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La juge qui a condamné Sarkozy menacée de mort : le parquet ouvre une enquête

Sarkozy

L’affaire de la condamnation à la prison de l’ancien président Nicolas Sarkozy continue de secouer la France bien au-delà des prétoires. Deux jours après la condamnation de l’ancien président de la République à cinq ans de prison ferme dans le dossier du financement libyen, la présidente du tribunal correctionnel de Paris, qui a prononcé le jugement, est visée par de graves menaces de mort diffusées sur les réseaux sociaux.

Le parquet de Paris a confirmé samedi l’ouverture de deux enquêtes judiciaires. Selon l’institution, « plusieurs messages menaçants et intimidants » ont été repérés en ligne, visant directement la magistrate. Certains internautes sont allés jusqu’à publier sa photo, exposant ainsi son identité et mettant en danger sa sécurité. Une situation que l’Union syndicale des magistrats (USM) qualifie d’« intolérable » et de « tentative de pression sur la justice ».

Des sanctions pénales lourdes

La loi française prévoit des peines sévères pour de tels actes. Les menaces de mort visant une personne exerçant une autorité publique sont passibles de cinq ans de prison. Le cyberharcèlement peut conduire à deux années d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Quant à la diffusion d’informations personnelles permettant d’identifier un magistrat ou un responsable public, elle est punie jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.

Le parquet a tenu à rappeler un principe fondamental : « La contestation d’un jugement s’effectue par les voies légales de l’appel, pas par des menaces ou des intimidations. » Un avertissement adressé à ceux qui instrumentalisent la liberté d’expression pour attaquer l’indépendance de la justice.

Une condamnation historique et des réactions politiques

Jeudi 25 septembre, Nicolas Sarkozy est devenu le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme sans aménagement de peine immédiat. Les juges l’ont reconnu coupable d’avoir laissé ses proches solliciter des financements occultes auprès du régime de Mouammar Kadhafi pour sa campagne victorieuse de 2007.

Le verdict a provoqué un séisme politique. Loin de s’amender, l’ancien chef de l’État a dénoncé un jugement dicté par la « haine » et s’est dit victime d’un « acharnement judiciaire ». Plusieurs de ses soutiens, notamment à droite, ont repris ces arguments, parlant d’« esprit de revanche » au sein de la magistrature.

La magistrature sous pression

Ces accusations ont suscité une réaction indignée des syndicats de magistrats. L’USM a dénoncé « une dérive grave » qui alimente la défiance vis-à-vis des institutions et encourage les menaces à l’encontre des juges. « Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la sécurité d’une magistrate, mais l’autorité même de la justice », a rappelé l’organisation.

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a condamné « sans aucune réserve » les intimidations. Le premier président de la cour d’appel de Paris a également pris la parole pour défendre l’indépendance de la magistrature et rappeler que toute attaque contre les juges est une attaque contre l’État de droit.

Une justice fragilisée

Cette nouvelle affaire met en lumière la vulnérabilité des magistrats face aux violences numériques. Elle pose aussi la question plus large du respect dû aux décisions de justice dans un climat politique de plus en plus polarisé. Entre les accusations de « justice politisée » et les menaces directes, l’institution judiciaire française est confrontée à une crise de confiance inquiétante.

En attendant l’examen en appel du jugement Sarkozy, prévu dans les prochains mois, les regards se tournent désormais vers les autorités judiciaires et sécuritaires. La priorité immédiate : protéger la magistrate menacée et rappeler que dans une démocratie, l’intimidation ne saurait remplacer le droit.

Mourad Benyahia 

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