Vendredi 21 septembre 2018
La grande muette devant un grand dilemme
L’armée algérienne se rangera-t-elle du côté de ceux qui appellent Abdelaziz Bouteflika à briguer un cinquième mandat, ou convaincra-t-elle le chef de l’Etat à rentrer chez lui se reposer ?
C’est le grand dilemme de la grande muette qui a encore le temps, mais qui doit trancher le moment venu. Le chef d’états-majors et non moins vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, a répété maintes fois que l’armée ne fait pas de politique, mais c’est quand même elle qui a fait et qui, jusqu’à preuve du contraire, fera encore les présidents en Algérie.
Après la mort du président Houari Boumediene, c’est dans un conclave tenu à l’ENITA que des militaires ont choisi Chadli Bendjedid, et cela a continué ainsi, jusqu’au retour aux affaires d’Abdelaziz Bouteflika, avec la bénédiction de la grande muette bien sûr.
En 2019, l’armée aura donc son mot à dire, peut-être pas comme ça, directement, mais diplomatiquement. Comme le jour où elle a dû convaincre Chadli Bendjedid à démissionner.
Dans la rue, les commentaires vont bon train et les avis sont partagés. Les uns voient en l’intense activité d’Ahmed Gaïd Salah et les changements qu’il a opérés le prélude à un changement qui inclurait l’arrivée d’un nouveau chef de l’Etat.
D’autres voient, en revanche, les choses autrement : pour eux, le statu quo restera de mise, parce que tout ce remue-ménage est l’œuvre de quelqu’un qui dit agir sous la responsabilité d’Abdelaziz Bouteflika.
Quoiqu’il en soit, rien n’est encore joué, et la balance pourrait pencher d’un côté comme de l’autre. La preuve, après dix-neuf années et cinq mois de règne sans encombre, Abdelaziz Bouteflika a appelé à la création d’un Front populaire, pour le cas où…
Djamel Ould Abbès et consorts disent que c’est pour la sécurité et la stabilité du pays, mais ils ne convaincront personne, l’Algérie de 2018 n’étant pas moins stable que celle de 2017. En 2018, il y a eu un déclic. Lequel ? Quand on le saura, la grande muette aura déjà tranché.