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Khenchela : la statue d’Aksel déboulonnée après son inauguration

Aksel

En déboulonnant sa statue, les autorités veulent effacer de l'histoire le prince résistant amazigh Aksel

Une statue du roi et résistant amazigh Aksel (Koceïla) (640-688) contre l’invasion arabe de l’Afrique du nord a été installée, mardi 3 décembre, dans la commune de Bouhmama, située dans la wilaya de Khenchela. Puis enlevée d’autorité.

L’œuvre, réalisée par le célèbre sculpteur Boussekar Berzak, devait être inaugurée ce mercredi matin à 10h. Cependant, l’inauguration a été reportée et la statue a été retirée peu après par les autorités locales. Les raisons de cette décision restent pour l’instant inconnues, ont rapporté plusieurs sources, à Khenchla.

Dans un communiqué, rendu public, mercredi, considère  que « le démantèlement  manu militari de la  stèle du roi amazigh Aksel (Koceila) érigée à Khenchela, le jour même de son inauguration, par les pouvoirs publics qui ont, auparavant, autorisé sa réalisation », est un acte qui « laisse le citoyen et tout observateur sans voix. »

« L’Algérie n’en finit pas de subir les mutilations de son identité et de son histoire », juge le parti. Et d’estimer que « l’identité amazighe qui englobe langue, histoire et culture est un fait reconnu et inscrit dans la Constitution. La promotion et la défense de cette identité est du ressort de l’Etat même, même si le pouvoir politique de fait a choisi de sponsoriser en premier lieu une langue arabe dans sa version  conservatrice et une version rigoriste et rétrograde de l’Islam pour perpétuer sa domination. »

Pour le RCD, « cette agression contre notre identité millénaire est en droite ligne des obstacles érigés contre le développement de la langue amazighe, de son écriture et de la diffusion de la culture ancestrale sur tout le territoire du pays », déclaré le RCD qui  condamne « cet acte indigne d’une autorité publique et exprime sa vive préoccupation face à ce déni et atteinte au patrimoine de la nation ».

Le parti dirigé par Atmane Mazouz considère que « ces agissements témoignent de menées institutionnelles délibérées contre notre socle identitaire et donc contre l’unité de la Nation. Ces actes visent à dénaturer et falsifier notre histoire et ses symboles et participent d’un révisionnisme dans le but de promouvoir d’autres récits  conformément à l’idéologie arabo-islamiste ».

Sur les réseaux sociaux, des citoyens ont été unanimes à exprimer leur indignation face à ce déboulonnage express de  la statue monumentale érigée en l’honneur du prince résistant amazigh Aksel.

 « Qui a décidé de retirer la statue d’Aksel ? Qui a l’autorité d’effacer de notre mémoire collective un pan de notre Histoire ? Qui a osé céder sous la pression ? Allons-nous subir le diktat de ceux qui décident à notre place de ce qui nous appartient ou non ?

« En déboulonnant la statue d’Aksel, les accusateurs de Sansal pour atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie viennent à leur tour de porter atteinte à l’histoire », écrit Hamid Ouazar.

Youcef Oubelli ajoute : « La statue d’Aksil démontée ? Qu’importe, il est revenu sur le devant de la scène et personne ne pourra l’effacer des mémoires ! » L’écrivain et militant Ahmed Aït Bachir s’interroge : « Tura ma yella kra i d-yegran, init-aɣ-d ? » Quant à Amina Lotfi, elle conclut : « On ne peut pas falsifier l’histoire d’un pays, celle-ci finit toujours par nous confondre et s’imposer à nous ! »

La statue d’un pharaon trône admirablement, même avec toutes les polémiques, personne n’a osé y toucher, et chez nous en plein terre chaoui, terre aurésienne des luttes et des combats qui ont vu naître rois et reines berbères vont-ils accepter de se soumettre et de refuser à Aksel né sur cette terre et combattu pour cette terre soit réhabilité ? », s’indigne une citoyenne de la région de Khenchela. 

Samia Naït Iqbal

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