie de tous les objets confisqués, aujourd’hui, le 30 Novembre 2020 lors du procès de Karim Tabbou au tribunal de Kolea.
Arrêté le 26 septembre 2019 dans le cadre de cette affaire, il avait été emprisonné pendant neuf mois avant de bénéficier d’une libération conditionnelle le 2 juillet dernier.
Pour rappel, Karim Tabbou est condamné en catimini lors du procès en appel à la cour de Ruisseau d’Alger (24 mars) à un an de prison ferme alors que le tribunal de Sidi M’hamed l’avait condamné à un an de prison dont 6 mois de sursis (il devait quitter la prison de Kolea le 26 mars dernier). Karim Tabbou est en liberté provisoire depuis le 2 juillet 2020.
Le « combat continue »
Dans une autre affaire, Karim Tabbou avait été condamné en appel le 24 mars à un an de prison ferme pour le même chef d' »atteinte à la sûreté nationale », en raison d’une vidéo parue sur la page Facebook de son parti dans laquelle il critiquait l’ingérence de l’armée dans les affaires politiques, peine qu’il a déjà purgée. Il reste donc en liberté.
« Il est vraiment malheureux de condamner une personne à deux reprises sous le même chef d’accusation. C’est une violation de la loi. Notre combat continue pour un Etat de droit », a commenté son avocate.
Chef d’un petit parti d’opposition non agréé par les autorités, l’Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou est l’un des visages les plus connus du « Hirak », le mouvement de contestation, sinon le plus populaire.
Son portrait était régulièrement brandi pendant les manifestations hebdomadaires contre le pouvoir en Algérie jusqu’à leur suspension en mars dernier en liaison avec la crise sanitaire.
Attaque contre Macron
M. Tabbou est récemment revenu sur le devant de la scène politique en reprochant avec virulence au président français Emmanuel Macron son soutien à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, exprimé dans un entretien avec l’hebdomadaire Jeune Afrique qui a soulevé un tollé dans les rangs de l’opposition algérienne.
Dans une lettre publiée sur sa page Facebook, M. Tabbou a fustigé « la mauvaise foi » et « l’hypocrisie politique » de M. Macron, accusé de cautionner « un pouvoir arrogant qui emprisonne des journalistes, bafoue les libertés publiques et soumet la justice à son diktat ».
M. Tebboune, 75 ans, est absent du pays depuis bientôt six semaines à la suite d’une hospitalisation en Allemagne après avoir contracté le coronavirus.
En pleine crise sanitaire, les autorités continuent à réprimer militants, journalistes et blogueurs afin, selon les opposants, d’empêcher une reprise du mouvement de contestation.
Quelque 92 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec la contestation et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées, pour beaucoup, sur des publications sur Facebook critiquant les autorités, d’après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de solidarité avec les prisonniers d’opinion.