Lundi 30 avril 2018
La greffe d’organes : une urgence à vulgariser en Algérie
Le service de néphrologie du CHU de Batna a organisé le 7ème congrès international de néphrologie qui s’est tenu durant trois journées à l’auditorium du CLS situé au pôle sportif de Batna.
Le wali Siouda Abdelkader n’a pas manqué de féliciter une fois encore durant son allocution le secteur de santé pour les efforts et les pratiques déployés par les éminents professeurs et les chercheurs scientifiques dans ce domaine. Les deux organisateurs du 7e congrès international de néphrologie, les professeurs Chinar Othmane et Ahmed Bougroura, ont indiqué au Matin d’Algérie que cette rencontre a pour objectifs : la transplantation la maladie rénale chronique et aussi la dialyse péritonéale (traitement médical employé afin d’ôter les déchets du sang du patient souffrant d’insuffisance rénale) et surtout faire appliquer les interventions chirurgicales à partir de dons d’organes sur cadavres.
De nombreux obstacles subsistent malheureusement encore, et ce malgré les fatwas émanant des principales institutions religieuses du pays autorisant le don d’organes à un malade par un vivant ou par une personne décédée. Cette question demeure encore difficile à résoudre compte tenu de la réalité socioculturelle des algériens, estiment les spécialistes. Le projet de la nouvelle loi sur la santé, qui prendra en charge, entre autres, le volet relatif à la réglementation et à l’organisation du prélèvement et la transplantation d’organes de personnes décédées à des vivants, apportera sans doute des clarifications pour encourager davantage cette pratique.
Le texte précisera également des volets non traités dans l’ancienne loi, à l’instar des essais cliniques et tout ce qui a trait aux nouveaux médicaments, ainsi que l’actualisation du cadre de prévention. Actuellement, la loi de santé exige que le prélèvement des organes d’un défunt ne doit se faire que par l’accord de sa famille. Or, et pour des raisons d’ordre religieux, la majorité des familles s’opposent à cette décision, sachant que la religion l’autorise, en se référant au saint Coran qui souligne que celui qui sauve une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute une humanité. Le professeur Seba Athman, chef de service de chirurgie néphrologie et transplantation rénale au CHU de Tizi Ouzou a indiqué au Matin d’Algérie que son service a réalisé 155 interventions notamment en transplantation rénale, avec un taux d’évolution et suivi de 96% de réussite.
24000 insuffisants rénaux
Pour sa part, la professeur, président de l’Agence nationale de la greffe et chef de projet au ministère de la santé, Mme Kreba, a fait savoir que la question du don d’organes en Algérie est, en premier lieu, d’ordre socioculturel, soulignant, de ce fait, “la nécessité de changer les mentalités pour l’élargissement du don d’organes qui est d’une importance vitale pour sauver des centaines, voire des milliers de vies”. Selon la professeur, “un tiers des 24.000 personnes en insuffisance rénale sont en attente d’une transplantation rénale, et de nombreux patients qui nécessitent d’autres greffes d’organes sont également dans cette situation.
D’après les estimations des spécialistes du domaine, près de 1,5 million d’Algériens souffrent de diverses pathologies rénales. Parmi les 20.000 sous hémodialyse, 10.000 sont inscrits dans la liste d’attente pour une transplantation rénale.
Le colloque, une vraie opportunité d’échanges scientifiques
En outre, et dans le même sillage, plusieurs intervenants ont partagé leurs recherches scientifiques et expériences dans ce domaine, tel que l’éminent professeur Lionel Rostraing, CHU de Grenoble (France) très réputé au niveau international ; ce dernier a fait savoir par ses trois interventions importantes,sur “l’infection virale après greffe rénale, Traitement de l’hépatite après greffe rénale et enfin Grossesse et greffe rénale”. Autres projets, expériences et exposés ont défilé devant 400 participant entre médecins, spécialistes et professeurs venus des quatre coins du pays et étrangers, tels que la Tunisie, la Mauritanie et la France.
Les expériences réalisées par des praticiens, chercheurs scientifiques et universitaires ont pour but principalement de médiatiser ces expériences et surtout de sensibiliser les citoyens à venir et encore à mieux comprendre l’importance du don d’organes. Selon le docteur Bougroura Ahmed, « plusieurs malades sont actuellement en attente d’une greffe et le don d’organes peut sauver plusieurs vies ». Il est à savoir que le service de néphrologie du CHU de Batna est classé premier au niveau national dans la transplantation rénale, après Alger, a précisé la même source.
A rappeler que durant le congrès, les docteurs, F Lahouel, Mâachi, le docteur Ourlent et son staff médical en collaboration avec l’éminent professeur Chaouch Hocine ont greffé deux couples, soit quatre personnes entre donneurs et receveurs de la même famille, apprend-on. C’est dire que les demandes n’arrêtent pas.