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La meute des loups fait sa ‘’loi’’ dans nos rues et plages

Grand Angle

La meute des loups fait sa ‘’loi’’ dans nos rues et plages

Le meurtre d’un touriste sur une plage a soulevé du dégoût dans la population. Les journaux et les réseaux sociaux n’ont pas monnayé leur énergie pour relier ce dégoût. En revanche, les partis politiques, comme d’habitude se sont fait remarquer par leur silence. Il est vrai qu’ils sont hantés par leur seule obsession, la prochaine élection présidentielle.

L’indignation populaire contre ces malfrats des parkings et des parasols exprime un ras-le bol des citoyens refusant de se soumettre aux aberrations de l’incompétence et de l’infantilisme. Oui Ils en ont assez de la folie furieuse d’une violence qui s’installe ‘’tranquillement’’ dans leur quotidien. Sensible à ce torrent d’émotion, je veux par cette article partager quelques idées pour répondre à des questions qui taraudent je pense tout un chacun.

Que se passe t-il dans la tête d’un chien de garde d’un patron de parasols de plage pour tuer un homme devant ses enfants ? Est-ce pour vider son sac débordant de frustration et de haine et se prouver à lui-même qu’il existe ? Puise t-il son  courage dans le vertige du vide qui le vrille ou bien dans les morsures de la misère qui le démange ? Ou se prend t-il pour le Roi de la jungle où l’impunité est reine et la loi un jeu de fête foraine ? Et s’il commet une forfaiture en toute conscience, cela signifie t-il à la fois son mépris de la vie des autres et une défiance à l’encontre de l’État ?

On peut se poser sincèrement ces questions quand les autorités ne réagissent pas devant des situations qui se répètent chaque année. Et comme explication de situations et de comportements ubuesques, on nous fourgue toujours le même mensonge sorti d’imaginations arides.

Ainsi on nous vend toujours les mêmes causes de la hausse vertigineuse des  prix,  ou bien juré promis, les plages seront gratuites et les magasins seront ouverts le jour de l’aïd. Tous ces exemples passés au scanner révéleront une machine économique à bout de souffle. Pourquoi ? Pour bizarre que cela puisse paraître, le pays flotte dans un brouillard parce qu’il est orphelin d’une véritable Pensée qui insufflerait une dynamique économique et sociale. En revanche, c’est le trop plein du côté des idées archaïques et de croyances infantiles débitées sans rougir par des charlatans. Le fossé est de ce fait énorme entre les réalités et les idées archaïques qui couvrent de leurs ténèbres les merveilles et la complexité de la vie. Et la Pensée qui peut éviter le dit fossé est inconnue ou méprisée. Je nommerai plus loin quelques concepts fruit de cette Pensée qui peut faire émerger une dynamique dans une société

Pour le moment, posons la question du pourquoi de la pitoyable répétition des choses qui rythme la vie du pays. Pourquoi un peuple sorti fatigué d’une longue guerre a-t-il été mis de côté alors qu’il était prêt à quelque sacrifice pour effacer les visages hideux de la misère et de l’ignorance une fois l’indépendance acquise ? Hélas la réponse n’a pas tardé quand on a vu la dégringolade de la valeur de la monnaie (reflet de la richesse produite) qui portait atteinte au pouvoir d’achat déjà modeste. La monnaie s’érôdait et continue de chuter parce qu’elle s’appuyait et continue de s’appuyer sur des béquilles à la merci de la moindre brise (celle du marché du pétrole).

Une monnaie est comme le drapeau, un symbole de la souveraineté politique d’un pays. Et la souveraineté a son prince qui porte le nom de Machiavel qui a donné ses lettres de noblesse au Politique. Et la monnaie de la féroce économie d’aujourd’hui obéit au concept de la plus-value, magistralement théorisée par Karl Marx. Un concept qui renferme les notions du travail producteur de richesses et du profit. Mais une monnaie qui repose sur la rente (pétrolière) et gérée selon les règles comptables de l’épicerie, ne peut rendre service à une société dont l’ambition est d’entrer dans le ‘’cycle vertueux’’ du développement.

Avec la rente, les tentations des dépenses des nouveaux riches sont nombreuses et tant pis pour les douleurs du lendemain. Les rentiers puisent dans le grenier où s’entasse cette richesse réelle mais qui s’évapore très vite. Normal, le processus de travail producteur de richesses, ces messieurs ne connaissent pas.  Ça rappelle l’histoire de l’Espagne qui a pillé les mines d’or de l’Amérique du sud pour mener la belle vie en achetant tout chez ses voisins. Résultat des courses, la rente/trésor finit par fondre pour satisfaire les estomacs et la grande Espagne de Charles Quint finit quelques siècles plus tard par se coltiner Franco. Cette métaphore de la rente qui perd ses plumes et ses attraits avec le temps, on la retrouve chez les aristocrates français qui dormaient sur les lauriers de leur économie de la rente et ne voyaient pas venir la révolution qui libéra leurs serfs. Le travail salarié contenu dans la fameuse plus-value ouvrit les portes du pouvoir aux bourgeois/capitalistes méprisés par la caste oisive des aristocrates….

Ainsi nous sommes partis de nos plages où l’on ôte la vie à un brave père de famille pour arriver à la rente et aux rentiers qui se goinfrent en distribuant des miettes et laissant à l’abandon nos rues et nos plages dans les mains des laissés pour compte. Pour des miettes, ces derniers sont prêts à tout pour fructifier leurs misérables gains au prix de la dignité et même de la vie de leurs concitoyens que l’on terrorise en bande. Quel courage !

Y a-t-il une relation entre le garde-chiourme qui se prend pour le Roi-Lion de la jungle et Machiavel, l’auteur du Prince. Non car contrairement au Roi-Lion qui use de sa force animale, Machiavel avait conseillé au Prince d’un royaume, de faire appel à l’intelligence politique afin de s’éviter que l’on vienne le sortir de son lit à l’heure du laitier. L’intelligence du Prince (1) est le contraire du machiavélisme du rentier qui lui chérit la fameuse devise ‘’jouir des belles choses aujourd’hui et après moi le déluge’’.

Quant à la plus-value produite par le travail mais qui va dans la poche du propriétaire du capital, elle n’a pas évidemment la faveur des rentiers. Ces derniers ne sont pas de véritables capitaines d’industrie pour accumuler du capital en vue d’investir. Investir et attendre les fruits de ce travail pour en jouir, ça ne cadre pas avec leur mentalité de la jouissance à la va vite, gourmands et gloutons qu’ils sont.

Pour compléter cette réflexion il n’est pas inutile de faire un détour par Lacan célèbre psychanalyste. Ainsi Lacan a-t-il fait appel à la plus-value de Marx pour comprendre la spécificité d’une certaine folie qui enfante de la perversion dans la société d’aujourd’hui. Constatant que la plus-value en économie capitaliste entraîne un patron dans une course effrénée pour faire toujours plus de profit, Lacan y trouve une ressemblance avec le pervers qui court toujours derrière un gain supplémentaire de jouissance. La ressemblance s’arrête là. Le gain « dans une entreprise, c’est la ‘’norme’’ obligatoire (pour ne pas se faire éjecter du marché). Quant au pervers, victime de carence affective et autres traumatismes, il trouve de l’apaisement éphémère dans la recherche obsessionnelle d’un gain ».

Aussi, il ne faut pas négliger les ingrédients qui nourrissent la folie détrônant le Droit dans l’espace public. Cette insupportable situation est le résultat du couple politique/économie à l’origine de la misère sociale et affective. Pareille situation dans le beau pays qui est le nôtre favorise l’éclosion de la meute des loups et les litanies sirupeuses et soporifiques des charlatans quand ces derniers ne rencontrent pas de résistance.

A.A.

Note

(1) « Le Prince » est le titre d’un traité de philosophie politique de Machiavel, né à Florence le 3 mai 1469. Avec cette œuvre Machiavel est entré dans le cercle restreint des philosophes de la science politique, le Politique qu’Aristote a qualifié d’art suprême. Cela veut dire que le Politique se pense dans le long terme, qu’il maîtrise les rapports de force et que le prince ne méprise pas les forces politiques qui représentent des portions de la souveraineté. Du reste on désigne tout grand politique de Florentin un habitant de Florence où est né Machiavel. En France François Mitterrand passe pour un Florentin de haute voltige.   

 

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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