Site icon Le Matin d'Algérie

La place de la patrie dans l’Oumma

REGARD

La place de la patrie dans l’Oumma

Qu’est-ce que c’est qu’un peuple ? Le terme désigne selon Larousse «un ensemble de personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des liens culturels et des institutions politiques». 

En d’autres termes, un ensemble d’êtres humains, constitués de femmes et d’hommes, occupant un espace donné, réunis par un instinct de survie, dans un cadre purement social que sécuritaire. 

La notion de peuplement a bien évidemment évolué au fil des temps pour se voir substituer aux immenses terrains qui délimitaient jadis les espaces d’action pour les besoins de la chasse, un territoire avec des frontières et une organisation dotée d’institutions politiques. 

Mais de nos jours, un peuple désigne tout aussi un ensemble d’individus d’une même espèce, pluriethnique et/ou multiculturelle, dans un métissage de couleur et de croyances diverses ou même sans croyance, mu seulement par un intérêt socio-économique de vouloir vivre ensemble, à l’image de la citoyenneté à titre d’exemple.

Cette volonté d’appartenance à une entité distincte et spécifiquement déterminée est appelée peuple. Celui-ci est formé par l’adhésion volontaire de plusieurs ensembles d’individus de souche identique au point de vue de la culture et d’un passé commun sur le plan historique notamment.

Organisé sous l’autorité d’une entité morale nommée État, auquel le peuple délègue toutes ses prérogatives de pouvoir parler et d’agir en son nom, conformément aux lois et aux règlements en vigueur. 

Ainsi donc, est né le concept d’État qui regroupe en son sein l’ensemble des individus constitué de femmes et d’hommes ayant prêté serment d’y vivre ensemble, de le chérir enfin et de le défendre quels qu’en soient les aléas et les dangers à encourir.

« L’État-Peuple » ainsi constitué se retrouve de nouveau à la faveur d’un certain nombre de circonstances le contraignant à l’adoption du nouveau concept de la « Oumma » instauré par suite des conquêtes arabo-musulmanes au titre desquelles « l’État-Peuple » devient « État-Nation ». 

Il en est de même pour les autres regroupements survenus particulièrement en Europe de l’Est et en Asie notamment et qui ont bouleversé de fond en comble la notion d’appartenance nationale au profit d’unions de fait sous couvert de visions purement idéologiques.

Par ailleurs, « l’État-Nation » ne peut se prévaloir d’être l’égal de « la patrie » ou s’en substituer non plus car cette notion de la Oumma est plutôt vague que dégénérescente à l’endroit même de l’esprit patriotique, auquel il est fait injonction de s’y dissoudre, l’échine entièrement courbée.

Trop longtemps, obnubilés par les discours creux des partisans de l’Oumma qui ne parviennent aucunement à inculquer au peuple la prééminence de la patrie sur cette notion vague qui consiste à se délester de sa propre personnalité au profit de celle de l’autre diluée dans un ensemble non homogène qu’indéterminé.  

Cette dualité entre « Patrie et Nation » refait surface à la faveur de l’émergence du principe des peuples à disposer d’eux-mêmes consacré par le droit international à la lumière de l’évolution des mœurs.

En effet, la Oumma contrairement à la Patrie qui n’enflamme pas autant les masses que ne les soulèvent l’amour et l’appel de la patrie.  

Si la Oumma a cette particularité de nous faire considérer tous « frères » dans la foi, elle ne peut en aucun cas constituer un éveil des consciences des peuples qui la forment, pas plus qu’elle ne saurait faire battre les cœurs à l’appel de leur Patrie.

Des exemples sont légions pour nous faire admettre clairement un certain nombre  d’incompatibilités d’humeur, les reniements et les traîtrises qui sont imputables à l’Oumma plutôt qu’à l’esprit patriotique : Les différentes agressions militaires dont certains pays de l’Oumma ont été l’objet ces dernières décennies, les identités culturelles qui se revendiquent par les peuples mais qui n’ont jamais suscité un semblant d’intérêt vis-à-vis des partisans de cette idéologie.

Autre exemple qui a été vécu par la majorité écrasante des Algériens comme étant une atteinte à l’honneur et à la dignité de l’Algérie en tant que peuple, lors des qualifications pour le mondiale de 2010 en Égypte, sans pour autant inquiéter outre mesure les partisans de l’Oumma, lesquels se sont désolidarisés des joies et des peines de leur peuple au motif d’endosser l’image de renégats face au mythe de l’Oumma. 

Auteur
Rezki Djerroudi

 




Quitter la version mobile