Mercredi 21 février 2018
La Ghouta orientale plongée dans l’horreur des bombardements du régime
Une nuit de bombardements et plus de 100 civils morts ce mardi dans la Ghouta orientale. Le bilan ne cesse de s’alourdir selon des militants de l’opposition syrienne contactés sur place par RFI. Le régime de Bachar el-Assad mène une violente offensive contre cette enclave rebelle située aux portes de Damas. L’ONU a réclamé l’arrêt immédiat des frappes aériennes contre cette région assiégée et où s’entassent plus de 400 000 civils.
Les avions de combat russes et les hélicoptères du régime syrien ne quittent plus le ciel de la Ghouta orientale. Toutes les villes de cette poche rebelle sont bombardées et pilonnées sans interruption..
Hazem al-Shami est militant de l’opposition syrienne. Il raconte le calvaire que vivent actuellement les habitants de la Ghouta. « Des immeubles entiers s’effondrent comme des châteaux de cartes dans la Ghouta orientale. La population se terre dans les caves mais malheureusement les caves ne nous protègent que des tirs d’obus de mortier du régime. Les bombardements de l’aviation sont très puissants et il ne sert à rien de s’abriter dans une cave. De plus la population est délibérément ciblée. »
Plus de 200 civils tués en quelques jours
Ces attaques ont tué plus de 200 civils depuis dimanche 18 février. Nasser al-Hariri, qui préside pour l’opposition syrienne les négociations de paix à Genève, sous l’égide des Nations unies, a été reçu par la chef de la diplomatie européenne à Bruxelles ce mardi. Brandissant des photos de victimes, il demande à l’Union européenne « d’envisager des sanctions ciblées à l’encontre des membres du régime syrien et des entreprises et des individus russes et iraniens qui participent aux massacres en Syrie ».
« Ces enfants ont été tués hier dans le fief de la Ghouta à cause des bombardements du régime syrien, des milices iraniennes, et de l’aviation russe, sous prétexte que ce sont des terroristes. Mais ce ne sont que des enfants qui n’ont même pas 5 ans. Ce qui se passe à la Ghouta, c’est un crime de guerre. Le droit international condamne ce genre de pratique. Mais en Syrie, le droit international ne s’applique pas », dénonce le diplomate.
Des hôpitaux visés par des bombardements
Assiégés depuis cinq ans, la population de la Ghouta orientale est privée de tout. Pas de nourriture, pas de médicaments, elle vit dans des conditions humanitaires dramatiques. Rares sont les convois d’aide des Nations unies autorisés à entrer dans cette zone. Les quelques hôpitaux encore en service peinent à faire face à l’afflux massif de blessés.
Six d’entre eux ont d’ailleurs été bombardés en 48 heures dans la région et trois mis hors service, d’après l’ONU. Le dernier touché, celui d’Arbine, a été attaqué à deux reprises ce mardi et rendu inopérant. L’Observatoire syrien des droits de l’homme attribue ces frappes à l’aviation russe.
Vers une intervention terrestre
Le régime syrien prépare également une offensive terrestre. Ses forces spéciales – les forces du Tigre – viennent d’être déployées dans la région. Oussama Al Amri, militant de l’opposition syrienne, rappelle que « ce n’est pas la première fois qu’une troupe d’élite est envoyée pour reprendre la Ghouta. Il y a eu le quatrième régiment, les gardes républicains, et bien d’autres forces spéciales. Et aucune de ces brigades d’élite n’a réussi à reconquérir la Ghouta, même avec l’appui de l’aviation russe ».
Ce militant dénonce « guerre d’information et de propagande » menée par un régime qui, « en plus de sa guerre armée, vante sans cesse la puissance de ses forces spéciales ». Des troupes qui, dans le même temps, « commettent des carnages dans la Ghouta. Elles [y] mènent une offensive de plus en plus violente ».
Soutenues par l’aviation russe et les combattants iraniens et ceux du Hezbollah, cette coalition a un objectif précis : reconquérir la Ghouta, et chasser les groupes rebelles qui tirent régulièrement des roquettes meurtrières contre Damas. Cette semaine, ces attaques auraient fait deux morts côté régime.