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La Kabylie brûle toujours, nos cœurs saignent

OPINION

La Kabylie brûle toujours, nos cœurs saignent

Les peuples d’Afrique du Nord ont été soumis des siècles durant à tant d’injustices et d’infamies que je ne pensais pas voir de mon vivant une telle tragédie. Ce que subit la Kabylie depuis deux jours dépasse l’entendement. Comment exprimer l’indicible, cette douleur incommensurable qui touche l’ensemble du peuple kabyle ?

On a laissé et laisse encore une région entière, la plus peuplée d’Algérie, brûler et partir en fumée. À qui profite le crime ? On n’a pas vécu pareil drame depuis la révolte de 1871, et il nous faudra des décennies pour réparer un tel carnage humain et écologique. Des oliviers multi séculaires, des arbres fruitiers, les terres fertiles, les figuiers, le bétail, les maisons… tout est ravagé, calciné. On parle d’une trentaine de départs de feu simultané.

On essaie de nous faire croire que les incendies sont le fait de quelques idiots pyromanes. On désigne ici et là des boucs émissaires, qu’on balance à la vindicte populaire. Ce sont des pièges qu’il faut éviter, car les guignols d’Alger n’attendent que cela. Il faudra enquêter le moment venu pour comprendre comment un tel cataclysme a pu se produire. Pour le moment il faut panser nos plaies et soutenir nos sinistrés.

Le pouvoir, fidèle à lui-même, laisse faire et profite du spectacle un paquet de popcorn entre les mains. Les petits généraux sont fiers, ils ne veulent pas d’aide de l’extérieur. Mais ils savent pourtant mettre leur fierté de côté quand il s’agit de se soigner dans les hôpitaux étrangers, ou envoyer leurs femelles accoucher en France afin de préserver leur descendance. À quoi servent-ils encore ? Ils ne savent que nous entraver dans nos initiatives. Ils nous haïssent, c’est une certitude. Ils exècrent le peuple qu’ils ont essayé maintes fois d’éliminer, de soumettre.

Pour faire taire la colère du peuple, ils ont décidé de l’atteindre au cœur, dans ce qu’il a de plus précieux. Au lieu de s’occuper du Hirak et de la contestation, le Kabyle s’acharnera à essayer de reconstruire ce qui a été détruit.

Il faudra un moment ou un autre se poser la question de la séparation d’avec le régime illégitime d’Alger. Cette tutelle servile ne nous apporte que malheurs et contraintes. Je ne dis pas qu’il faille se désolidariser du peuple algérien avec qui nous partageons les humiliations et l’opprobre.

Notre région aujourd’hui n’est plus. Nos villages ont été rayés de la carte avec la complicité du pouvoir qui se délecte de ce qui se déroule devant ses yeux. Il ne faut plus se voiler la face, nous devons arracher notre indépendance vis-à-vis de ces hyènes puantes qui se repaissent de notre chair depuis presque soixante ans.

Auteur
 Azar N-ath Quodia

 




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