Samedi 13 mars 2021
La jeunesse algérienne en quête de changement, d’espoir…
La jeunesse algérienne en quête de liberté et d’un véritable Etat de droit.
« On ne vit pas en Algérie, dit un écrivain bien de chez nous, mais on décompte les jours ». Dans le pays de la jeunesse, les rêves se font tellement si rares que d’aucuns se sont permis d’inventer le néologisme « Y’heb y’aîche » (il veut vivre), pour qualifier quiconque faisant montre d’un minimum de confort dans sa vie.
Comme si le fait de vivre est déjà un luxe pour toute cette jeunesse pétillante qui patauge dans la survie. La désillusion d’une grande partie de la rue algérienne n’a d’égale que son envie de quitter un bateau qui leur semble en plein naufrage.
C’est toujours les mêmes têtes qu’on voit à la télé, avec de la bave dans la bouche, de la langue de bois, des sornettes à dormir debout, des courbettes devant le grand chef, du mensonge à grand décibel, des slogans creux, de la démagogie…
« L’Algérie nouvelle ! », que du pipeau, paraît-il ! Du haut de la pyramide, on tente de vendre de l’illusion et, d’en bas, on moissonne de la colère.
A lire le dernier éditorial de la revue « El Djeich », quiconque tombera des nues : de quelle Algérie parle-t-on pardi ?
De celle qui squatte les rues depuis plus de deux ans pour demander de la dignité ? Ou de celle qui s’approprie indûment et postes, et privilèges, s’apprêtant toute honte bue à déchoir de leur nationalité ceux qui la critique ?
La rue algérienne crie aujourd’hui sa désapprobation contre ceux qui veulent l’asservir, l’affaiblir et la néantiser. La reprise du Hirak est une preuve irréfragable que la rupture est consommée et que rien ne lie ceux d’en-haut à ceux d’en-bas.
Comment rêver quand un vieux sénile « nonagénaire » préside aux destinée de la chambre du Sénat? Comment rêver quand, faisant fi du rejet populaire légitime du système, celui qui est censé être le premier magistrat du pays, appelle le corps électoral pour une échéance législative au mois du juin prochain ? Comment espérer quand la classe politique dans sa totalité se montre « hors champ de couverture » des préoccupations des citoyens?
Comment penser au changement quand la télévision publique, censée couvrir l’actualité du pays, méprise publiquement le peuple, sans qui elle n’aurait plus d’existence? Tant de questions restent en suspens dans cette Algérie déboussolée!
Toute la logique implique qu »avant d’oser une quelconque réforme, institutionnelle ou constitutionnelle soit-elle, l’élite devrait répondre à ce questionnement, qui me paraît essentiel: pourquoi un jeune algérien de vingt ans craint-il déjà l’avenir? Pourquoi n’a-t-il pas le cœur à l’ouvrage ?
Pourquoi devient-il du jour au lendemain fanatique? Pourquoi est-il pessimiste et ne peut guère s’amuser, profiter de la vie, consommer ses jours dignement dans la chaleur du giron familial?
Bref, pourquoi vole-t-on le rêve à ceux qui , sous d’autres cieux, sont la source de tous les espoirs? Disons-le en toute franchise : une politique qui fait fi de la morale la plus élémentaire ne saurait préluder à des lendemains qui chantent.