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La mezzo-soprano Doris Lamprecht : chanter rend heureux définitivement !

Doris Lamprecht

Doris Lamprecht Crédit photo : Matilde Fassò

Doris Lamprecht est une célèbre mezzo-soprano, dont l’aura illumine tout ce qui l’entoure, tant la grâce, le talent et l’humilité s’emmêlent pour ne faire qu’un.

Sa maîtrise vocale atteint les sommets et les plus hautes cimes, une harmonie quasi céleste et spirituelle, quand on l’entend nous sommes saisis et transportés comme par magie par des émotions qui jaillissent pour baigner le corps et l’esprit laissant les sens en éveil, l’œil et l’oreille s’émerveillent, c’est la voix du soleil.

Doris Lamprecht est l’une des plus grandes chanteuses mezzo-sopranos occidentales, bénie par les arts écartant tout brouillard pour ne laisser que l’éclaircie salvatrice d’où les espoirs jaillissent. C’est une voix qui relie la terre au ciel jusqu’aux univers sans fins et limites.

Quand j’écoute Doris Lamprecht je ne peux m’empêcher de penser à Marian Anderson, Agnès Baltsa, Teresa Berganza, Olga Borodina Grace Bumbry, Brigitte Fassbänder, Waltraud Meier, Martha Mödl, Gertrud Burgsthaler-Schuster, Angelika Kirchschlager, tant son talent est grand. Doris incarne tout à la fois le travail, la maîtrise, le don et le talent, des capacités vocales très vastes, ajoutant des couleurs et de la vie aux répertoires qu’elle visite, qu’elle chante et incarne.

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où elle passe son prix de chant dans la classe de Jane Berbié, à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris auprès de Michel Sénéchal, elle suit des Masterclasses avec des professeurs de renom tel que Christa Ludwig, Daniel Ferro, Lorraine Nubar, Sena JurinacAnthony Rolfe Johnson, Véra Rosza, Heather Harper, Nancy Evans, et se perfectionne en Mélodie et Lied auprès de Gérard Souzay, Dalton Baldwin, Gerald Moore, Martin Isepp et surtout Ruben Lifschitz.

Doris Lamprecht se distingue par sa présence sur scène et ses qualités vocales dans un très vaste répertoire, qui va de Monteverdi, Bach, Haendel de (Scipione à Beaune), aux compositeurs contemporains (créations du Maître et Marguerite de York Höller au palais Garnier, des Lettres de Westerbork d’Olivier Greif, de La   Frontière de Philippe Manoury).

Par son talent elle a marqué de son empreinte la Junon du Platée de Rameau, mis en scène à l’Opéra de Paris par Laurent Pelly – avec lequel elle joua au théâtre.

Elle s’est notamment fait remarquer dans Mme Boulingrin (Les Boulingrin, création de Georges Aperghis à l’Opéra-Comique, Lady Pamela dans le Fra Diavolo d’Auber, à l’Opéra-Comique et à l’Opéra Royal de Wallonie, et Ermerance (Véronique) mise en scène par Fanny Ardant au Théâtre du Châtelet. À l’Opéra de Paris, dans Die tote Stadt, Exceptionnelle dans Brigitta.

À l’aise en italien, en français, en allemand, elle interprète avec succès Verdi (Rigoletto à Strasbourg, La traviata à Orange), d’Offenbach (Les Brigands à l’Opéra Bastille, La Belle Hélène à Zürich sous la direction de Nikolaus HarnoncourtLa Périchole à Marseille, La Vie Parisienne à Tours), de Mozart (La Flûte enchantée à Aix-en-Provence, Lyon et Orange), de Alban Berg (Lulu à Metz), ou encore de Humperdinck (Hänsel et Gretel à l’Opéra des Flandres).

Elle s’est fait également remarquer dans de nombreux rôles dont Dame Marthe (Faust à Lille, Amsterdam et Paris), Gertrud (Hamlet à Saint-Etienne et Moscou), Marcelline (Les Noces de Figaro à Tours et Reims), La Duègne (Cyrano au Châtelet et au Teatro Real de Madrid), Madame Larina dans Eugène Onéguine à Strasbourg, Avignon et Genève, Madame de Croissy (Dialogues des carmélites à l’Opéra de Nantes et Angers), Madame de la Haltière (Cendrillon au Liceu de Barcelone), La Marquise de Berkenfield (La Fille du régiment à l’Opéra de Paris), mise en scène de Laurent Pelly, avec Natalie Dessay et Juan Diego Florez.

Doris Lamprecht est régulièrement à l’affiche à Paris, notamment la Sorcière dans Hänsel et Gretel à L’Opéra de Paris, ainsi que dans Faust et à l’Opéra, mise en scène de Jérôme Deschamps pour Les Mousquetaires au Couvent, Hedwige dans Guillaume Tell, Jacqueline dans Le médecin malgré lui au Grand Théâtre de Genève, L’Opinion Publique dans Orphée aux Enfers à Nancy et Montpellier et à Nantes-Angers Opéra.

Cette chanteuse lyrique née à Linz en Autriche d’une mère compositrice de chansons folkloriques autrichiennes et d’un père fonctionnaire a su mener avec brio une carrière internationale, ses qualités vocales et son talent scénique l’amènent sur les plus grandes scènes mondiales.

Doris Lamprecht est professeur de chant au Conservatoire à Rayonnement Régional CRR de Paris, au PSPBB – Pôle Supérieur Paris Boulogne-Billancourt, au Conservatoire de Musique du 8ème et 9ème   arrondissement CMA8 et CMA9 à Paris.

Doris Lamprecht est membre fondateur aux côtés d’Ariane Jacob, Marc Surgers, Daniel Gardiole, Soyoung Lee, Sarah Niblack et André Serre-Milan, du Festival Chant de la Terre qui propose la 3e édition du 13 au 15 septembre 2024, toujours dans le cadre idyllique du Jardin d’agronomie tropicale de Paris, au 45 bis avenue de la Belle Gabrielle 75012 Paris, pour de belles rencontres où se mêlent les parfums, les couleurs et les styles musicaux.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes une célèbre chanteuse mezzo-soprano, vous sillonnez le monde, vous paraissez infatigable, qui est Doris Lamprecht ?

Doris Lamprecht : Je ne suis que l’instrument qu’on a bien voulu me confier à ma naissance et que je continue à travailler à travers les hauts et les bas d’une vie accomplie. Toujours heureuse et curieuse de prendre de nouveaux défis. J’ai la chance de pouvoir renouveler ma passion tous les jours.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes membre fondateur de ce beau Festival Chant de la Terre, qui en est à sa 3e édition, parlez-nous un peu de ce festival ?

Doris Lamprecht : C’est un Festival fondé il y a trois ans par une amie pianiste Ariane Jacob.

Le jardin d’Agronomie tropical du Bois de Vincennes est un lieu absolument magique et très peu connu par les parisiens.

Vous y trouvez les vestiges de l’exposition coloniale de 1907 en partie restaurés. Les concerts auront lieu au Pavillon Indochine et en plein air.

Les artistes viennent des quatre coins du monde et vous feront découvrir des compositeurs et leurs partitions qui sont elles-mêmes le fruit de la rencontre des cultures.

Le Matin d’Algérie : Le concert d’ouverture de cette troisième édition de ce Festival du Vendredi 13 septembre à 19h30 au Pavillon Indochine est “Chants d’Espagne et de Kabylie” avec la célèbre Amel Brahim Djelloul et le guitariste Thomas Keck, un mot sur cette chanteuse soprano Amel Brahim Djelloul qui mêle la tradition et le classique.

Doris Lamprecht : Amel et moi nous nous connaissons depuis la production « Véronique » d’André Messager, donnée au Théâtre du Châtelet. Elle m’a tout de suite fascinée par sa spontanéité, sa sincérité son talent et surtout son humanité. C’est une grande « Dame » autant connue dans le monde de l’Opéra que des concerts et récitals.

Je suis très heureuse qu’elle ait accepté de partager son amour pour la musique traditionnelle kabyle et de nous faire voyager grâce à un large éventail de son art et ses talents. J’ai hâte de l’accueillir et surtout de l’écouter.

Le Matin d’Algérie : Comment est née cette passion pour l’art lyrique ?

Doris Lamprecht : Comme vous le savez, je suis Autrichienne. Sans prétention aucune je peux vous assurer que la musique en général a une grande place dans la culture des Autrichiens.

J’ai débuté petite soliste à l’église, je suis passée soliste de notre chorale du lycée. Il était facile de dire : pourquoi ne pas tenter un Conservatoire supérieur ?

Le Matin d’Algérie : Quels sont les chanteurs lyriques qui vous influencent ?

Doris Lamprecht : J’ai toujours été en admiration devant Kathleen Ferrier et Christa Ludwig. Ensuite ce sont des rencontres sur scène. José Van Dam, immense artiste et collègue, Margaret Price avec laquelle j’ai eu la chance de partager la scène dans « Ariane à Naxos » et tou(s)tes les autres qui m’ont tellement appris rien qu’en les observant.

Je suis malgré ma longue carrière, comme un enfant jouant à la locomotive. Je m’émerveille de tout et mes antennes restent ouvertes sans jamais se blaser.

Le Matin d’Algérie : Que pensez-vous de l’enseignement du chant dans les conservatoires parisiens ?

Doris Lamprecht : Nous avons beaucoup de chance à Paris, car chaque conservatoire d’arrondissement a une classe de chant. Les professeurs sont de qualité et les modules complémentaires proposés préparent aux grandes écoles toutes celles et ceux qui se montrent digne de notre art. La seule chose que je regrette est le temps imposé.

Les chanteurs ne sont pas de petits élèves de 5 ans qui débutent avec une demi-heure et dont la concentration a des limites.

Malheureusement, nos jeunes recrues entre 18 et 20 ans ne feront qu’une demi-heure comme les petits, alors que le temps de comprendre son corps, son propre instrument, nécessite beaucoup de patience. Personnellement, je dirais qu’un minimum de quarante-cinq minutes seraient beaucoup mieux pour avancer plus vite.

Le Matin d’Algérie : Y a-t-il un pont entre le chant traditionnel dit folklorique et le chant lyrique ?

Doris Lamprecht : Le chant lyrique trouve forcément ses origines dans le chant traditionnel. Le chant folklorique raconte des histoires mettant en musique des situations avec des textes. S’en suivent des Madrigaux en Italie, le premier Opéra vers 1598…

Le Matin d’Algérie : Que pensez-vous de ce proverbe égyptien « N’est malheureux que celui qui ne sait pas chanter » ?

Doris Lamprecht : J’adore les proverbes orientaux. Effectivement chanter est également une thérapie pour moi. On rayonne on respire on vit. Chanter rend heureux définitivement !

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Doris Lamprecht : Je suis actuellement en répétition à l’Opéra de Paris pour « Les Brigands » une opérette de Jacques Offenbach. Je suis très heureuse de faire partie de cette aventure. Ayant chanté le rôle principal, il y a trente ans dans cette même maison et la même opérette, je me retrouve toujours sur la même scène, cette fois-ci dans un rôle beaucoup plus modeste. Mais quel plaisir de voir tous ces jeunes talents autour de moi. La boucle se boucle.

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Doris Lamprecht : Il y a de très belles voix en Algérie qui soigne cette culture lyrique. J’ai cette année même une nouvelle étudiante au CRR de Paris (Conservatoire à rayonnement régional) que je serais heureuse d’accompagner le plus loin possible.

Qui sait ? Une interview d’elle dans quelques années. Je vous donne rendez-vous.

Entretien réalisé par Brahim Saci

Doris Lamprecht
https://fr.wikipedia.org/wiki/Doris_Lamprecht
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