Jeudi 27 juin 2019
La discrimination ne peut pas être positive. Ni à Marseille ni Ailleurs.
Marseille est une ville colorée, vive, méridionale et attachante. C’est aussi une ville très pauvre, au cœur de laquelle un enjeu économique et électoral reste palpable.
Nombre de programmes d’insertion ont vu le jour. « Les quartiers » et en particulier les « quartiers nord » sont devenus une marque de fabrique mise à toutes les sauces par de nombreuses structures pour obtenir un panaché de subventions régionales et/ou européennes. Certains organismes ont une démarche sincère, tels que les Apprentis d’Auteuil qui mettent la main à la pâte (et au porte-monnaie) pour mettre en place des formations pour la jeunesse marseillaise. D’autres me font rugir mettant en avant la pauvreté dans une communication pleine de bons sentiments.
Qu’il s’agisse d’institutions, de partis politiques, de médias locaux ou de structures associatives, tout le monde a un petit mot pour ces quartiers où on ne met jamais les pieds, s’attristant du sort de sa jeunesse et s’auto-congratulant lorsque l’un d’eux réussit une formation dans un métier qui lui permettra de gagner le SMIC toute sa vie. Instant larmichette. Le petit Omar a un désormais un CAP restauration et pourra nettoyer vos assiettes avec le sourire…
« Insertion », la nouvelle marque de lessive qui nettoie tout. De la culpabilité à l’aveu d’échec de la méritocratie républicaine. Pourquoi ne pas simplement admettre que notre système d’enseignement mérite un coup de karcher ? Nos profs sont malheureux, nos élèves ne lèvent pas le nez de leurs téléphones, à hauteur de leurs perspectives d’avenir, c’est à dire par terre et nos entreprises délocalisent.
Si l’on doit faire le bilan depuis l’arrivée des quotas et de la mode de la discrimination positive il y a 15 ans , nous devons reconnaître qu’il est mauvais. La discrimination dite positive n’a fait que légitimer un système de création d’élite parfaitement inégalitaire.
Ce n’est pas du tout impossible de devenir ministre ! Regarder Rachida Dati ou Myriam El Khomri. Si tu es né dans un quartier pourri, il te suffit de relever tes manches et d’apprendre nos codes. Ironie.
Si je partage l’espoir selon lequel l’entreprenariat peut peut-être offrir aux gens ce que l’école n’a pas pu ou su apporter aux générations précédentes, je pense que cela ne marchera pas sans travailler sur la scolarité en amont.
Quelques pistes de réflexion :
Pour les institutions
- Introduire dans les programmes scolaires des cours sur les autres cultures des minorités présentes depuis des décennies (Comores, Côte d’Ivoire, Maghreb…).
- Les inclure dans les sujets de concours des grandes écoles
- Dédiaboliser le port du voile
- Interdire les dérogations
Pour les parents
- Venir présenter son métier pendant une heure dans l’école de vos enfants
- Venir présenter sa culture pendant une heure dans l’école de vos enfants
- Laisser vos enfants se mélanger
- Inciter vos enfants à rêver
La magie de Marseille est que contrairement à ce que pourrait laisser penser les résultats électoraux , le racisme n’est pas l’idéologie gagnante. Nombre de parents/habitants que j’ai rencontrés sont d’accord avec cette démarche. La gauche marseillaise est très divisée mais elle est loin d’être inexistante.
Il est selon moi temps de prendre conscience qu’il n’y a plus rien à attendre de la discrimination positive. Il est temps de soigner le mal à la racine.