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La guerre gigogne contre Israël

Gaza
Gaza pilonnée en continu par l’armée israélienne

Si les activités militaires se font actuellement dans la bande de Gaza, plusieurs acteurs profitant de ce conflit intégrant la propagande et le sacrifice des Palestiniens sont géographiquement très éloignés des combats.

Le présent conflit au Moyen-Orient sert les intérêts géopolitiques de plusieurs parties prenantes supportant les Palestiniens. Voici une succincte description des positionnements avantageux qu’il leur apporte.

Le Hamas

La montagne de preuves recueillies sur les médias sociaux montre que tous les massacres, tirs de missiles et lancement de drones faits par le Hamas ont été filmés, formatés et présentés sur Internet pour créer le plus d’impact possible. Pour le Hamas, cette guerre est une campagne publicitaire pour imposer son point de vue et aussi recruter des membres dans la très importante génération montante palestinienne.

Le fait que tout y ait été pensé à l’avance dans le moindre détail, autant les vidéos montrant la puissance meurtrière des assaillants, que ceux de la population de Gaza pleurant leurs morts et appelant la communauté internationale à l’aide, pourraient laisser croire que des puissances étrangères ont aidé le Hamas logistiquement et au niveau de la planification de l’attaque.

L’Iran

Le Hezbollah iranien est l’appui logistique principal du Hamas. Sans surprise, le Guide suprême de la République islamique iranienne, Ali Khamenei, affirmait le 10 octobre que sa population embrassait « les fronts et les bras des courageux jeunes Palestiniens. » Le chef de la diplomatie iranienne, Hassan Nasrallah, avertissait pour sa part « les criminels de guerre et ceux qui soutiennent cette entité (Israël) avant qu’il ne soit trop tard pour arrêter les crimes contre les civils à Gaza, parce qu’il pourrait être trop tard dans quelques heures. »

Ce conflit sert aux Mollahs pour diffuser leur idéologie au Moyen-Orient. Il galvanise l’opinion publique dans les pays arabes et dénonce la colonisation israélienne. La stratégie a fonctionné et les dirigeants arabes ont annulé une rencontre avec Joe Biden, au surlendemain de la frappe de l’hôpital Al-Ahli à Gaza le 17 octobre, même si le nombre de victimes et l’identité de ceux ayant causé cette destruction sont, pour le moins qu’on puisse dire très contestés.

La Russie

L’ancien président ukrainien Porochenko affirme qu’il est absolument certain que des membres de Wagner ont été transférés de Syrie à Gaza pour aider à préparer l’attentat du 7 octobre. Poutine a, de plus, reçu deux fois les dirigeants Hamas et son chef, Ismaël Haniyeh au cours des dernières années et a consolidé ses relations avec l’Iran et le Hezbollah pendant la guerre en Ukraine.

Depuis le 7 octobre le Kremlin, qui n’a jamais condamné le Hamas et a accusé les États-Unis d’aggraver le conflit en renforçant son dispositif militaire au Moyen-Orient. L’historienne Anne Applebaum, qui a reçu le Prix Pulitzer, affirme que la Russie et les Iraniens veulent diviser le monde en deux. Elle dénonce la menace des autocraties et demande à l’Occident de faire preuve de courage.

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La guerre au Proche-Orient s’aligne aussi avec les ambitions géopolitiques globales du Kremlin qui a pris la tête du camp défiant l’Occident depuis son invasion de l’Ukraine. Ce conflit sert à renforcer le rapprochement de la Russie avec l’Iran, grand fournisseur de drones, la Chine et des alliés africains récemment convaincus à sa cause. Elle permet aussi de détourner l’attention et les ressources des Occidentaux de la guerre en Ukraine.

La Chine

Pékin n’a pas condamné explicitement l’attaque du Hamas et a envoyé dans la région un émissaire qui a rappelé le soutien historique de la Chine à la cause palestinienne.

Pour Jonathan Fulton du cercle de réflexion « Atlantic Council », Pékin voit dans ce conflit « une opportunité de marquer des points sur les États-Unis », et d’augmenter son soutien dans le monde arabe. Selon lui, il est utile pour la Chine que les États-Unis s’enlisent au Moyen-Orient.

Xi Jinping a récemment réaffirmé que Poutine était son partenaire le plus stratégique, proclamant leur amitié sans limites et leur refus d’un ordre mondial dominé par les États-Unis. Alice Ekman, responsable de l’Asie à l’Institut des études de sécurité de l’Union européenne considère que ces deux autocrates ont un très fort ressentiment envers l’OTAN, les États-Unis et leurs alliés. Ils auraient comme objectif commun de façonner un nouvel ordre mondial.

Le nouveau BRICS+ a aussi rapproché la Chine de plusieurs des pays qui sont actuellement du côté du Hamas.

Comment arrêter cette guerre ?

Les actions du Hamas et les réactions israéliennes qu’elles visaient à entrainer servent donc les intérêts géopolitiques de nombreux pays appuyant les Palestiniens. Aucun de ceux-ci n’a intérêt à faire cesser cette guerre tant qu’ils peuvent en retirer de tels bénéfices. Les membres du Hamas ont cependant leur vie, celle de leurs proches et leur territoire même à protéger. Bien qu’ils procurent beaucoup d’avantages à leurs amis, ils pourraient bien être les seuls à payer la facture de cette guerre gigogne.

Israël pourrait-il retenir sa fureur en échange d’une importante aide des pays occidentaux, qui seraient les premiers à bénéficier d’un tel geste de retenue? Les soldats israéliens pourraient-ils trouver une voie respectant les règles de la guerre et montrant au monde entier l’implication des pays alliés au Hamas? Dans les conditions actuelles, le meilleur adage à appliquer par Israël et ses alliés pourrait être que la vengeance est un plat qui se mange froid.

Michel Gourd

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