Jeudi 15 février 2018
La Méditerranée, ce grand tombeau de migrants clandestins
Malheureusement, l’année 2018 s’ouvre déjà sur le bilan macabre des traversées de la Méditerranée par des migrants clandestins. Il semble qu’à force d’avoir durci leurs mesures sécuritaires pour lutter contre l’immigration clandestine, les pays européens ont provoqué l’effet inverse, à savoir la multiplication des drames humanitaires à leurs portes.
Le 2 février dernier par exemple, 90 clandestins pakistanais sont morts dans le naufrage de leur embarcation au large de la Libye. Le lendemain, les cadavres de 16 migrants pour la plupart originaires de l’Afrique subsaharienne ont été repêchés au large des côtes marocaines. En tout, plus de 246 candidats à la traversée sont décédés, un décompte officiel comparable à celui de 2017 durant la même période. En effet, l’organisation internationale pour les migrations (O.I.M) estime que plus de 16. 000 migrants auraient perdu la vie depuis 2013, en tentant de rejoindre le Vieux continent.
Un chiffre inquiétant qui en dit long, à vrai dire, sur l’aggravation de la situation humanitaire des migrants alors que l’Europe,leur principale destination, peine déjà à s’accorder sur les quotas imposés en 2015 par Bruxelles pour soulager l’Italie et la Grèce, excédées, paraît-il, par les flux importants de réfugiés au lendemain des remous du « Printemps arabe ». D’ailleurs, sur l’objectif de 120. 000 migrants, seuls 27. 695 ont depuis été relocalisés en Europe, un échec qui remet sérieusement en cause le règlement de Dublin régissant le droit d’asile.
Ce dernier prévoit, pour rappel, que le pays responsable de la demande d’asile d’un migrant soit le premier qui le contrôle et s’en charge. Un texte qui déchire littéralement l’Europe, selon les propos du Premier ministre bulgare, Boïko Borrisov.
A ce titre, les pays de l’Est critiquent dès le départ une répartition de quotas de réfugies qu’ils jugent très injuste à leur égard. C’est pourquoi, les Etats membres de l’U.E ont acté récemment, à Bruxelles, la révision de la convention de Dublin prévue pour le mois de juin prochain. Cela intervient aussi dans le contexte tendu de la polémique née après la diffusion, en novembre 2017, par la chaîne de télévision américaine CNN d’images de migrants vendus comme esclaves par leurs passeurs en Libye.
Bref, le but de cette révision étant, à en croire Dimítris Avramópoulos le commissaire aux affaires intérieures et à la migration, d’harmoniser les règles pour que l’U.E puisse remplir son obligation morale et juridique d’offrir l’asile aux personnes qui en ont besoin.
Mais les Etats membres de l’U.E parviendront-ils vraiment à réguler un mouvement migratoire qui s’intensifie de jour en jour alors que les contours géographiques de l’instabilité régionale s’élargissent de plus en plus ? Un vrai casse-tête chinois pour eux sans aucun doute!