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La femme et l’éveil de l’Algérie : fleurs et colère

La Chronique-Naufrage

La femme et l’éveil de l’Algérie : fleurs et colère

Aujourd’hui, la participation de la femme algérienne dans les manifestations contre le cinquième mandat surréaliste de Bouteflika est grandiose. Salariée ou bien au chômage, étudiante, voilée ou en jean, jeune ou âgée, l’Algérienne a un rôle primordial dans ces événements qualifiés d’éveil.

Chacune accomplit un rôle par amour de la patrie violée depuis des décennies par des monstres nés sur le même sol. Il y a celles qui marchent en scandant des slogans courageux, celles qui offrent fleurs et bonbons  aux policiers, celles qui jettent des bouteilles d’eau depuis les balcons, celles qui s’aventurent pour prendre des photos et recueillir des informations…Toutes les femmes d’Algérie sont unies pour libérer le pays des geôliers qui le prennent pour leur propriété.

La moudjahida Djamila Bouhired est sortie ce 1er mars marcher parmi la foule. Sa présence fait des frissons et donne des larmes. Sa présence rappelle la liesse de l’indépendance que la jeunesse d’aujourd’hui n’a pas vécue.

La participation de la femme dans ces manifestations est une gifle forte pour le pouvoir qui ne croyait jamais voir l’Algérienne sortir dans la rue pour dénoncer et revendiquer des droits non féminins, mais  une deuxième indépendance de l’Algérie. Longtemps, le pouvoir a étouffé le cri féminin par un Code de Famille inspiré de la charia, des médias misogynes, et des associations féministes corrompues. La femme avalait sa colère et se taisait.

Aujourd’hui, l’Algérienne a brisé les chaînes du silence. Elle ne sort pas pour revendiquer des droits simples à elle (question vestimentaire, égalité des sexes…). Non, elle marche dans la rue pour un but suprême, un idéal national : arracher son Algérie à ceux qui l’on spoliée par la corruption. Le pouvoir  en cours de naufrage a donc reçu la gifle et se méfie désormais de la force du féminin.

C’est aussi une forte gifle pour les islamistes, bras droit de la corruption. Longtemps, ces vassaux du wahhabisme trouvaient du plaisir à cracher leurs interdits et fatwas maladives sur la femme algérienne. Ils interdisaient surtout la rue, la porte de la Géhenne selon leurs délires.  Obsédés par le corps féminin, ils voulaient cloîtrer l’Algérienne à la maison en lui donnant deux fonctions : cuisiner et faire des enfants. Tout le monde se souvient de cet Algérien atteint de la maladie islamiste qui a agressé une jeune fille exerçant tranquillement son jogging à Alger. « Ta place est à la cuisine » lui a-t-il craché.

Aujourd’hui, l’Algérienne a démoli le mur. Elle est en train de prouver que sa place n’est pas réduite à la maison et que son corps merveilleusement sculpté n’est pas une honte mais une force. Qu’elle participe amplement à cet éveil national, à côté de l’homme,  pour récupérer le pays volé non pour défendre son corps ou sa beauté.

Et en ce moment historique, tant d’islamistes (partis politiques ou individus) se cachent chez eux ou dans la mosquée en criant qu’il ne faut pas désobéir au maître de la nation. Ils veulent que le peuple s’attache  à Bouteflika et ses alliés même s’ils mènent le pays droit vers un mur. Pour cacher leur hypocrisie puante, ils rabâchent le scénario Syro-Libyen, avertissent sur un complot occidental, ou décrivent des scènes sanglantes de la décennie noire des années 1990.

Un étrange paradoxe : des femmes debout, des  hommes recroquevillés ! Le masque est déjà tombé. Aujourd’hui, la femme a récupéré la rue et prouvé aux islamistes qu’elle  cache dans son corps beau et doux, la force et la révolte. Les islamistes ont reçu la gifle et pris des leçons de la femme.

En somme, les Algériennes ne sont  pas ces odalisques dessinées dans les toiles orientalises, enfermées dans leur appartement. Elles ne sont pas ces « interdites » de la rue. Elles sont les héritières de Tin Hinan, de Kahéna, de Lala N’Soumer, de Djamila Bouhired…et de toutes ces braves femmes qui ont un grand cœur et la révolte dans le sang. Elles sont belles et rebelles.

Et ce 08 mars 2019, elles n’attendront pas des fleurs en plastique pour se taire les 364 jours  restants. Elles sortiront dans la rue une fleur dans la main, et la rage dans les yeux pour un but national. 

Le peuple algérien réussira dans cet éveil parce que les hommes sont soutenus par des femmes. Parce que la révolte est un mot féminin. Parce que « la civilisation est féminine » (Nizzar Qabani).

Belle fête de la journée des droits de la femme à toute Algérienne ! Et belle révolte en fleurs et en colère!

Auteur
Tawfiq Beelfadel, écrivain-chroniqueur

 




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