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La protesta à la croisée des chemins : « soit c’est vous, soit c’est nous », scandent les manifestants

DISSIDENCE CITOYENNE

La protesta à la croisée des chemins : « soit c’est vous, soit c’est nous », scandent les manifestants

Après une accalmie qui aura duré le temps des vacances d’hiver, la manifestation hebdomadaire de la capitale reprend de plus belle. Malgré la défection de certaines parties attirées par le chant des sirènes du dialogue les rangs des marcheurs restent serrés et denses. 

Par un ciel gris et une pluie fine, ils arrivent dès 13h30 en chantant leur unité : les Algériens sont frères et l’Etat traître.

Ressassant leur désir de voir émerger un Eat civil, ils se promettent de persévérer pacifiquement jusqu’à l’éviction des militaires de la présidence. Ils fredonnent : « écoutez, écoutez Abane a laissé un testament, civil et pas militaire i.e. asam3ou asam3ou yanas Abane khala ousaia madania machi 3askaria.

Tout le long de la procession ils scandent : « ya hna ya ntouma maranach 7abssine » i.e. c’est soit vous, soit nous nous ne nous arrêterons pas. Ils dénoncent l’illégitimité du pouvoir et se promettent de continuer leur marche en chantant « rana contrekoum mlahdada lahdada ntouma l3issaba les preuves kain echood 3alayha na7ia nmout 3la chhada goulna l3isab trouh ya3ni trouh yahna yantouma » i.e. nous sommes contre vous de la frontière à la frontière, vous êtes un gang, il y a des preuves et des témoins on a décrété que le gang devait partir et il s’en ira, c’est soit vous soit nous.

A l’approche de yennayer (nouvel an berbère 12 janvier)ils répètent qu’Is sont des Amazighs et qu’ils le demeureront.

Les forces de police présentes en force se font huer à la rue Asselah Hocine après une grande bousculade, les jeunes policiers se font traiter de crève la faim et sont tenus pour responsables, comme les journalistes, des déboires des marcheurs. On demande au pouvoir de laisser Ali Belhadj prier et on se rappelle l’inénarrable Naima Salhi et sa détresse actuelle.

On chante : « ya lbaltagui nta chien enragé, belhamadi sraf a3lik, technic lvan est magnific, leblad tba3at , Tebboune frança , Naima hablat, lhlassou lekrassa i.e. hé baltagui, tu es un chien enragé, Belhamadi (le patron de Condor) a payé pour toi, votre technique d’esbrouffe est magnifique, Tebboune c’est la France et Naima est devenue folle, il n’y a plus de chaises(poste).

On crie sans interruption : « Assagas amaggas oualhirak rahou labas » i.e. bonne année et le hirak est en bonne forme. Jeunes pour la plupart ils sont conscients qu’ils ont la vie devant eux, et l’expriment à leur façon : « ndjibouha silmia 7ata odjihoum sakta 9albia » i.e. nous atteindrons notre objectif pacifiquement jusqu’à ce qu’ils s’éteignent un à un de crise cardiaque.

Tout en répétant que leur protesta se porte ben, ils se rendent compte que le tour n’est pas joué et que le système n’a ni évolué ni changé.

Le recours du Président actuel au bidouilleur national de constitution auquel avait fait appel en 2014 l’ex-Président est un indice important sur les réelles intentions des tenants de la décision.  La composition de ce gouvernement à 39 ministres ainsi que l’interpellation du journaliste Rachid Drareni en sont d’autres.

Le pouvoir persiste et signe tout en s’attelant à déployer tous les moyens afin de tuer ce mouvement dont l’énergie pourrait devenir la meilleure protection face à toute détérioration de la situation à nos frontières et un stimulant rare et miraculeux pour l’entame d’un développement durable. Les marcheurs savent qu’ils ne sont pas entendus, qu’ils ont fort à faire et ils s’y attellent. Patiemment. Courageusement.  

Auteur
Djalal Larabi

 




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