Installé en France depuis 2016, Amir Boukhors, connu sous le nom d’Amir DZ sur les réseaux sociaux, fait l’objet de neuf mandats d’arrêt internationaux émis par Alger, notamment pour des faits d’escroquerie, selon la justice algérienne. Mais les juges algériens le recherchent surtout pour son activisme à travers sa chaîne Youtube.
Sacré camouflet pour la justice algérienne ! La justice française a dit niet aux autorités judiciaires algériennes qui voulaient l’extradition d’Amir Dz. Elle a émis des avis défavorables, mercredi 21 septembre, à des demandes d’extradition vers l’Algérie du blogueur et opposant « Amir DZ », a appris l’AFP de sources proches du dossier. Installé en France depuis 2016, le blogueur, de son vrai nom Amir Boukhors, était réclamé par Alger, qui a émis neuf mandats d’arrêt internationaux à son encontre.
Sept de ces mandats d’arrêt ont été émis dans le cadre de condamnations en Algérie pour des faits d’escroquerie. Deux autres, et non des moindres, l’ont été car la justice algérienne l’accuse d’« adhésion à un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’Etat et l’unité nationale », de « financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’Etat » et de « blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle ». Des accusations graves qui touchent aussi de nombreux dissidents de l’émigration.
Suivi par plus d’un million de personnes sur YouTube, le blogueur, qui a déposé une demande d’asile en France, est l’auteur de très nombreuses vidéos hostiles au pouvoir en place à Alger. Comme des centaines de dissidents, il a participé au mouvement de contestation populaire du « Hirak », lancé en février 2019 et qui avait notamment poussé à la démission l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
« Acharnement judiciaire »
Dans ses deux arrêts, dont l’AFP a eu connaissance, la cour d’appel de Paris estime « important » le risque qu’Amir Boukhors ne bénéficie pas « des droits attachés aux nécessités de sa défense et au respect de sa personne » en Algérie. La cour prend notamment en compte dans sa décision « les dernières publications relatives au traitement judiciaire des dossiers relatifs à des opposants politiques ».
« Cette décision est une preuve encourageante de l’indépendance de la justice française face à l’acharnement judiciaire des autorités algériennes et du peu de considération de celles-ci pour la liberté d’expression et le procès équitable », a réagi auprès de l’AFP Eric Plouvier, l’avocat du blogueur, qui souligne que « la brutalité de l’appareil répressif algérien a été prise en compte par la cour d’appel de Paris ».
Plus de 300 détenus d’opinion croupissent dans les prisons algériennes. Un nombre indéterminé de citoyens sont interdits de quitter le territoire national. Sans aucune explication ni décision de justice. D’autres par centaines sont sous le coup de poursuites judiciaires avec de fallacieuses accusations.
Synthèse L.M.