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La Cour d’appel acquitte le syndicaliste Lounis Saïdi, fin d’un arbitraire

Saïdi Lounis

Le syndicaliste Saïdi Lounis libéré

La Cour d’appel d’Alger a rendu, ce mardi, un verdict de relaxe en faveur du syndicaliste Lounis Saïdi, poursuivi pour « appel à la grève » après une condamnation en première instance à deux ans de prison ferme et deux millions de dinars d’amende.

Cette décision intervient dans un climat social tendu, marqué par des restrictions croissantes sur l’exercice du droit syndical et des critiques persistantes contre la nouvelle législation encadrant la grève.

Selon des sources médiatiques et syndicales, Lounis Saïdi, ancien secrétaire général du Syndicat national des cheminots (SNC) affilié à l’UGTA, avait été arrêté le samedi 5 juillet 2025, soit à la veille du déclenchement d’une grève nationale illimitée prévue par son organisation. Cette grève, annoncée le 25 juin, visait à dénoncer les violations répétées des droits syndicaux, les conditions de travail dégradées et l’absence de revalorisation salariale.

Le jeudi 17 juillet 2025, le tribunal de première instance avait prononcé contre lui une lourde condamnation à deux ans de prison ferme, assortie d’une amende de deux millions de dinars, sur la base de faits directement liés à son activité syndicale. Dans la foulée de son arrestation, Lounis Saïdi avait été arbitrairement démis de ses fonctions syndicales, tandis que le mot d’ordre de grève était annulé sous pression.

La direction générale de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) avait alors justifié son refus de reconnaître la légalité du mouvement en arguant de l’absence de procès-verbal de conciliation et du non-respect de la procédure de médiation prévue par la loi. Elle avait également qualifié le préavis de grève d’« entrave au fonctionnement de la Commission de participation ».

Cette affaire intervient sur fond de polémique autour de la loi sur l’exercice du droit de grève, adoptée en juin 2023. Le texte, qui introduit des conditions jugées plus restrictives — notamment l’obligation d’un vote à la majorité absolue et l’allongement des délais de préavis — est vivement critiqué par les syndicats autonomes pour ses « clauses dissuasives et ambiguïtés juridiques ».

À l’annonce du verdict, plusieurs fédérations syndicales et acteurs politiques ont salué la décision de la Cour d’appel, y voyant un signal fort en faveur des libertés syndicales et une reconnaissance du caractère arbitraire des poursuites. Ils ont également appelé à la réintégration de Lounis Saïdi dans ses fonctions et à la poursuite du combat pour la défense du syndicalisme autonome en Algérie.

Pour nombre d’observateurs, cette décision judiciaire pourrait marquer un tournant dans la relation souvent conflictuelle entre le pouvoir et les organisations syndicales, à un moment où la question du dialogue social et du respect du droit à la contestation refait surface dans plusieurs secteurs publics stratégiques, dont celui des transports ferroviaires.

Samia Naït Iqbal

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