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La faiblesse de la démocratie au Québec

Analyse

La faiblesse de la démocratie au Québec

À quelques jours du rendez-vous du 1er octobre, il n’y a pas de meilleur temps pour les Québécois de se faire une tête sur leur système électoral. En fait, les élections sont un temps particulièrement important pour pouvoir juger de la qualité démocratique d’un système électoral.

Les résultats des élections provinciales tels que données dans le « Rapport des résultats officiels du scrutin, Élections générales du 7 avril 2014 » font froids dans le dos. Il y a plus d’une douzaine d’élus qui siégeaient à l’Assemblée nationale sans avoir eu 35 % du vote exprimé par leurs électeurs. Certains élus ont même moins du tiers du vote exprimé.

C’est le cas de la députée de Québec solidaire (QS) Manon Massé, qui a été élue dans la circonscription Sainte-Marie-Saint-Jacques avec seulement 30,60 % des voix exprimées. Les députés du parti québécois (PQ) Agnès Maltais et Dave Turcotte dans Taschereau et Saint-Jean n’ont pas fait beaucoup mieux avec 31,66 % et 32,44 % des voix exprimés dans leurs circonscriptions respectives. Au palmarès des bas pointages, aucun parti n’est épargné. Le libéral Pierre Michel Auger a eu 33,44 % des votes exprimés dans Champlain et Simon Jolin-Barrette de la Coalition avenir Québec (CAQ), 33,50 % dans Borduas.

Selon les données qui sont présentées dans ce rapport, il y a 81 députés sur les 125 qu’il y avait au gouvernement sortant qui a été élu avec moins que la majorité absolue des voix dans leur circonscription. Cela fait qu’environ 65 % des députés du gouvernement sortant ne pouvaient pas dire qu’ils ont été élus par la majorité des personnes qui ont voté. Comme rien n’a été changé dans ce domaine, il est à peu près assuré que la situation se reproduira dans les élections qui arrivent dans quelques jours.

Donner a des personnes qui on eu moins du tiers des votes exprimés dans leur circonscription le droit de représenter tous les électeurs qui y sont, n’est que la première imposture du système électoral actuellement en place au Québec. Le système uninominal à un tour brouille aussi les cartes quant aux grandes orientations politiques que la population du Québec veut.

Cela se fait que ce soit à droite ou à gauche. Encore aux prochaines élections, des circonscriptions où une majorité de gens auront voté à droite, soit CAQ ou libéral, seront représentées par des députés du PQ ou de QS en raison de la division des votes.

La même chose va pour les circonscriptions qui auront voté majoritairement pour la gauche et qui se retrouveront avec un député de la CAQ ou libéral. La situation n’est pas meilleure au niveau de ce que veulent les citoyens comme parti pour les représenter. Alors que les libéraux ont obtenu 41,5 % des voix en 2014, ils ont eu 56 % des sièges en Chambre. Bref, le système électoral québécois est du grand n’importe quoi.

Cette non-représentation des désirs du peuple vient du fait que c’est une variante d’un vieux système électoral anglais du 19e siècle qui est encore utilisé de nos jours. Il faut se rappeler que ce système électoral venu du parlement britannique était à l’origine destiné à fournir de riches individus pour un organe consultatif du roi.

La version qui en a été implantée au Québec efface de plus complètement la séparation des pouvoirs qu’il devrait y avoir dans une démocratie. Si les juges sont nommés à vie, ce qui est conforme à la doctrine démocratique, le système policier qui leur amène les dossiers est nommé par le gouvernement en poste. Il est inutile de savoir s’il y a eu ou non une implication du politique dans les dossiers policiers. Le seul fait que ce soit possible rend la structure faillible et antidémocratique.

Selon Abraham Lincoln, la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Comparée à ce standard, la supposée démocratie représentative que donne le système électoral québécois en fait le gouvernement du peuple par des gens qui n’ont pas en majorité de légitimité démocratique et qui outrepassent leurs prérogatives de représentant du peuple. Il est donc tout à fait normal que selon les derniers sondages 66 % des jeunes Québécois ne fassent pas confiance aux politiciens.

À la lumière de ce que l’on peut constater de ce qui se passe actuellement au Québec, il serait difficile de les blâmer d’être désabusés de la politique québécoise et peu enclin à aller voter.

Ils ne font que constater le peu de démocratie qu’il y a actuellement dans le système électoral qui donne des pouvoirs dépassant ce que la démocratie exige a plus de gens n’ayant pas obtenu la majorité absolue des voix dans leurs circonscriptions qu’a ceux qui l’on.

Auteur
Michel Gourd

 




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