Beau geste ou démagogie ? À l’occasion de la fête de la femme, le métro d’Alger a annoncé que la journée de 8 mars 2022 sera marquée par une utilisation gratuite du métro d’Alger pour toutes les femmes !?
L’initiative peut prêter à sourire. Quant au grand démocrate Abdelmadjid Tebboune, il a servi un discours taillé dans le bois d’ébène. « L’Algérie a consacré dans sa constitution amendée en 2020, le principe de parité entre les deux sexes dans tous les domaines, professionnel et électoral, ainsi que le protection de le femme contre la violence sous toutes ses formes en tous lieux et circonstances dans l’espace public et dans les espaces professionnel et privé ». Les défenseurs patentés des droits de la femme n’ont plus qu’à se taire devant ce formidable engagement !!!
Seulement il y a un hic. Un gros hic à ce que soutient le bien aimé Tebboune.
Qui se soucie des textes de la constitution quand ce sont ceux-là même qui la confectionnent qui la piétinent en premier ? N’y a-t-il pas des femmes actuellement en détention pour leurs idées ? Combien de femmes subissent les lois d’airain d’une justice faite pour les hommes et par les hommes ?
Qu’en est-il réellement sur le terrain ?
Tous les observateurs avertis vous le diront « Malgré cet arsenal juridique en sa faveur, les droits de la Femme ne sont pas accompagnés d’une évolution significative au niveau des mentalités et des attitudes envers le sexe faible ». Pour preuve, les nombreux féminicides qui défraient régulièrement les chroniques dans la presse.
La famille qui constitue le noyau de la société est la première à entretenir et à transmettre des us et traditions pour le moins arriérées. En dépit de leur instruction, les femmes sont soumises au diktat du conservatisme, aidé en cela par un code de la famille qui tient toujours les femmes pour des mineures à vie. La situation d’une région à l’autre change.
Dans les grandes villes, les femmes se sont certes imposées notamment par le travail et leur indépendance financière. Ce qui n’est pas le cas dans les villages et les localités reculées du pays.
Au-delà de toutes sortes de réformettes sur papier, qu’en est-il réellement dans les faits ?
Quid du statut de mineure à vie qui interdit aux femmes d’accompagner leurs enfants lors de voyages à l’étranger sans un document officiel attestant de l’accord de son époux ?
Quid de ces discours intégristes qui accusent souvent la femme de tous les maux de la société ?
Les vraies réformes posent toujours problèmes quand on sait que les penseurs et réformateurs comme l’islamologue Djabelkheir sont carrément traînés en justice.
En termes de droits, il reste encore beaucoup à faire. Et ce n’est pas la poudre aux yeux comme un ticket de métro gratuit qui y changerait quoi que ce soit ! Encore moins les déclarations péremptoires d’un «président» impopulaire et en rien réformateur.
Le seule hommage qui vaille la peine d’être rendu à la femme est de lui déclarer son amour, pas seulement un 8 mars, mais chaque jour que dieu fait. Algériennes, on vous aime !
Kacem Madani