Site icon Le Matin d'Algérie

« La France et l’Espagne ont une responsabilité directe dans l’intransigeance du Maroc sur la question du Sahara »

Abdelaziz Rahabi :

« La France et l’Espagne ont une responsabilité directe dans l’intransigeance du Maroc sur la question du Sahara »

L’ancien ministre et diplomate de carrière, Abdelaziz Rahabi, estime dans un entretien accordé à El Watan que « la décision de la Côte d’Ivoire de ne pas adresser d’invitation à la RASD, membre de l’UA, pour participer au sommet UE-UA d’Abidjan les 29 et 30 novembre prochain », n’est pas du ressort du pays hôte du moment que les statuts de l’UA, interdisent une invitation sélective des membres.

« En réalité, la Côte d’Ivoire, pays hôte, n’a pas qualité pour fixer les critères ou la liste des États membres participants ; elle jouit du privilège de faire suivre les invitations », estime l’ancien diplomate.

Questionné sur l’implication éventuelle du couple « franco-marocain » dans cette nouvelle tentative pour barrer la route à la RASD, il explique que le Maroc, s’était allié avant l’adhésion à l’UA l’année dernière avec des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, ou la Guinée.

« Le Maroc avait déjà tenté de torpiller la participation sahraouie lors du sommet d’août Afrique-Japon au Mozambique… », a t-il précisé.

Il croit également qu’il est irréaliste côté marocain, « d’envisager un consensus au sein du Conseil exécutif contre la participation de la Rasd, car les décisions antérieures de l’UA sont claires et non équivoques en la matière. », ajoute, l’ancien ministre qui pense que « si le sujet est évoqué avec insistance et beaucoup de bruit, c’est parce que c’est un sommet avec l’Europe », explique-t-il

Interpellé sur l’équilibre des forces au sein de l’UA, entre le Maroc et l’Algérie, M. Rehabi se refuse de verser dans des comparaisons qui mettent le Maroc et l’Algérie dans une posture d’affrontement, tout en lançant une pique vers les pays comme la France, l’Espagne ou certains pays du golf, responsable selon lui de l’endurcissement de la position marocaine, vis-à-vis de la question sahraoui.

«…des postures antagoniques et qui ont fini par faire de la qualité des relations entre l’Algérie et le Maroc un obstacle à la promotion de nos rapports avec la France, l’Espagne et certains pays du Golfe qui ont une responsabilité directe dans l’intransigeance du Maroc sur la question du Sahara. », croit savoir le diplomate algérien, et d’ajouter « Nous n’avons pas les mêmes démarches ni les mêmes alliances, car nous tenons à préserver l’autonomie de notre décision diplomatique, ce qui donne peut-être à notre action moins de visibilité, car non portée dans des relais régionaux. Chaque diplomatie a son identité, le socle normatif de la nôtre est naturellement consubstantiel à notre parcours historique et se projette en Afrique comme une profondeur stratégique naturelle. Nous le faisons plutôt bien, mais avec nos moyens propres. », estime-t-il.

Abdelaziz Rahabi, pense que l’union africaine contrairement au conseil de l’ONU (qui peut par le jeu du veto ralentir ou bloquer le rétablissement d’un peuple dans ses droits légitimes, comme c’est le cas en Palestine), est l’organisation qui « porte le mieux les revendications l’autodétermination des peuples et l’Afrique compte le dernier territoire à décoloniser, selon les propres termes de l’ONU qui, pas plus qu’un autre État dans le monde, ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur ces territoires. », conclut-il.

Auteur
B. Karima

 




Quitter la version mobile