J’ai accompli, lundi 23 juin 2025, l’obligation de signature sur le registre de mon contrôle judiciaire au niveau de la caserne relevant de la sécurité intérieure.
Profitant de cette « routine judiciaire », et afin d’éviter de perdre inopportunément cette journée, j’ai décidé de la mettre à profit pour écrire, diffuser et susciter des débats, des commentaires et des partages. Et ce, malgré l’interdiction qui m’a été signifiée et consignée parmi les obligations de mon contrôle judiciaire. Il s’agit ici d’un billet politique sur les sujets d’actualité.
Cette fois, j’ai choisi de consacrer mon propos à la situation de notre chère Algérie. Entre mémoire trahie et avenir confisqué.
Dès les premiers enseignements de science politique, on apprend que la puissance d’un État est une notion complexe, qu’elle ne se résume ni à sa taille géographique ni à l’autorité de ses dirigeants. Elle ne peut, en aucun cas, se mesurer à cette idée dépassée de domination et de capacité à assujettir la société. Une telle vision est doublement erronée : elle déforme la notion même de puissance et vide de sens celle de l’État.
Si certains experts considèrent encore que la puissance peut être fonction du volume territorial ou de la position géographique, il convient d’aller bien au delà.
Certes, un vaste territoire est souvent synonyme de richesses naturelles, et une position géostratégique peut représenter un levier important. Mais la puissance réelle se construit par la qualité des institutions, la nature du système politique, l’équilibre entre souveraineté et ouverture, et l’intégration harmonieuse dans l’ordre mondial.
Un État doit entretenir des relations équilibrées avec ses voisins et ceux de sa périphérie. Il lui faut aussi tisser des partenariats régionaux solides. Car de bonnes relations diplomatiques sont synonymes d’opportunités économiques, d’alliances stratégiques, et de stabilité.
Dans un monde où les puissances influencent même à distance, ce sont la gouvernance, l’indépendance politique, la dynamique économique, et la légitimité démocratique qui définissent réellement la stature d’un pays.
Sans une politique de prospective, un État, même nanti de richesses et d’espace, risque l’isolement, la marginalisation, voire l’effacement progressif de son influence et de son identité diplomatique sur la scène internationale.
Et c’est exactement ce qui arrive à l’Algérie
Ce pays, qui fut jadis un exemple de courage et de résistance, a marqué l’histoire diplomatique mondiale par ses prises de position durant la guerre de libération, par l’intelligence de ses dirigeants devant les instances internationales, par le contenu et la qualité des correspondances adressées aux dirigeants dans le monde, et par les prestations remarquées de ses délégations dans les forums sur la décolonisation.
Ce legs historique a fondé une diplomatie enracinée dans les valeurs de liberté et d’engagement.
Mais aujourd’hui, l’Algérie semble en marge de toutes les dynamiques régionales et mondiales, contrainte de subir les effets dévastateurs de choix politiques et économiques désordonnés, improvisés, et sans vision.
Malgré ses ressources énergétiques colossales, ses plus de deux millions de kilomètres carrés, son potentiel humain inestimable, l’Algérie reste embourbée dans une instabilité politique et institutionnelle chronique.
Les conflits internes au sein du pouvoir, les luttes d’intérêts et les affrontements claniques ont affaibli les institutions et détérioré l’image du pays à l’extérieur.
La féodalité politique et le clientélisme ont asphyxié l’administration, qui ne joue plus son rôle d’instrument de l’État. Elle est devenue le reflet d’un pouvoir préoccupé uniquement par sa survie, ses privilèges et ses réseaux. L’idée même d’un État fondé sur la volonté populaire a été remplacée par un système de domination au service des clans et de leurs appareils.
Sur le plan économique, les blocages sont profonds : bureaucratie pesante, corruption systémique, taux de chômage élevé, chute du dinar, économie informelle représentant près de 40 % de l’activité nationale, dépendance absolue à la rente pétrolière, absence d’investissements stratégiques, retard technologique criant, et méthodes de gestion archaïques. Autant de facteurs qui font régresser l’Algérie dans tous les classements internationaux et limitent sa portée géopolitique.
Sur le plan politique, malgré les sommes colossales investies pour construire une image de stabilité et de modernité — en prétendant défendre la démocratie contre l’islamisme —, le pouvoir en place à profité pour renforcer son arsenal répressif et museler toute forme de contestation. Il a sciemment, pour s’assurer une complicité, confondu lutte contre le terrorisme et mise sous silence des libertés publiques, multipliant les prétextes pour verrouiller le pays et couper la voix du peuple.
Derrière le vernis « démocratique fait de pluralisme de façade, s’est installée une véritable dictature, dont la seule doctrine consiste à bloquer l’émergence d’un projet démocratique authentique.
L’Algérie d’aujourd’hui est le fruit amer de décennies d’aveuglement. Elle se retrouve isolée, fragilisée, perdue dans un monde qui évolue rapidement, tenu à l’écart des grandes transformations économiques, technologiques et politiques. Elle a consommé tout son capital historique, dilapidé son crédit diplomatique, et brisé la confiance de son propre peuple.
Elle est aujourd’hui prise en otage par une poignée de décideurs qui ne possèdent ni la compétence, ni la vision, ni même la volonté de préparer l’avenir.
Au lieu de s’appuyer sur ses talents, de promouvoir les compétences et de créer les conditions de la libre expression et de l’innovation, ce pouvoir préfère maintenir le pays dans l’improvisation, la médiocrité et la peur.
L’Algérie se referme sur elle-même, alors qu’elle aurait pu jouer un rôle central dans la Méditerranée, être un moteur de développement en Afrique du Nord, et un exemple démocratique pour tout le Maghreb.
Pourtant tout n’est pas perdu
L’Algérie recèle encore un potentiel humain extraordinaire. Elle regorge de jeunes brillants, d’universitaires compétents, de femmes et d’hommes engagés, d’artistes, de chercheurs, de militants.
Elle possède une histoire forte, marquée par la résistance et la volonté de rester digne.
Il n’est pas inutile de le rappeler que nous avons un devoir sacré envers nos martyrs. L’idéal de liberté pour lequel ils ont offert leur vie ne doit pas être trahi. Il doit être ravivé, défendu, revendiqué, pour qu’ils ne soient pas morts en vain.
C’est cette flamme, portée par les aspirations profondes du peuple algérien, qui redonnera à notre pays sa véritable image.
L’Algérie, au-delà des intrigues d’un pouvoir finissant, retrouvera sa place, sa fierté et son rayonnement.
Une Algérie démocratique, souveraine, inclusive et ambitieuse sera une puissance respectée et un modèle pour sa région.
Une Algérie algérienne, qui n’a pas besoin de s’aligner sur l’Occident ou de se soumettre à l’Orient.
Une Algérie tournée vers la modernité et l’universalité, en harmonie avec son héritage millénaire et ses luttes successives pour la liberté.
Mon soutien indéfectible aux détenus d’opinion. Gloire à nos valeureux martyrs.
Karim Tabbou, Alger le 25 juin
J’approuve. Merci pour votre courage Monsieur.
Je ne suis pas d’accord !
je ne suis pas d’accord parceque les opposants ont les décideurs comme référence. Ils usent du même vocabulaire et de la même démagogie.
Ce soit disant pays dont on parle sans cesse en s’egosillant à qui veut l’entendre que c’est un pays riche de je ne sais quelle matière grise et que cette dernière est honteusement empêchée de prendre les rênes du pouvoir pour le mener à bon port, c’est tout simplement du délire !
Il n’y a ni matière grise, ni matière tout court !
Ce pays, non seulement il ne sert à rien, mais pire, c’est hideuse excroissance sur la surface de la terre.
C’est le carrefour de tous les vices , de toutes les incohérences et tous les anachronismes. Il est hors tout classement.
Ce n’est pas cet illuminé de « député » qui rêve de la suppression de l’épreuve de philo au bac qui dira le contraire, ne cet illuminé de soldat qui « pense » que les réseaux sociaux sont capables de détruire « un pays » qui soutiendra l’inverse.
Tabou ou pas , ce territoire a tout faut ! Personne n’a réussi à lui donner l’envergure d’un pays au sens respecté du terme.
De Massinissa à chengriha, ce ne sont que des légendes et autres truanderies hors temps.
Ce cher pays ! En quoi est-il si cher ?
Les gens le fuient par centaines de milliers, même les plus puissants le quittent pour finir leurs jours ailleurs.
les Dézédie voudrait partir ailleurs, car elle n’est pas à sa place. Elle voudrait aller au Moyen-Orient pour assister la Falestine, mais elle est hésitante car l’Europe serait plus attrayante : louis Vuitton, Hermès, les « Champ-Elysées »… La classe ! Par d’autres temps, elle est tentée de migrer en Australie, mais il y a mieux à gagner si elle se rendait en Arabie, le paradis ya rebbek!!
Confiscation des libertés, la démocratie muselée, l’administration sclérosée… Aucune langue ne pourra suffire pour produire une étude pertinente sur ce machin chose.
C’est l’unique territoire au monde où la langue nationale n’est maîtrisée que par les lecteurs du journal télévisé. Je dis lecteurs parcequ’ils ne font que lire…
Qui peut mieux faire ?!
Monsieur Tabou doit écrire en français, tout comme je le fais moi-même en ce moment, pour s’adresser à ses coreligionnaires. Il ne peut surtout pas s’exprimer en kabyle parcequ’il doit s’adresser également aux non kabylophones qui ne maîtrisent certainement pas loughat almoustaamir… Il aurait dû invoquer la Bible ou l’autre livre cher et quelques versets pour convaincre les non lecteurs de la servitude volontaire…
Pour quoi ce territoire est vide? Parcequ’il na jamais su produire utile. Même les cimetières y sont affreusement vides.
Le probleme de L Algerie c est la non reconnaissance d Israel. L algerie est le dernier pays du front du refus de cet etat phantome , une sorte de base militaire americaine. Alors L algerie est isolee. La surpopulation a etouffe’ le pays. La moitie’de la population ne sert a rien. Etc…etc…