Vendredi 15 février 2019
La présidentielle et la rançon du cynisme
Lorsque la déraison et l’irresponsabilité viennent à supplanter la sagesse et l’humilité des vieux jours dans l’esprit de l’homme l’on assiste alors comme vous l’aurez remarqué à ces attitudes indécentes et lamentables de chaque fin de mandature présidentielle et ce depuis 2008.
Une conduite assumée qui confine à l’absurde mais qui trahit une profonde soif du pouvoir et une haine revancharde sans pareille qui, apparemment, nous réserve d’autres surprises.
Comment peut-on vanter les avancées et les réalisations grandioses d’un programme présidentiel mandat après mandat lorsque l’on sait qu’après vingt ans de règne sans partage la valeur de la monnaie nationale le dinar n’a jamais été autant dépréciée ? Une monnaie nationale qu’un programme présidentiel ressassé comme une rengaine au fil des jours sans pouvoir apporter les solutions appropriées pour la sauver ou la conforter.
Pire encore il a plané quasiment au-dessus de tous les fléaux et les maux qui ont gangrené les secteurs de l’économie nationale, l’administration et les corps constitués comme la corruption, le trafic d’influence et les pratiques illicites sans y apporter de remèdes sérieux.
Avec le scandale des 701 kg de cocaïne importés frauduleusement du Brésil en 2018, l’Algérie se retrouve honteusement cataloguée parmi les pays narcotrafiquants de la planète, une scabreuse affaire qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Le programme présidentiel a surtout abondé dans le court-termisme politique et le clientélisme tous azimuts pour ratisser large dans les allégeances et l’achat des consciences. Ce qui laisse dire que même pour rempiler au prochain scrutin présidentiel les jeux sont déjà faits encore une fois.
Le goût du lucre et de la prédation n’ont fait que se cristalliser autour de ce programme présidentiel qui a fait le bonheur de beaucoup de vampires qui n’en démordent pas et qui se congratulent à chaque échéance électorale, prêts à se sacrifier pour perpétuer le règne qui les a gavés de privilèges et de prébendes colossaux.
Un programme qui annonce un chapelet de réformes pour soi-disant changer les choses au travers d’une conférence inclusive post-électorale, des réformes que l’on sache , qu’il a traînées comme un refrain de chanson au fil de quatre mandatures successives pour les remettre au goût du jour soudainement pour l’après jour J, mais cela transpire encore une fois l’arnaque, n’est-ce pas ?
Il promet aussi d’investir dans la jeunesse et son avenir parce qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Cette jeunesse souffre-douleur à laquelle il promet monts et merveilles sans jamais lui offrir aucune chance de prendre le relais dans les rouages du pouvoir qui demeurent la chasse gardée des gérontocrates et des carriéristes en politique.
Une jeunesse laissée-pour-compte qui attend son tour de gagner au loto national des logements sociaux et des crédits Ansej comme dans un réflexe pavlovien à défaut de lui offrir un poste de travail qui garantit sa dignité. Une jeunesse dont on exploite les frustrations pour l’aliéner et capter sa conscience dans un but électoraliste.
Et comme pour cautionner l’illégitimité des hautes institutions et faire diluer le fiasco et le cynisme de gouvernance dans un océan de bonnes intentions, il est fait impasse sur la dissolution de l’APN et du Sénat après les élections car on ne touche pas à ce qui fait la continuité dans la rapine, cette nouvelle raison d’Etat qui fait pérenniser le régime jusqu’à faire bloc autour d’un cinquième mandat des présidentielles pour faire durer l’accumulation de profits personnels.