Il y a 63 ans, les armes se sont tues entre la France et l’Algérie. Les peuples, eux, ont avancé, tant bien que mal. Mais alors que les anciens combattants disparaissent peu à peu, un autre conflit, plus insidieux, prospère : celui des mémoires.
Un champ de bataille où l’histoire est moins une quête de vérité qu’un outil politique, manié habilement par des élites en mal de légitimité.
Un passé qui ne passe pas… volontairement
Le souvenir de la colonisation et de la guerre d’indépendance devrait être un sujet d’histoire, pas un argument de campagne. Pourtant, des deux côtés de la Méditerranée, il sert de diversion face aux échecs contemporains. En Algérie, il est le rempart ultime contre toute remise en cause du pouvoir en place. En France, il est le carburant de querelles identitaires qui ressurgissent à chaque échéance électorale. Et pendant que l’on déballe les vieilles blessures, les problèmes actuels restent soigneusement sous le tapis.
Des mémoires instrumentalisées à géométrie variable
L’histoire est devenue une marchandise à usage politique. On s’en empare, on la déforme, on la revendique selon les besoins du moment. Un président français veut « apaiser » en reconnaissant tel crime colonial ? Il est accusé de trahison par certains, de geste insuffisant par d’autres. Un dirigeant algérien convoque l’héritage du FLN pour masquer la crise économique ? Il est applaudi par les uns, moqué par les autres.
Et à force de raviver les blessures, on entretient l’illusion d’une fracture toujours vive. Pourtant, les jeunes générations, elles, n’ont ni connu la colonisation, ni vécu la guerre. Elles ont d’autres urgences : le chômage, l’exil forcé, le mal-être identitaire. Mais ces réalités ne rapportent rien à ceux qui préfèrent faire parler les fantômes du passé.
Et si les peuples reprenaient enfin leur propre histoire ?
Le temps est peut-être venu de confisquer cette mémoire aux professionnels de la manipulation. Laisser l’histoire aux historiens, et la politique aux solutions d’avenir. Refuser d’être otage de querelles orchestrées par des élites qui se nourrissent de division. Après tout, si la guerre est finie depuis 1962, pourquoi faudrait-il que les esprits restent en guerre en 2025 ?
« L’histoire des peuples se vit, se transmet, se partage, loin des calculs des élites. Tandis que les dirigeants écrivent des mémoires virtuelles à coups de discours et de commémorations sélectives, les peuples, eux, racontent leur vérité sur les réseaux, dans les familles, et à travers les générations.
L’histoire authentique n’appartient ni aux palais, ni aux parlements, mais aux cœurs et aux mémoires vivantes. Au fond, la seule histoire qui vaille est celle que les peuples se. se réapproprier, loin des manipulations d’en haut. La guerre des mémoires passera, la vérité des peuples restera. »
Les peuples ont assez subi. Il serait temps de leur rendre leur histoire.
Dr A. Boumezrag