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La francophonie est-elle à la reconquête du monde ?

Grand angle

La francophonie est-elle à la reconquête du monde ?

Poussée par la dépolarisation du monde et la montée en force de l’Afrique, la francophonie mondiale semble vivre actuellement une période de forte croissance qui peut lui faire espérer de récupérer sa gloire passée.

La deuxième Conférence internationale des jeunes francophones (CJF) se tient du 17 au 19 septembre au Palais des Nations à Genève. Parmi les centaines de jeunes de partout dans le monde, il y aura les lauréats de la troisième édition des Prix Jeunesse Francophone 3535. Ce concours créé par l’Association 3535 récompense 35 jeunes francophones de 18 à 35 ans qui ont fait des choses exceptionnelles dans leurs communautés.

Au total, 290 jeunes francophones innovateurs provenant de 36 pays sur quatre continents ont participé à ce concours. Cette conférence à Genève est elle-même un événement de préparation au 17e sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui aura lieu du 11 au 12 octobre à Erevan, en Arménie. La Secrétaire générale sortante, Michaëlle Jean, y affrontera la Rwandaise Louise Mushikiwabo, candidate à ce poste de prestige. L’âpreté de la lutte qui a actuellement lieu montre l’importance de l’enjeu.

Après l’anglais, le français est la langue étrangère la plus apprise dans le monde. Il est déjà la cinquième langue la plus parlée au monde et la deuxième au plan de l’importance politique. C’est une des langues officielles de 57 États dans 29 pays. L’OIF rejoint actuellement 84 pays ou gouvernements qui représentent plus de 900 millions de personnes sur les cinq continents. C’est environ 14 % de la population et du revenu national brut mondial.

Sa croissance est de plus importante. Selon les prévisions, les pays membres de l’OIF devraient représenter plus de deux milliards de personnes en 2050. La très grande partie de cette augmentation est due au continent africain ou devrait vivre 90 % des 700 millions de francophones quand le XXIe siècle aura autant d’années derrière lui qu’en avant. En fait, selon l’OIF, le nombre de francophones dans le monde augmentera de 155 % de 2014 à 2050. Ils devraient donc passer de 3 % de la population mondiale en 2000 à plus de 8 % en 2050. Éditrice et présidente de l’Union des écrivains gabonais, Sylvie Ntsame considère que la francophonie brise les barrières frontalières pour ne former qu’un seul peuple francophone qui partage les mêmes valeurs linguistiques.

Une autre des possibles raisons de cette croissance pourrait aussi être l’avantage technique du français. Avec un riche vocabulaire qui vient du latin, qui a été la langue des sciences pendant des siècles, il permet une communication plus précise que l’anglais. Ses locuteurs peuvent vraiment dire le fond de leur pensée et exprimer leurs désirs dans cette langue spécialement dessinée en Europe pour le pouvoir et la diplomatie.

Plus compréhensible que le chinois, plus précis que l’anglais, plus international que l’arabe et plus exportable que l’allemand, le français voit s’ouvrir devant lui une opportunité exceptionnelle de développement. Cela peut en faire un bon outil pour une gestion efficace des relations entre les pays. Il aurait donc des chances de retrouver son rôle de langue par excellence de la collaboration internationale dans des sujets complexes ou un mot mal placé peut faire toute la différence.

De plus, les conditions qui ont mené au déclin de cette langue parlée dans la plupart des cours d’Europe du XVIIIe au XIXe siècle s’amenuisent actuellement. C’est que la prédominance du dollar américain et de l’anglais comme langue des affaires est contestée par la Chine et plusieurs autres pays émergents du BRICS qui veulent adopter le yuan comme devise et d’autres langues de transaction internationale.

En Afrique, où la Chine est devenue le premier créancier international du continent, des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Rwanda, le Botswana, le Kenya et le Zimbabwe veulent transiger en Yyuan.

Alors que l’anglais et le chinois se battre pour la domination économique du monde, ils créent un environnement propice pour la croissance du français dans toutes les sphères qui nécessite des connaissances internationales, de la puissance de compréhension et de la subtilité. Comme il l’a fait en Europe, le français a donc le potentiel de redevenir tranquillement, à mesure que s’établissent les nouveaux équilibres, la langue internationale.

La conseillère au Conseil économique, social et environnemental (CESE), Marie-Béatrice Levaux, expliquait même en janvier que le français pouvait redevenir la première langue du monde.

Auteur
Michel Gourd

 




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