Samedi 29 juin 2019
La Galerie des glaces, lieu éminent de la puissance royale
Inutile de rappeler ce que représente le château de Versailles dans le patrimoine architectural mondial. Nous nous en tiendrons aux raisons pour lesquelles il fut le lieu choisi par les Allemands pour signer la confirmation de la défaite des troupes françaises en 1870.
Les mêmes raisons pour lesquelles la France a rendu la politesse en 1919 lors du traité de Versailles, dans une situation d’humiliation inversée.
La première explication est le prestige du lieu dans sa globalité, le château dans son ensemble. Mais nul autre endroit que la galerie des glaces ne pouvait représenter une symbolique de démonstration de puissance pour les uns et de renforcement du projet d’humiliation pour les autres.
Elle fut achevée en 1684 sur les plans de Jules Hardouin-Mansart qui remplaça une terrasse ouverte bâtie par l’architecte Louis Le Vau. Cette terrasse reliait les appartements du roi et ceux de la reine.
Longue de 73 mètres, ce lieu extraordinaire de beauté se prêtait à la déambulation de la noblesse qui voulait se montrer au roi et à ce dernier d’y pavaner de son prestige.
Mais il faut aller plus loin pour comprendre le choix de la galerie des glaces. Elle est aussi le rappel, par des peintures prestigieuses, des batailles de Louis XIV en Europe, toutes en allégories antiques. Aucun endroit du château ne pouvait donc mieux représenter le symbole de la puissance française exposée avec fierté et arrogance aux autres monarchies rivales.
Puis aussi, les 357 miroirs allaient définitivement montrer que la manufacture française pouvait rivaliser et même dépasser celle de Venise, jusqu’alors au sommet de cet art de fabrication des miroirs.
Toute la symbolique de puissance guerrière et économique se retrouve donc dans cette galerie des glaces à laquelle on peut, ultime clin d’œil à la puissance militaire du royaume, rajouter les deux salons dont les noms n’emportent aucun doute quant à l’objectif visé, le « salon de la guerre » et le « salon de la paix ».
Voilà pourquoi l’Allemagne puis la France ont utilisé la symbolique des lieux pour prouver à l’autre sa puissance.
Je me souviens, alors jeune enseignant, du scandale provoqué par le Président Mitterrand pour y avoir invité à un sommet des chefs d’État, comme ses prédécesseurs l’avaient déjà fait. Comment le Président de la gauche française avait-il osé, selon ses détracteurs, faire cela dans le lieu qui est à l’inverse absolu des valeurs de la gauche portée au pouvoir en 1981 ?
La réponse du Président François Mitterrand m’avait convaincu : « La république est dans ses meubles ».
Il venait de rappeler que la magnificence des anciens domaines royaux est avant tout le résultat du génie des français, dans tous les corps de métiers, manufacturiers, artisanaux et artistiques.
En conclusion, on comprend pourquoi le choix de la galerie des glaces pour les deux traités, en 1970 et 1919, même si nous récusons leur objectif belliciste qui a provoqué tant de millions de morts en Europe.
Comprendre les raisons d’un fait historique n’est pas le légitimer mais pouvoir l’expliquer.