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Khaled Melha : disparition inquiétante

ANCIEN JOURNALISTE

Khaled Melha : disparition inquiétante

Journaliste algérien, pas seulement, un écrivant. Un vrai militant, quelqu’un qui n’avait peur de rien. Surtout des pouvoirs, installés là-bas (en Algérie) ou ici.

La Méditerranée, pour lui, était pour lui un pont qu’il a mille fois enjambé. Khaled Melha, journaliste documentaliste, militant des droits de l’homme et, surtout, un joyeux drille, a disparu depuis le 31 juillet dernier.

Aucune nouvelle de lui ne nous est parvenue. Il est vrai qu’il avait un début d’Alzheimer. Mais où sont ses copains, les gens avec lesquels il a fondé Radio Beur, devenue depuis agence commerciale sous le nom de Beur FM ? Où sont ses amis français du métier auxquels il a servi de fixeur pendant la décennie noire ? Où sont les gens qui l’ont accompagné pendant la marche des beurs en 1983 ?

Khaled Melha était habité par le pays de ses parents : l’Algérie. Il a passé sa vie à régler les problèmes de ses compatriotes pendant la décennie noire. Rouge ? Il a résolu plein de situations complexes sans jamais rien attendre en retour. A 64 ans, lui qui a été un des plus grands documentalistes du journal Le Monde, s’est retiré dans son village de naissance, Chozeau, en Isère. Pas loin de Grenoble, pas loin d’Amazigh Kateb, le fils de notre père à tous.

La maladie l’avait atteint très peu avant. Quelques mois avant. Il avait de petits problèmes d’orientation. C’est ce que nous confie un de ses amis les plus proches, Benjamin Stora : « A la toute fin de mon livre (La Dernière génération d’octobre) paru en 2003, j’écrivais : « C’est à ce moment, au début des années 1980, que je suis devenu ami avec Khaled Melha, un militant trotskiste algérien, venu de la LCR à la L’OCI à la fin des années 1970. Un homme volubile, chaleureux, aimant vivre et échanger. Ensemble nous avons construit en 1984- 1985, un comité de défense des travailleurs immigrés, en un temps où la question de l’immigration commençait à envahir et à pourrir le champ politique français. »

Khaled comme le rappelle son ami Benjamin a été un membre extrêmement actif de la marche des beurs qui a rassemblé 60 000 personnes le 3 décembre 1983, à Paris. Contre le racisme. Il a été un des initiateurs de l’autre marche, celle du 3 novembre 1984 pour l’égalité des droits, organisée par le mouvement Convergence.

Par la suite il y a eu un grand meeting à la Mutualité, toujours initié par Khaled Melha. Journaliste, engagé, Melha a été le premier à dénoncer l’assassinat par la police française de Malek Oussekine. Un symbole.

Khaled n’est pas mort. Il est juste absent. Où est-il ? Comme les animateurs du Hirak, on attend des réponses. Peut-être de bonnes nouvelles ?

 

Auteur
Meziane Ourad

 




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