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Khaled Nezzar et les repères qui se figent

DEBAT

Khaled Nezzar et les repères qui se figent

L’ex-premier militaire cogite et nous livre « La séquence politique »*, un livre qui foisonne d’informations de premières mains, et d’autant de jugements sans l’enjeu majeur de la période !  Pour un stratège, on est tenté de dire que cela frôle la reddition.

Que serait le budget algérien qui ne tiendrait pas compte du prix du pétrole ? Qu’est ce que l’islamisme, sans sa guerre contre la laïcité qui rappelons le,  n’a comme unique terrain  que la démocratie ? Pour le brave général la laïcité n’est rien moins qu’une religion ! Il nous apprend par la suite qu’il fait sa prière et tout en rappelant une fois  sa référence à la Révolution.

Nous retenons de la déclaration du 1er Novembre 1954  l’option de la République démocratique et social des « 6 éternels » qui durant toute leur vie n’’ont jamais évoqués publiquement leur pratique religieuse. Laïcité oblige. On peut affirmer aujourd’hui qu’ils évoquaient l’islam comme une culture riche de plus de quatorze siècles et non comme une simple religion. En sus la Révolution algérienne a comme sources plus d’une culture.

L’islamisme est comme  une photo latente. Il brûle à la lumière. Il loge naturellement chez la majorité des ignorants, des faibles et de tous ceux et celles qui veulent s’enrichir au dépend de leurs concitoyens. L’obscurité étant  leur milieu propice, il propage l’obscurantisme.

La laïcité est ce révélateur qui permet de distinguer ceux qui ont la foi de ceux qui se servent de la religion pour une ambition, parfois par faiblesse, ou pour mille autres raisons. Quand l’ancien ministre de la Défense de l’Algérie affirme que la laïcité est une autre religion, il nous invite, inconsciemment, j’aime à le croire, à nous contenter de la chambre obscure. M. Khaled Nezzar ne doit pas oublier qu’il a disqualifié Taleb suite à une seule phrase et non pas à son travail de sape de l’école algérienne ou de son passage à la culture ou il faisait des misères à Kateb Yacine, entre autre.

Si on se  fie à Wikipédia on relève que Taleb  « est connu pour être un défenseur de la langue arabe et de l’islam qu’il voulut imposer comme seuls référents identitaires dans une Algérie où près de 25 % de la population est berbère. Comme ministre de la culture sous Boumediene, il a interdit toute manifestation culturelle en berbère ».

On peut donc juger Khaled Nezzar sur le seul amalgame qu’il fait à la  laïcité, car nous lui sommes attentifs. Quand il juge que le service de protection de Houari Boumediene « ne fait pas le poids face aux professionnels formés et outillés ; nous sommes tentés de le paraphraser et lui rendre ce jugement presque à l’identique sur la mort de Boudiaf le concernant. Ce n’est pas l’exemple de Kennedy qu’il fallait rappeler dans ce cas mais celui de Fidel. Oui mais quand on suggère de remplacer le S de FFS par un P l’exemple que je donne lui est certainement étranger. Nous démocrates Algériens nous porterons les faiblesses de nos amis comme une croix.

En son temps Marx était contre la résistance algérienne  parce qu’il jugeait que l’Algérie était tellement arriérée, à l’étape du communisme primitif, que la colonisation allait la civiliser ! S’il savait comme on le sait tout récemment qu’on est le premier berceau de l’humanité , il n’aurait jamais osé ce jugement. Il séjournait  à Alger du 20 février au 2 mai 1882 pour se soigner « la souffrance et les soins médicaux ne lui laissent guère de repos » pour connaître le pays. Le travail intellectuel dans ce cas lui était interdit et « il n’a guère qu’un journal local » qui a pour titre « Le petit colon ». Il sort rarement de sa chambre. Il a été accompagné une fois au Jardin d’Essais. Il meurt le 14 mars 1883.

Le Maure me rappelle Khaled Nezzar aujourd’hui. Ils sont  tous musulmans et doivent le rester, puisque la laïcité n’est qu’une autre religion. Il affirme qu’il fait la prière et comme c’est lui  le sauveur du pays, il lui revient, circonstance oblige ,  de lui choisir le Président. Il est comme un  l’exemple  que la jeunesse doit imiter ne serait que dans la prière. Il  sait pourtant que certains jeunes nous quittent  au péril de leur vie non pas à cause du chômage mais pour vivre autrement, ce que l’Algérie ne permet pas toujours.

Nous traînons à ce jour l’ignorance  de Marx  sur l’Algérie. S’il a contribué à planter la civilisation dans la colonisation, une des raisons du racisme de l’Internationale socialiste par exemple ;  il ne faut surtout pas  oublier qu’il a été le premier à légitimer la revendication des travailleurs et toutes leurs révoltes leurs  émeutes, leurs grèves et autres manifestations  et donner la certitude qu’il y a une alternative au capitalisme grâce à son œuvre dont le « Capital » reste la bible  de l’économie politique c’est-à-dire ce « microscope » qui aide à voir la société du  monde capitaliste jusqu’à ce jour  

Hier nous avions l’obscurantisme de la colonisation aujourd’hui  nous avons  l’intégrisme religieux  à nos trousses et  ne nous lâche pas les basques parce que l’islamisme a été élevé par l’Etat au rang d’une politique légale et que l’Etat Major de l’armée, qui a sauvé le pays des hordes sauvages se sent étrangère à la laïcité, alors qu’elle devrait en faire son  credo.

Qu’elle est la différence entre des émeutes qui revendiquent une justice sociale à Paris ou à Alger ?  A Paris les casseurs des Gilets Jaunes sont en majorité de l’extrême droite alors qu’à Alger, ils sont des  islamistes, et dans ce cas une simple revendication populaire à Alger met la République en danger « légalement » et c’est ça le drame  puisque les partis islamistes sont légaux et que l’article 2 de la Constitution fait de l’islam religion de l’Etat. En France dans le pire des cas l’extrême droit met en péril  un mandat  alors que nous c’est un recul au moyen âge pour des décades. Sur ces questions Nezzar ne pipe mot et pourtant ce dilemme est le nœud gordien de la société politique depuis la légalisation des partis islamistes. Quand  dans une telle séquence politique, un acteur aussi important  n’aborde pas l’enjeu principal, laisse croire  que la société  algérienne va revivre la séquence avec  une armée professionnelle et puissante, dépourvu de la plus importante arme de combat  que l’ Etat Major n’a pas initier à ses troupes qui est la  morale moderne et qui a comme leitmotiv de taire sa croyance religieuse dans le domaine public civil et militaire. Ne l’avoir pas abordée peut aussi laisser croire que l’auteur est pour le maintien de la photo latente. La société algérienne et celle du 11 Décembre 1960 particulièrement continuera à trainer les faiblesses qui ont  été jusqu’à transformer  nos Révolutionnaires en chouhada  et voir notre jeunesse perdre encore ses repères et nous angoisser davantage.

Quand l’Autorité conseille à la jeunesse de préserver sa religion, on a ce reflex de l’interpeller par ,de quoi je me mêle puisque c’est sa religion et que cette religion ne permet pas d’intermédiaire entre Dieu et le croyant. Cette spécificité qui caractérise l’islam a été transformée en son contraire en premier par le système politique de la pensée unique qui a finit par entretenir, un clergé et par la suite des politiciens qui  utilisent  le terrorisme pour faire taire tous les contrevenants jusqu’à les soumettre au « harem et halal ». Si l’armée aidée par les patriotes a eu raison du terrorisme qu’elle continue  à pourchasser, le « haram et halel » ce « zouj et la yazouj » des islamistes est planté dans la société  où la terreur évacue toute  conviction religieuse. L’accoutrement, des plus vulnérables, c’est à dire de la majorité de nos  femmes, en est  la preuve à ce jour.

S. K.

* Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar chez Chihab Editions octobre 2018

Auteur
Saadeddine Kouidri

 




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