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La France dort sur des vérités, l’Algérie vit sur des mensonges !

OAS

Les relations entre les deux pays vont certainement évoluer vers une plus grande complexité et poser aussi bien en France qu’en Algérie de redoutables problèmes humains et culturels difficilement surmontables.

Deux facteurs vont y contribuer. L’évolution des techniques de communication et leur développement, la démographie et ses implications. Une démographie galopante de la population algérienne et son le rajeunissement et la dénatalité de la population française et son vieillissement dans les années à venir.

Les relations franco-algériennes resteront pour encore très longtemps marquées par l’ambiguïté et la difficulté, des relations telles que peuvent en entretenir des couples séparés après une longue vie commune et qui n’en finiraient pas de régler les problèmes nés de leur divorce, éprouvant entre des crises d’exaspération, et parfois de colère, de subits accès de tendresse et d’émotion.

La colonisation française fût une prise de pouvoir sanglante sur le corps de l’autre. L’autre n’est pas un être humain, c’est un indigène : une proie à abattre pour garnir la table ou un corps fragile pour assouvir ses bas instincts, hier au nom de la « civilisation de la guillotine » aujourd’hui au nom de la « démocratie et des droits de l’homme ».

« Ne rusons pas, ne trichons pas, A quoi bon farder la vérité ? La colonisation n’a pas été un acte de civilisation, elle a été un acte de force, un viol collectif au regard des droits de l’homme et du citoyen français reconnaissent certains penseurs européens. Le viol des corps et des consciences furent utilisées comme armes de guerre. Une stratégie de la terreur. L’objectif étant de le déposséder de sa terre et de son bien le plus précieux de son corps et de son honneur. Il fallait semer la terreur au sein de la population.

Exposer sur la place publique les corps des fellagas tués, puis pousser leurs compatriotes à les piétiner, violer leurs femmes, écraser leurs enfants, et finir par brûler leurs maisons sont des actes de barbaries qui ne peuvent être oubliés. Le corps a une mémoire ! Le corps hérite d’une histoire, d’une éducation, d’une famille, d’une culture, d’une géographie, de schémas complexes inscrits par des générations qui ont combattu les pieds nus, le ventre creux, le cœur vaillant, la tête libre, les troupes françaises appuyées des armes de l’Otan.

La colonisation française fût une prise de pouvoir sanglante sur le corps de l’autre. L’autre n’est pas un être humain, c’est un indigène : une proie à abattre pour garnir la table ou un corps fragile pour assouvir ses bas instincts, hier au nom de la « civilisation de la guillotine »aujourd’hui au nom de la « démocratie et des droits de l’homme ».

L’indigène a un comportement différent, il a une autre religion, une autre langue, une autre patrie. « Ne rusons pas, ne trichons pas, A quoi bon farder la vérité ? La colonisation n’a pas été un acte de civilisation, elle a été un acte de force, un viol collectif au regard des droits de l’homme et du citoyen français reconnaissent certains penseurs européens. Le viol des corps et des consciences furent utilisés comme armes de guerre. Une stratégie de la terreur. L’objectif étant de le déposséder de sa terre et de son bien le plus précieux de son corps et son honneur. Il fallait semer la terreur au sein de la population Exposer sur la place publique les corps des fellagas tués, puis pousser leurs compatriotes à les piétiner enfin violer leurs femmes pour finir par brûler leurs maisons.

Pour s’installer définitivement, il fallait déraciner leur culture vivrière (les céréales) et planter des cultures spéculatives (vignoble, agrumes), C’est ainsi que la France a pu asseoir son hégémonie sur une longue période. Les traumatismes générés sont toujours vivaces en France comme en Algérie. La blessure est toujours béante. Il est de tradition de présenter les relations franco-algériennes depuis l’indépendance comme marquées du sceau de la difficulté, de l’incompréhension, de la méfiance. Comment en effet ne pas évoquer les crises — du vin en 1967-1968, du pétrole en 1970-1971, de l’émigration aujourd’hui.

En France, la droite n’a toujours pas vraiment accepté ce qui lui apparaît encore comme une défaite, un renoncement, une amputation. Ils avaient rêvé d’une Algérie indépendante étroitement liée à la France par la coopération et où subsisterait une importante minorité française. Or les accords d’Évian (18 mars 1962) ont été vidés de leur contenu par l’exode massif des Européens au printemps et à l’été 1962, exode que les éléments « durs » du F.L.N. n’ont rien fait pour freiner, bien au contraire.

La guerre d’Algérie, pour toutes les familles politiques françaises, constitue une des pages les plus noires de leur histoire contemporaine, page d’autant plus douloureuse qu’elle a été marquée du sceau infamant de la torture. Que les plaies soient encore à vif au bout de six décennies d’indépendance montre que les plaies n’ont pas été cicatrisées, il n’est plus permis d’en douter. L’Algérie reste donc un problème intérieur français, vivace et douloureux. Il en est également le cas de l’autre côté de de la Méditerranée ? Les relations avec la France jouent un rôle majeur dans le débat interne, même si l’opacité d’un régime qui ne tolère pas d’expression autre qu’officielle ne permet pas de cerner exactement l’importance du phénomène.

Le pouvoir se réclame plus que jamais aujourd’hui de l’ « héritage de novembre » (du 1er novembre 1954) et célèbre d’autant plus les vertus des moudjahidin, nous parlons des laisser pour compte eux-ci végètent souvent dans d’humbles emplois administratifs lorsqu’ils n’ont pas choisi, comme nombre d’anciens dirigeants de la fédération de France du F.L.N., de vivre dans l’ancienne métropole. La presse exalte périodiquement les exploits des combattants, justifiant du même coup le rôle dominant joué par l’armée dans la vie politique depuis l’indépendance.

Le régime fonde de plus en plus sa légitimité sur le combat libérateur. Les Français sont-ils les mieux placés pour s’en étonner ou s’en scandaliser, la référence à la résistance contre l’occupation allemande constituant encore une donnée politique essentielle et la collaboration avec les nazis une tache infamante ? Paradoxalement, les adversaires les plus résolus d’hier sont ceux qui ont aujourd’hui à l’égard de la France la plus grande marge de manœuvre. Les responsables qui, au contraire, n’ont rejoint que tardivement le F.L.N ou qui n’ont pas participé du fait de leur jeune âge n’hésitent pas toujours à recourir à la surenchère nationaliste pour se faire pardonner leurs tiédeurs passées.

L’indépendance est comme un pont. Au départ, personne n’en veut ; à l’arrivée tout le monde l’emprunte. Il ne s’agit pas d’entretenir un stérile esprit de vengeance mais pour dire aux jeunes générations de se montrer dignes des aînés et consentir les sacrifices nécessaires pour donner à cette indépendance un contenu économique, social et culturel.

Certains dirigeants rêvent de trancher dans le vif, de baisser un « rideau de fer » qui isolerait enfin leur pays et donnerait toutes ses chances à la politique de diversification tout azimut afin de préserver l’indépendance politique et promouvoir le développement économique. Mais l’Algérie n’est pas la Chine ou la Russie. Elle est proche historiquement et géographiquement de l’Europe du Sud. La proximité géographique, les liens créés par l’histoire — les familles comptant des membres ayant opté à l’indépendance pour la nationalité française sont plus nombreuses qu’on ne le pense, — la densité des relations économiques, conduisent à une situation qui n’a sans doute pas d’équivalent dans le monde. Telle est la toile de fond permanente des relations franco-algériennes. Ignorer ces réalités ne peut conduire qu’à des impasses.

L’Algérie le sait, qui est toujours restée prudente dans ses rapports avec Paris, défendant avec pugnacité ses intérêts, tentant constamment d’obtenir le maximum de concessions sans jamais pousser les différends trop loin. Le poids de la France est trop grand dans la société algérienne pour qu’une rupture soit possible, si souhaitée soit-elle par certains. Mais tous sont animés par le souci constant de limiter autant que faire se peut une influence gênante : modèle culturel pour beaucoup, la France peut être aussi un modèle politique. Il nous reste à conclure par cette citation du Président défunt Houari Boumediene « Les relations entre la France et l’Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, en aucun cas elles ne peuvent être banales », 1974.

Dr A. Boumezrag

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